6.5/10Memories

/ Critique - écrit par Jade, le 30/11/2005
Notre verdict : 6.5/10 - Magnetic Rose (Fiche technique)

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Ce bon vieux Katsuhiro Otomo n'a pas fini de nous étonner. Toujours plein d'idées merveilleuses et intéressantes, le bonhomme est surtout responsable de l'un des plus grands séismes de l'histoire du manga, à savoir Akira. Son dernier film, Steamboy représente à la perfection la folie des grandeurs de ce visionnaire qui n'hésite pas à prendre part aux projets les plus fous de l'animation japonaise. Ainsi Metropolis, dont il est le scénariste, était le premier long métrage à mélanger trois techniques d'animation sur un même plan.

Memories date de peu après le film Akira. Il s'agit de trois moyens-métrages mis bout à bout, tous scénarisés par Otomo et mis en scène par un prestigieux réalisateur de l'animation japonaise. En plus de cela, tout un festival de noms prestigieux se talonnent à différents postes : Yoshiaki Kawajiri (Ninja Scroll, Vampire Hunter D : Bloodlust), Satoshi Kon (Tokyo Godfathers, Perfect Blue)... Un événement auquel tout amateur d'animation se doit d'assister, en somme. D'un autre coté, s'il suffisait de réunir une poignée d'hommes connus pour faire de la bonne qualité, ça se saurait. Qu'en est-il de Memories ? Hé bien, on pourra parler de bon et de moins bon dans cette oeuvre qui restera un travail mineur de l'animation japonaise.

Magnetic Rose est dirigé par Koji Morimoto (Macross Plus). Il raconte l'histoire d'éboueurs de l'espace qui découvrent au fin fond de l'espace, au centre d'un gigantesque champ magnétique, une énorme rose faite de débris de métal. En explorant l'intérieur de cette rose magnétique, deux des astronautes découvrent une salle d'opéra superbement décorée. Sans le savoir, ils ont pénétré dans les souvenirs d'une ancienne diva.
Magnetic Rose est très certainement le sketch le plus prometteur du tas. L'idée de base est superbe, et la bande originale signée Yoko Kanno bouleversante.
Pourtant, l'erreur semble venir de la mise en scène. Morimoto n'est pas plus mauvais qu'un autre (en témoignent certains plans très recherchés), mais la mise en forme d'une idée du calibre de celle qui est la base de Magnetic Rose n'était pas évidente du tout. Sur le papier, tout parait simple, mais donner une texture à ce concept n'a pas dû être de tout repos.
Et pour cause, Magnetic Rose est bien trop ordinaire dans sa forme pour pouvoir vraiment décoller. Le design, pour commencer, est bien trop classique, trop typique de l'animation japonaise pour réellement accrocher le spectateur. En conséquence, les personnages se retrouvent caractérisés par des stéréotypes simplistes. Chacun peut se définir par un seul qualificatif sans manque d'exhaustivité.
A partir de là, Magnetic Rose est un divertissement intéressant, parfois un peu touchant, mais certainement pas un chef-d'oeuvre. Ce qui est dommage, car la base du sketch aurait pu être source de quelque chose de très grand. De plus, la fin pourra en faire sourciller plus d'un tant elle part dans tout les sens.

Stink Bomb est le plus mauvais des trois moyens-métrages. Dirigé par Tensaï Okamura, ce sketch est beaucoup trop long, surtout vis-à-vis de son caractère insignifiant. Un fonctionnaire avale un cachet qui le transforme en boule puante humaine provoquant la mort de tout ceux qui s'en approchent. La police, l'armée, puis les américains eux-mêmes tenteront de l'arrêter.
Stink Bomb fait rire pendant cinq minutes, puis commence à se prolonger indéfiniment, faisant coup de théâtre sur coup de théâtre sans ne jamais s'arrêter. Long d'une bonne trentaine de minutes de trop, il n'est sauvé que par sa mise en scène fort sympathique, et des dialogues parfois hilarants.

Cannon Fodder est le sketch à retenir de Memories. C'est Katsuhiro Otomo lui-même qui le met en scène, et cela se voit. Racontant la vie quotidienne d'une famille dans une société isolée au milieu d'un désert et tournée vers la production d'obus visant à la destruction d'un ennemi invisible, ce moyen-métrage est absolument impressionnant en terme de mise en scène et d'animation. Chaque plan est tout simplement vertigineux, annonçant presque dix ans plus tôt le miracle visuel de Steamboy. Favorisant travellings et autres plans longs aux coupures sèches, ce sketch décrit avant tout une société totalitaire titanesque, avec ses mouvements de foule et ses énormes cannons. Tout cela non sans une petite touche humoristique, que l'on voit poindre notamment dans le design des personnages et les dialogues soulignant l'absurdité de la situation.

Memories est une idée sympathique du réalisateur d'Akira. Il est dommage de voir que Morimoto et Okamura n'aient pas su mettre en image à leur juste proportion les idées d'Otomo.