Princesse Mononoké - OST
Manga / Critique - écrit par Jade, le 28/01/2005 (Tags : mononoke ghibli hime eur princess princesse studio
Pour certains, Princesse Mononoké reste l'authentique chef-d'oeuvre de Miyazaki. Sa bande-son envoûtante y est certainement pour beaucoup. En effet, Hisaishi en est à son apogée créatrice, des mélodies en harmonie parfaite avec les décors enchanteurs et les titanesques affrontements entre hommes et dieux imaginés par le réalisateur. Ce sont les instruments à corde qui prédominent, tour à tour grandioses, mélancoliques ou violents.
Pour son pseudo dernier film, il semble bien que Miyazaki ait voulu marquer le coup. Le changement musical entre Porco Rosso et Princesse Mononoké fait figure de gouffre gigantesque. Il est vrai que pendant les trois années d'inactivité de Miyazaki, Joe Hisaishi alla batifoler à gauche à droite, notamment chez le réalisateur Takeshi Kitano, avec qui il gagne effectivement en maturité. Cependant, l'OST de Mononoké est tellement sombre par rapport aux travaux antérieurs du compositeur que l'on ne peut qu'être surpris par ce gain subît en profondeur.
Dès les premières notes, c'est l'idée du requiem qui saute à l'esprit. Cet aspect solennel et noir transparaît parfaitement dans le thème principal Legend of Ashitaka'. Pourtant, le compositeur reste dans une moindre mesure fidèle à lui-même, et c'est avant tout la beauté qui s'exprime à travers des pistes telles que The Journey to the West', où le thème principal est repris avec splendeur à la flûte notamment, sans pour autant vouloir s'affranchir de son ton grave et sombre.
Ce mélange donne une certaine grandeur, une réelle noblesse à la musique d'Hisashi, correspondant exactement à ce que l'on imaginerait être une ode à la nature. Ici, la beauté des paysages du film sont littéralement transcendés par la musique. On perçoit le silence inquiétant de la forêt des Dieux dans la piste éponyme, ou les contrées dévastées par Dame Eboshi dans les pistes Requiem'.
La musique ramène à l'esprit la beauté des décors, mais évoque aussi les sentiments des personnages. C'est avant tout la haine contenue par Ashitaka qui est superbement bien rendue dans The Young Man from the East', où des violons que l'on sent sur le point d'exploser accompagnent une variation du thème principal. Mais c'est aussi la souffrance et la tristesse de la nature, entre autres le personnage de la déesse Moro, qui s'expriment dans toute leur ampleur dans la chanson Mononoké Hime', l'hymne du film.
L'OST reste plutôt fidèle à elle-même sur les vingt premières pistes, si l'on excepte le très divertissant Kodama', et l'envoûtant chant des femmes des forges dans The Tatara Women Work Song'. C'est à partir de là que la musique se fait brusquement plus calme, moins emportée. Les tambours de Battle Drums' laissent à pressentir que la fin se rapproche, et que l'enjeu final est à portée de main. C'est cette impression que l'on retrouve plus loin dans Adagio of Life And Death', illustrant la scène où Dame Eboshi tente de tuer le Dieu-Cerf. Un crescendo de trompettes et violons s'interrompant soudainement, laissant place aux très dérangeant World of the Dead'. Des coeurs déformés y accompagnent la lente décomposition du Dieu décapité.
Le film se termine sur Ashitaka and San', où Hisaishi ressort (enfin !) son piano du tiroir pour nous jouer la plus belle piste du CD, une mélodie simple et puissante signifiant le renouveau de la nature, et le triomphe de l'amour sur la haine régnant jusqu'alors tout au long du film.
Tout simplement bouleversante, cette OST est d'une qualité assez proche de celle du dessin animé, ce qui n'est pas peu dire. Etonnant, quand l'on sait que Hisaishi remettra le couvert avec un succès similaire sur Chihiro...