Plaire à Tout Prix
Manga /
Critique
- écrit par juro, le 24/04/2007
Tags : tout prix plaire anno moyoco manga jeux
Elle a tout d'une grande. Non, de n'est pas la nouvelle Clio mais bien de Moyoco Anno dont il s'agit. La jeune mangaka se plante dans la veine des bons jôsei que Yayoi Ogawa et Erica Sakurazawa savent manier avec plus ou moins de succès selon les cas. Avec Plaire à Tout Prix, voici un ersatz masculin de Happy Mania avec un ton de comédie plus attrayant mais avec une perte de la description de l'attitude féminine face aux regards des hommes.
Salon de beauté
Plaire à tout PrixPas facile d'être un garçon timide et sans qualités physiques particulières dans un monde régi par l'apparence et la confiance en soi... Masao Komatsu, un lycéen transparent aux yeux des autres - et plus particulièrement ceux des représentantes du sexe opposé - en fait la douloureuse expérience, et serre les dents à chaque nouvelle remarque désobligeante qu'on lui fait. Mais bientôt tout cela prendra fin. Masao fait le grand saut et pousse les portes d'un salon de beauté pour hommes, le Beauty World et laisse ses propriétaires - trois homosexuels on ne peut plus exubérants - s'occuper de lui... Très vite le jeune homme est transformé et attire désormais les regards des femmes, des adolescentes aux femmes mariées. Rêvant de Noriko, jeune idole des lycées alentours, autant que de Sakura, sa camarade de classe ou encore Hiromi, qui lui fait le plus beau des sourires, Masao ne sait plus ou donner de la tête... Et pourtant il n'arrive toujours pas à concrétiser. Mais pour être vraiment beau ne faut-il pas tout simplement être bien dans sa peau ?
La question résume bien le manga à lui tout seul. Avec une bonne dose d'humour pas trop vu et revu, Moyoco Anno nous sert l'apprentissage de la vie d'un jeune homme complètement déboussolé. Sans tomber dans l'excès, cette comédie se montre immédiatement plaisante par son ton sans concession et ses surprises plutôt bien venues. Le héros se retrouve confronté à des situations piquantes dans lesquels son intégrité doit combattre son sex appeal ! Doit-il se laisser aller à la mode pour être regardé ? Doit-il paraître plutôt qu'être ? Sous ses allures bien convenues, le manga surprend et la mangaka dégage deux ou trois thèmes intéressants dans une bonne dose de rires. La comédie romantique fait son oeuvre et les femmes ne tardent pas à s'émouvoir pour mieux tourner en bourrique un protagoniste hilarant. Une surprise totalement inattendue et avec des côtés sympathiques. Pika a eu le nez creux.
Mini prix
Le manga possède une trame sensiblement similaire à celle de Happy Mania dans lequel la mangaka s'était révélée. Forte de son inspiration et son succès dans la comédie romantique montrant plus qu'un banal service et au profit d'une vraie histoire, Anno crée un manga plaisant, facile d'accès et qui se résume à un bon divertissement. S'il reste moins porteur d'un message que celui suscité, Plaire à Tout Prix montre un talent pour la comédie avec des éclats de rire assurés. Le côté faiblard de l'oeuvre réside dans le manque de renouvellement de situation, car si les faits vont de fil en aiguille, chaque dénouement est prévisible. Et Plaire à Tout Prix laisse apparaître une toile de fond fortement inspiré d'un triangle amoureux fort classique.
Moyoco Anno nous offre son trait caractéristique, se rapprochant grandement de celui de Ogawa (Kimi Wa Pet, Candy Life...). Les personnages peuvent apparaître difformes, en particulier les femmes avec des yeux et des bouches disproportionnés mais l'ensemble se montre intéressant car bien adapté au ton de la comédie. Les trois coiffeurs restent d'ailleurs les grands personnages burlesques de l'intrigue. Pour le reste, exagération des situations et SD font partie des propos à juste titre pour servir le manga comme il se doit.
Plaire à Tout Prix montre une ambition juste à son intérêt, une gentille comédie détendue avec ce qu'il faut pour rire et penser, sans abus. Si vous aimez, les autres jôsei sont pour vous, en particulier Happy Mania. Sinon, vous êtes un amateur de shônen... (la provocation, c'est moche mais c'est jouissif).