8.5/10Metropolis - le manga

/ Critique - écrit par Jade, le 26/10/2005
Notre verdict : 8.5/10 - ...Et le manga fut (Fiche technique)

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Metropolis... C'est pas un film par hasard ? Bien vu, il s'agit d'un des chefs d'oeuvres du cinéma expressionniste allemand. Mais ce ne serait pas un anime un peu plus récent aussi ? Tout à fait, c'est un super dessin anime réalisé par Rintaro et scénarisé par Katsuhiro Otomo en personne au sommet de sa forme. Un lien quelconque à part le titre ? Bah oui, bien sûr, et ce lien peut se résumer en une simple oeuvre sortie à la fin des années 1940, et portant elle aussi le nom de Metropolis.
Metropolis
Metropolis
Trois Metropolis, ça commence à faire un peu beaucoup, me direz-vous. Minute, l'explication arrive. A la sortie du film de Fritz Lang, Osamu Tezuka, encore simple dessinateur parmi tant d'autres, tombe sur des images du film, ce qui lui servira d'inspiration pour son oeuvre éponyme. Pour faire taire les mauvaises langues, sachez que Metropolis-film et Metropolis-manga n'ont, à part quelques décors et plans, strictement rien à voir ensemble. La où le film de Fritz Lang pêche par un fond assez décevant en comparaison avec son esthétique révolutionnaire, Tezuka peut se vanter de nous avoir sorti une sympathique nouvelle fort intelligente, d'une simplicité que l'on retrouve dans toute son oeuvre. C'est d'ailleurs pour cela que Rintaro et Otomo se tourneront vers Metropolis (tout en piochant un peu dans l'autre Metropolis histoire d'ajouter des éléments spectaculaires) pour rendre hommage au créateur de la bande dessinée japonaise dans un réel chef-d'oeuvre futuriste et apocalyptique.

L'Homme, plus belle réussite de l'Evolution, en est arrivé à un point décisif. Son développement à atteint son maximum, et il est scientifiquement capable de créer la vie. Un brigand notoire, le Duc Rouge, séquestre le docteur Lawton et le force à créer un robot surpuissant, qui serait doué de sentiments humains. Le scientifique arrive à créer un petit Mitchi, robot qui se croit humain et qui a un visage de statue romaine. Soustrait au Duc Rouge, il va vivre une vie de petit garçon, jusqu'à ce que l'être malfaisant tente de le récupérer. Mitchi sera alors confronté à la folie humaine.

Avec Metropolis, c'est un pilier de la culture manga qui naît. Cette question récurrente du danger et du bien-fondé de la science, l'énigme constante du robot doué de sentiments, la peur d'un futur dévasté par le nucléaire... Voila ce que l'on retrouve dans le Metropolis de Tezuka, et qui régnera sans appel dans la culture dessinée japonaise jusqu'à un certain Evangelion.
Un texte très dense, donc, que ce Metropolis, peut-être un peu tortueux au niveau de la narration, mais au final très bien mené. Les amateurs de l'anime regretteront certainement la légèreté ambiante et la morale à peine appuyée. C'est ne pas connaître Tezuka, roi de la subtilité et de la nuance, un exemple à suivre pour la majorité des animes et mangas d'aujourd'hui, où l'explicite bien lourd et la philosophie "couche de plâtre" est de rigueur.

Une histoire sympathique, donc, qui se lit sans faiblesse, aux dessins expressifs et à la mise en page ingénieuse. Soixante ans ne sont pas venus à bout des dessins de Tezuka, qui viennent même avec une certaine fraîcheur, bien qu'ils soient peut-être un peu trop innocents par rapport aux standards d'aujourd'hui.
Peuplé de caricatures parfois un peu osées (les chinois, les français (!!) et même Mickey Mouse y passent), et de personnages au caractères forts, Metropolis est aussi un manga où le comique est omniprésent, et les scènes dramatiques gentiment éthérées, le propos se suffisant amplement à lui-même.

Orientant de manière significative toute une culture pour les cinquante années à venir, Metropolis est un mythe de la bande dessinée, qui inspirera aussi à son auteur le non moins mythique personnage d'Astro Boy à son auteur. Le manga en lui-même est intelligent, drôle, presque anodin, ce qui explique certainement qu'il n'ait pas la notoriété d'un Akira, par exemple.