Fullmetal Alchemist - la série
Manga / Critique - écrit par juro, le 19/02/2005 (Tags : fullmetal alchemist episodes manga coffret animation dvd
Fullmetal Alchemist est un anime qui sent le shônen à plein nez. Successeur de Noir dans la grille de Canal +, c'est jusqu'à aujourd'hui celui qui s'adresse le plus à un jeune public depuis les débuts de la Kaz. Avec des valeurs positives, on ne pouvait en attendre moins d'un anime au succès fulgurant chez les jeunes adolescents. Bones (Cowboy Bebop, Wolf's Rain, RahXéphon...) explore un nouveau terrain et force est de constater que le studio n'a toujours pas trouvé le digne successeur de son anime fétiche... même si celui-ci se révéle avoir des qualités inespérées. Tiré du manga éponyme d'Hiroaki Arakawa (Hagane no Renkin Jutsushi), voici une série composée de cinquante et un épisodes qui alterne entre le bon et le juste moyen avec l'équipe de Scrapped Princess aux commandes...
Les enfants de Lavoisier
« Rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme ». La célèbre formule du chimiste français est l'hypothèse de départ de Fullmetal Alchemist et de son principe d'équivalence. Une autre citation dit : « On ne peut rien obtenir sans faire de sacrifices. On doit offrir un objet d'une valeur équivalente pour obtenir ce que l'on veut. C'est le principe de l'équivalence en alchimie. Nous pensions qu'il s'agissait de la loi qui régissait le monde quand nous étions jeunes ». Les auteurs en sont les Elric et leurs destins vont en être à tout jamais bouleversés...
1910, dans un espace semblable au nôtre à l'époque. Les deux frères Elric, Edward l'impulsif et Alphonse le timide, ont commis l'irréparable en essayant de ressusciter leur défunte mère. En brisant l'interdit, ils ont irrémédiablement subi les conséquences en perdant, en totalité ou en partie, leurs enveloppes corporelles. Ed se retrouve amputé de deux membres alors que seul l'esprit d'Al a survécu et a été transmuté dans une armure. Cette désastreuse expérience n'a pas laissé indifférents les Alchimistes Nationaux et en particulier Roy Mustang qui n'hésite pas à leur proposer de retrouver leur apparence à deux conditions : rentrer à la solde de l'armée des Alchimistes Nationaux et mener des recherches pour retrouver la pierre philosophale. Une offre qui ne se refuse pas...
A la recherche de la pierre philosophale
Les épisodes sont dans le plus pur style shônen avec une succession d'aventures initiatiques auxquelles vont se mêler les passés des Elric et entre autres : la recherche de leur père disparu, les affrontements avec les sept mystérieux Homoncules, au nom des sept pêchés capitaux, le sort de la ville d'Ishbal incarnée par le terrifiant Scar ainsi que la quête de la pierre philosophale. Classique... mais l'intrigue évolue en bien par la suite avec une dimension plus dramatique tout en restant largement confinée dans les limites du genre. La capacité des héros à utiliser l'alchimie, c'est-à-dire transmuter des objets en d'autres plus utiles en fonction des situations, permet de donner une dimension fantastique mais c'est aussi une source de facilité pour le scénario à renouveler les situations. Même si quelques surprises l'agrémentent allégrement, le potentiel de Fullmetal Alchemist ne réside pas tellement dans le scénario mais dans son couple de personnages au destin tragique.
Al et Ed débordent de sentiments fraternels mais ce n'est pas ce qui les rend charismatiques. Ce sont plutôt leurs différences qui les unissent, les deux frères sont l'antithèse l'un de l'autre et comme l'anime ne cesse de le marteler : le principe de l'équivalence régit la loi de ce monde. D'ailleurs, tout l'anime suit le principe de l'équivalence si bien que 2' pourrait être le chiffre de Fullmetal Alchemist car les binômes sont fréquents. Pourtant, certains passages n'ont rien du shônen en empruntant un ton plein de tension et revêtant une dimension plus adulte. Au rayon de ces surprises, des personnages importants disparaissent abruptement, sans crier gare, ce qui relance considérablement l'intérêt d'aventures pas toujours folichonnes. Par contre, n'ayant plus aucun rapport avec l'original, la légende de la pierre philosophale est complètement détournée avec un but plus « shônen », l'augmentation du pouvoir d'alchimiste, ce qui fait perdre pas mal d'intérêt à la quête principale.
L'animation et le chara design sont assez classiques, l'OST est assez commune, l'environnement dans lequel évoluent les personnages est travaillé à sa juste valeur avec une flopée de couleurs aux tons claires dans sa grande majorité. Les situations comiques avec des passages en SD marchent une fois sur deux, par contre la surprise vient du côté dramatique que revêt l'oeuvre. Les débuts gentillets ne doivent pas faire oublier les moments de doute et de peur des héros qui deviennent assez prenants, une ascension de la tension qui atteint son apogée à partir de la vingtaine d'épisodes visionnés avant de retomber. Fullmetal Alchemist n'est pas un progrès technique dans l'animation mais parvient à être tout de même très regardable.
Un anime convenable qui permettra à Canal + de fixer l'attention du public pour 51 tranches horaires avec des épisodes dont la qualité reste constante mais dont le scénario fait parfois preuve de faiblesse. Pourtant, les surprises viennent égayer un anime et relancer l'intérêt après une vingtaine d'épisodes. Déjà culte pour certains, Fullmetal Alchemist reste simplement bon, sans plus. Lavoisier peut dormir tranquille...