Fullmetal Alchemist - le manga
Manga / Critique - écrit par Djak, le 08/09/2005 (Tags : alchemist fullmetal manga tome arakawa hiromu edward
Au final, Fullmetal Alchemist est un shônen de qualité, assez original pour redonner envie aux blasés du genre. Mais à ce sujet, à quoi bon encore le dire, vu le succès de l'anime
Les enfants de Lavoisier
« Rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme ». La célèbre formule du chimiste français est l'hypothèse de départ de Fullmetal Alchemist et de son principe d'équivalence. Une autre citation dit : « On ne peut rien obtenir sans faire de sacrifices. On doit offrir un objet d'une valeur équivalente pour obtenir ce que l'on veut. C'est le principe de l'équivalence en alchimie. Nous pensions qu'il s'agissait de la loi qui régissait le monde quand nous étions jeunes ». Les auteurs en sont les Elric et leurs destins vont en être à tout jamais bouleversés...
1910, dans un espace semblable au nôtre à l'époque. Les deux frères Elric, Edward l'impulsif et Alphonse le timide, ont commis l'irréparable en essayant de ressusciter leur défunte mère. En brisant l'interdit, ils ont irrémédiablement subi les conséquences en perdant, en totalité ou en partie, leurs enveloppes corporelles. Ed se retrouve amputé de deux membres alors que seul l'esprit d'Al a survécu et a été transmuté dans une armure. Cette désastreuse expérience n'a pas laissé indifférents les Alchimistes Nationaux et en particulier Roy Mustang qui n'hésite pas à leur proposer de retrouver leur apparence à deux conditions : rentrer à la solde de l'armée des Alchimistes Nationaux et mener des recherches pour retrouver la pierre philosophale. Une offre qui ne se refuse pas...
Metal & femme : une sombre et originale alchimie.
Fullmetal AlchemistSi le prénom de l'auteur n'a pas de sonorité féminine chez nous, le manga prouve bel et bien que l'auteur est UNE mangaka. Exception dans ce milieu, tout du moins en ce qui concerne le marché français, car à part Rumiko Takahashi (Ranma ½ , Urusei Yatsura, Inu Yasha...) Hiromu Arakawa fait figure d'extra-terrestre. Si sur la jaquette cela ne saute pas aux yeux que Hiromu Arakawa est "une", de nombreux points dans son manga nous le démontrent. Tout d'abord, l'histoire de Fullmetal Alchemist est bourrée de cases, pages très typées shôjo. L'humour dissimulé dans de nombreux recoins, que ce soit dans l'attitude d'Ed toujours raillé sur sa taille ou encore dans des personnages secondaires hilarants (Armstrong pour ne citer que lui), rappelle à chaque instant le sexe de l'auteur. Les dialogues entre les deux frères sont l'occasion dans rajouter une couche car leur apparence est bien souvent en décalage avec leur maturité. N'oublions pas que les deux troublions ont moins de seize ans.
A ce sujet « petite » parenthèse pour aborder un des points forts essentiel de Fullmetal Alchemist : la facilité de l'auteur à changer de ton dans son oeuvre sans rendre incohérent son histoire ni créer de rupture. Entendez par là que derrière les premiers chapitres au ton léger, la série au fil des tomes se teinte de violence, de cruauté et d'hémoglobine. Le monde de Fullmetal Alchemist est en fait sombre comme nous l'a préfiguré le flashback sur l'enfance des frères Elric. Le monde de l'alchimie ne nous paraît alors plus tout rose, la frontière avec l'obscurantisme est proche. Hiromu Arakawa intrigue parfaitement le lecteur. Le changement est appréciable et permet au titre de sortir du lot. Encore une fois, rares sont les shônen à développer des thèmes plus adultes et plus profonds. Certains mettent en place des métaphores pour dénoncer quelques problèmes de société ou de l'enfance comme l'exclusion par exemple. Mais peu en font un des atouts de leur série. Les remises en question de nos héros sont légions et eux-mêmes comme bon nombre d'alchimistes d'Etat agissent en marge de la loi voir en toute illégalité. Tous les moyens deviennent alors bon pour arriver à leur but : en l'occurrence ici retrouver la pierre philosophale pour corriger les erreurs du passé. Ainsi, l'ambiance débridée très shôjo tombe rapidement dans la tragédie.
Fermons la « petite » parenthèse pour nous replonger dans les particularités de Hiromu Arakawa et cette fois-ci : son style graphique. La mise en page est claire et dynamique. Peu originale, elle a le mérite d'être parfaitement adaptée à ce genre de série. Peu de tramage dans Fullmetal Alchemist mais en revanche l'auteur est friande des dessins en SD très « kawaï », dessins qui servent justement à coder les scènes humoristiques.
Full Metal Jacket
Pour cette première série, le travail de Kurokawa se situe dans la moyenne. Passons sur la polémique autour du logo un peu gros, pour nous concentrer sur le côté technique de cette édition. La traduction est remarquable et fait honneur à la série (rien à voir avec la VF de l'anime faite par Canal+). Le papier utilisé est de qualité, pas trop transparent, ni trop rigide. En revanche, on remarque quelques défauts d'encrage sur certaines pages et la jaquette manque d'un petit quelque chose. Rien de bien méchant, quelques détails à régler qui, espérons-le, seront réglés dans les prochains tomes à paraître.
Au final, Fullmetal Alchemist est un shônen de qualité, assez original pour redonner envie aux blasés du genre. Mais à ce sujet, à quoi bon encore le dire, vu le succès de l'anime... Qui ne connaît pas déjà au moins cette série de réputation ? En tout cas, le manga ne décevra aucun fan du dessin animé.