5/10Overman King Gainer - la série

/ Critique - écrit par Kei, le 29/12/2006
Notre verdict : 5/10 - Overman, Nanabozo... même combat ? (Fiche technique)

Tags : gainer overman king manga nakamura yoshiyuki tomino

Si le nom de Tomino éveille sans doute moins d'intérêt chez vous que celui d'Otomo, c'est uniquement parce que cet homme est bien moins médiatisé. Pourtant son travail a eu au moins autant d'importance que celui du créateur d'Akira, puisqu'il est à l'origine de la série des Gundam (Mobile Suit Gundam) l'autre grande série de mecha, avec celle des Macross. Le monsieur n'en est pas à son coup d'essai puisqu'il a travaillé auparavant sur Astro Boy, aux côtés du dieu Tezuka, et il n'a pas chômé depuis, comme en témoigne la très longue liste de ses travaux que l'on peut trouver sur Internet. Le monsieur nous revient avec un nouvelle série, toujours sur le thème des mecha, mais bien moins sérieuse : Overman King Gainer.

Il y a 2500 ans de ça vivait sur Terre une civilisation étant allée trop loin. La technologie, qui leur avait apporté tous les bienfaits dont ils jouissaient, avait dans le même temps détruit la planète. Dans une grande prise de conscience, les hommes décidèrent de s'exiler là où la Terre n'avait rien à leur offrir, dans les contrées gelées de la Sibérie, pour laisser à la planète le temps de se régénérer. Les hommes ont alors créé des cités-dômes dans lesquelles ils peuvaient vivre à l'abri des intempéries. Seul problème : la rigueur de leur environnement naturel rend ces cités (les domepolis) totalement dépendantes de la société des chemins de fer sibériens. Ceux-ci sont les seuls capables d'approvisionner les domepolis en énergie, nourriture, vêtements. Bref, en tout. Une situation de monopole dont ils usent et abusent, ce qui pousse certains à tenter un exode audacieux : se soustraire à cette autorité totalitaire pour fuir vers des contrées plus amicales.
Malheureusement pour tous ceux qui songent à se lancer dans l'aventure, l'exode est interdit et réprimandé. Il est même interdit d'y penser et d'être en sa faveur. La police chargée de faire respecter cette loi fait d'ailleurs beaucoup de zèle et à tendance à faire quelques erreurs (mais mieux vaut prévenir que guérir, non ?). C'est ainsi que Gainer, lycéen de son état et champion de jeux vidéos à ses heures perdues, se retrouve en prison. Il y rencontre Gain, leader de l'exode multirécidiviste qui a tôt fait de l'embarquer avec lui à la direction du plus gros des exodes jamais réalisés.

Un bien beau scénario, non ? L'univers est cohérent, intéressant et il a de quoi plaire. Du moins sur le papier. Une fois porté à l'écran, tout ceci devient très secondaire. Les événements s'enchaînent trop vite, trop simplement pour que l'on puisse y croire ne serait-ce qu'une seconde. On ne me fera pas croire qu'un otaku replié sur lui-même puisse devenir en un claquement de doigts un des leaders d'une révolution gigantesque, ni qu'il puisse être un pilote d'exception pour un mecha juste parce que ça ressemble à ses jeux video. Tout est trop téléphoné, trop "à l'emporte pièce". C'est tout particulièrement vrai dans les deux premiers épisodes. Ceux-ci sont censés mettre en place l'univers et l'histoire, présenter les personnages et leurs interactions. On est noyé sous un déluge d'informations dont ne retiendra pas grand chose, si ce n'est que les méchants ont des uniformes militaires vert et que les gentils ont des uniformes marrons qui rappellent ceux de Nausicaa. Pour tout dire, tout est tellement improbable en ce qui concerne les personnages qu'on ne prête plus qu'une attention très légère aux absurdités techniques comme l'arrêt du temps pour une petite zone géographique. Et puis le ton trop peu sérieux permet de ne pas trop se focaliser sur ce genre de détails. Attention, ne croyez pas pour autant qu'il s'agisse d'une série comique. Le ton est léger, pas drôle. Il n'y a pas de gags ni de blagues dans cet anime, juste un manque de profondeur assumé.

Malheureusement, ce manque de profondeur devient très vite une tare. Les deux premiers épisodes étaient trop fouillis, mais les suivants deviennent beaucoup trop carrés. Ils suivent exactement le même modèle. On parle des problèmes internes, ou bien de la vie pendant l'exode, pendant la première moitié de l'épisode et la seconde est consacrée à une attaque du super méchant et de son nouveau mécha rempli d'armes interdites, qui sera défait à la fin par le gentil et son mécha qui lui suit les règles du jeu. A propos des mécha, on remarque qu'aucun d'entre eux ne dispose de ceintures de sécurités, ce qui est plutôt bête pour une machine qui secoue beaucoup. On ne compte pas le nombre de fois où le héros vient s'écraser sur ses instruments de contrôle à cause d'un choc. Il semble aussi qu'aucun d'entre eux ne soit pourvu de hauts parleurs, ou plutôt qu'ils marchent par intermittence. Les pilotes sont apparemment obligés d'ouvrir leur cockpit pour pouvoir se parler (et accessoirement, bien expliquer leur stratégie à l'adversaire, au cas où ils ne pourraient pas la voir assez clairement). On passera rapidement sur le fait que le héros a ainsi eu une dizaine d'occasions de tuer son adversaire très facilement mais qu'il n'en a jamais profité. Une aberration de plus.

Les choix graphiques viennent d'ailleurs totalement soutenir cet aspect. Les mecha standard sont d'un très grand classicisme, mais ceux ayant une vraie importance sont très... bariolés. Entre l'Overman (nom donné ici aux mecha, comme les Guymélef dans Vision d'Escaflowne) faisant penser à un lapin et celui qui évoque une grenouille, on sent que la légèreté du propos n'est pas que le fruit du hasard. Le premier épisode fait aussi apparaitre une armure qui pourrait très largement remplacé la plug suit de Rey en haut de la liste de fantasmes pour otaku. Les personnages eux sont tout à fait quelconque. Ils n'ont aucune profondeur, aucune originalité, que ce soit dans leur personnalité ou leur aspect. Rien de choquant, mais rien de remarquable. C'est d'autant plus dommage que les artworks que l'on aperçoit dans le reportage bonus montrent que le graphisme des personnages comme ceux des villes ont été bien plus recherchés que ce qu'on ne pourrait croire.

Seul bon point du coté artistique : les musiques. Si on excepte les génériques, toutes les musiques sont très réussies. On prendrait presque du plaisir à les écouter en dehors de l'anime. du très bon travail, malheureusement trop peu mis en valeur par cette série.

Le DVD vient dans un packaging plutôt agréable : le boîtier est glissé dans une jaquette cartonnée pour notre plus grand plaisir. Les bonus sont peu nombreux. On doit se contenter d'un diaporama d'artworks et d'un reportage. Les menus sont basiques, et on s'énerve un peu lorsque l'on doit attendre la fin des animations pour passer d'un menu à un autre. On s'énerve d'autant plus que la musique de fond est très irritante. Il s'agit d'une extrait d'un des deux générique, passé en boucle. D'un extrait court. Je vous laisse imaginer le tableau. Coté son, on a droit à une piste audio en japonais, et une en français. Le doublage est correct, sans plus. On regrette seulement que tous les personnages, indépendamment de leur âge aient une voix aussi jeune.

Overman King Gainer n'est pas une bonne série, loin de là. Cependant, une fois passés les deux premiers épisodes, on arrive à ne plus s'offusquer de toutes les maladresses. Peut être que la suite de l'aventure réussira à créer un peu d'intérêt chez le spectateur, mais au vu de ce premier DVD, rien n'est moins sûr.