4/10Alice 19th

/ Critique - écrit par aonako, le 17/12/2005
Notre verdict : 4/10 - Plutôt dernière que 19ème (Fiche technique)

Tags : alice tome watase yuu livre manga mangas

Alice 19th est un titre qui sent bon le renouveau Watase à première vue. La couverture donne un petit ton différent, avec une héroïne banale à la place de l'habituel couple larmoyant dont on a trop souvent eu droit... Mais à première vue seulement.

Alice 19th est un titre qui sent bon le renouveau Watase à première vue. La couverture donne un petit ton différent, avec une héroïne banale à la place de l'habituel couple larmoyant dont on a trop souvent eu droit. Et les thèmes dominants du manga sont appétissants aussi. Yuu Watase décide de traiter dans sa nouvelle série de l'importance de la communication dans la société actuelle et donc du pouvoir des mots. Mélangé à un petit brin de Lewis Carroll en plus, ça ne gâche rien. Original, on attend donc avec impatience de voir ce que ça donne.

Alice 19th
Alice 19th
Le manga Alice 19th porte le nom de son héroïne, une lycéenne de première année timide et qui a un mal fou à communiquer. D'un physique (trop) classique, d'une personnalité plutôt faiblarde, peu populaire au lycée, elle n'a ainsi aucune confiance en elle. Elle préfère donc communiquer par messages via son téléphone portable. Sa soeur Mayura, d'un an son aînée, est son opposé diamétral : elle est belle et extravertie, par conséquent elle fait en quelque sorte partie des "célébrités" de son lycée. Et est la chouchoute inavouée de leurs parents. Mais malgré leurs différences respectives, il y a une chose que les deux soeurs partagent. Leurs sentiments pour le ténébreux Kyô Wakamiya. Seulement, si Alice garde ses sentiments secrets aux yeux de tous, et particulièrement de ceux de l'intéressé, Mayura elle, ne tardera pas à aller faire sa déclaration à ce bellâtre. Seulement voilà, tout ne va pas se passer comme elle l'espérait. Et oui, Mayura ne le savait pas mais il n'y a pas que Sailor Moon dans la vie ! Sa petite soeur est elle aussi devenue une magical girl, et comme Alice n'est pas contente du tout, elle expédie direct Mayura dans les ténèbres et on n'en parle plus ! Au lieu d'en profiter et d'aller roucouler paisiblement avec Kyô puisque la voie est libre, Alice culpabilise et cherche désespérément sa grande soeur. Comme Ténèbre City ne figure sur aucune carte, ça facilite franchement pas la tâche. C'est pour cela, qu'Alice devra apprendre à maîtriser son pouvoir, le "Lotis", les mots sacrés qui ouvrent les portes du coeur de chacun. Ces portes sont aussi appelées "l'inner heart" et c'est le lieu où les Lotis Master oeuvrent pour libérer le coeur humain de ses souffrances. Alice sera aidée et guidée dans sa quête par Nyozéka un être indéfinissable, à la fois lapine, fille-lapin et peluche lapin. Passons. Nous avons ici affaire à un Yuu Watase donc il nous manque quoi indéniablement ? Un triangle amoureux. C'est pas parce que Mayura est temporairement hors circuit qu'il faut oublier la base de tout bon shôjo qui se respecte. Et un bel apollon à tôt fait de débarquer, sous les traits d'un charmant scandinave, Frey Wilhazen. Lui aussi Lotis Master, il convoite bien sûr Alice qui ne sait plus où donner de la tête à présent. Mais ça tombe bien car Kyô est lui aussi un Lotis Master alors là, ça rigole plus du tout du tout. Bref, c'est ce quatuor de fortune qui décide de sauver Mayura des ténèbres qui la rongent à feu doux, et comme on le devine bien, c'est pas gagné d'avance.

Et voilà, Yuu Watase prouve encore une fois que malgré de bonnes idées, le rendu final est décevant. Heureusement, la qualité du trait est une fois de plus au rendez-vous avec un souci évident de se renouveler. Malheureusement, elle nous ressort encore une fois le beau brun ténébreux qui donne un goût de déjà vu. Et même si Frey le beau blond a fait chavirer le coeur de toutes les japonaises, Alice s'en fiche et on sait très bien qu'elle ne changera pas d'avis. Une héroïne digne d'un shôjo n'aime véritablement qu'un seul garçon durant toute sa vie pas deux ! Et comme par hasard, le premier est le bon. Bref, Alice 19th, c'est encore une histoire d'amour sur fond de décor fantastique, au détriment de l'intrigue. Le contraire aurait été plus intéressant mais non, un shôjo c'est avant tout des sentiments mièvres, que voulez-vous... Pourtant, il ne manquait pas grand-chose à Yuu Watase pour faire de son Alice 19th un classique. Déjà supprimer le côté magical girl avec apparition de tenues de combats, c'est un fait évident. Ensuite, comprendre une bonne fois pour toutes que l'amour, même dans la vie d'une adolescente, n'est pas la priorité principale de son quotidien. Et donc faire passer les histoires de coeur au deuxième, voire troisième plan aurait été plus que judicieux. Si l'auteur s'était concentrée d'avantage sur l'aspect d'accomplissement de soit, propre au genre shônen d'ailleurs, par la quête des mots sacrés du Lotis dans le seul but de sauver quelqu'un, le tout aurait peut-être donné un manga de qualité.

L'exception confirmant la règle, ce n'est pas Tonkam qui récupère les droits du titre Watase mais Glénat cette fois. Ce changement résulterait semble t-il d'un quiproquo entre les éditeurs français et japonais. Les fans redoutaient donc la sortie d'Alice 19th de peur d'un massacre du nouvel éditeur. Et bien non, Glénat tient ses promesses et nous présente une édition de qualité en apportant un soin tout particulier à conserver les couvertures originales. Le papier est d'un blanc immaculé, toujours pour ravir les yeux. Quant à la traduction, elle est correcte et l'adaptation passe parfaitement inaperçue. Du bon travail de la part de Glénat qui enrichit par la même occasion sa collection shôjo.

Pour la première fois, on peut remarquer que les fans ne suivent pas leur auteur favorite dans l'aventure. Alice 19th déçoit qu'on soit inconditionnel ou non du style Watase. Le nombre de tomes et la fin désastreuse sont là pour le prouver et si Alice 19th a dépassé le cap des cinq tomes, c'est uniquement grâce au nom de la mangaka. Ceux qui n'ont pas été encore dégoûtés du sempiternelle shôjo 100% eau de rose y trouveront peut-être leur compte. Et encore...