5/10Fushigi Yugi

/ Critique - écrit par aonako, le 27/12/2005
Notre verdict : 5/10 - Fushigi Yu Gi (vole pas) Oh! (Fiche technique)

Tags : fushigi yugi watase tome manga yuu album

Quelqu'un pourrait-il m'expliquer pourquoi le manga en question s'appelle Fushigi Yugi - un jeu étrange alors qu'il n'est en aucun cas question d'un quelconque jeu dans l'histoire ? J'ai loupé un truc ou quoi ? Non, mais parce qu'il me semble que dans l'histoire on parle plutôt d'un livre, n'est-ce pas? Donc, quelque chose comme "Fushigi Hon - un livre étrange" ce serait pas mieux ? Ah, on me glisse dans l'oreillette que je m'éloigne du sujet et qu'il serait temps de commencer ma critique...

Fushigi Yugi
Fushigi Yugi
Bien, bien, bien. De l'avis général, Fushigi Yugi est un chef-d'oeuvre et mérite sans conteste la première place au panthéon des mangas shôjo. C'est une révolution, un petit bijou que nous propose les éditions Tonkam auxquelles nous devrions dresser un temple pour nous avoir offert cette petite perle de délicatesse. Il faut croire que je ne fais pas partie de "l'avis général". Et oui, avouons-le sans détour : je n'aime pas Fushigi Yugi et Fushigi Yugi me le rend bien. Je fais même pire. Je passe à côté de toute la subtilité que dégage cette oeuvre dantesque et en plus, je ne m'en repends même pas. Inutile de me proposer un bon médecin ou une maison de repos, je vous assure, je me porte très bien. Allez, et pour vous prouver ma bonne foi, je vais même vous faire un joli petit résumé pour vous donner envie.

La vie est trop dure pour Miaka Yûki. Et oui, nous, petits français avons bien de la chance de nous contenter d'un bête brevet des collèges car elle, notre héroïne, doit préparer les terribles examens d'entrée au lycée. Et comme si ça ne suffisait pas, sa vilaine maman, elle veut que Miaka entre dans le plus prestigieux des lycées de Tokyo. C'est vraiment
horrible de souhaiter le meilleur pour son enfant. Notre jeune héroïne se sent donc incomprise, et ça n'a rien à voir avec le fait qu'elle ait quinze ans, n'allez pas croire! Avec une vie comme celle de Miaka, on repense à deux fois à nos propres malheurs et on compatit bien bas. Ainsi, nous comprenons fortement l'envie de Miaka de tout plaquer, de quitter ce monde etc, etc...
Ce triste phénomène est malheureusement typique de l'adolescence et de plus en plus de jeunes japonais ont recours à cette solution de l'extrême. Non, non, je ne vous parle pas ici de suicide ! Il existe une autre alternative à ce douloureux problème existentiel. Si, si ! Et Miaka, la petite maline l'a trouvé bien avant vous ! Je vous présente donc en exclusivité le fameux livre magique Les écrits des Quatre Dieux du Ciel et de la Terre. Testé et approuvé par des milliers de lecteurs. Il résoudra tous vos problèmes quels qu'ils soient. Tout d'abord, vous entrerez dans un nouveau monde où y'a pas d'examens et pas d'école non plus. En plus, vous vous retrouverez instantanément avec une tripotée de prétendants à vos pieds, tous plus beaux les uns que les autres. Niveau professionnel, vous vous épanouirez pleinement en devenant la sauveuse de ce monde sous le nom de "prêtresse de Suzaku". Néanmoins, tout ne sera pas toujours rose. Vous vivrez une histoire d'amour tragique et le sort de ce monde dépendera de la force de vos sentiments. Attention, car il y aura aussi des ennemis, tout plein d'ennemis. Des méchants. Des vrais. Des méchants méchants en fait. Mais nous avons confiance en vous : vous les vaincrez!

Bon allez, j'arrête le massacre ici. Fushigi Yugi mérite en effet d'être placé au sommet, mais seulement de la miévrerie, domaine dans lequel le manga excelle particulièrement. Avec bien sûr, une jolie mention à l'héroïne Miaka qui se résume au simple mot très éloquent : cruche. Notons que si le héros typique du shonen est souvent goinfre et un brin benêt, il n'a plus à avoir honte comparé à Miaka. Je l'avoue tout de même, l'idée de base de Fushigi Yugi était pourtant bonne, voire excellente. Une trame sur un fond de mythologie agrémenté d'un soupçon de magie, le tout se déroulant dans un décor de Chine antique, on ne peut nier la recherche d'originalité de l'auteur (du moins pour l'époque). Le défaut n'est pas vraiment l'histoire mais les personnages et les situations comme vous l'avez compris je l'espère. Les Feux de l'Amour à côté de Fushigi Yugi, c'est gentillet. Bien qu'une palette de personnages répondent à l'appel dans Fushigi Yugi, tout tourne autour de Miaka et de l'élu de son coeur, Tamahome. L'auteur nous offre alors une surenchère de drames qui émouvra une majorité, tandis que d'autres en riront de bon coeur. Pas de chance, je fais partie de la seconde catégorie. Quant à affirmer que Fushigi Yugi, peut-être lu par tous, âge et sexe confondus, j'en doute vraiment. Ce titre fait appel à la sensibilité féminine et touche le point sensible des rêveuses que nous sommes et il est bien facile de se faire avoir. Pour réussir un si joli coup, c'est à se demander si Yuu watase est chanceuse ou bien si elle est très maline.

Ce qui sauve Yuu Watase de mon estime, c'est son dessin. Et je ne vais pas être avare de compliments, promis. La mangaka
commence en effet très jeune sa carrière de mangaka sans avoir été au préalable assistante et malgré un trait encore hésitant au début de Fushigi Yugi, le tout reste très honnête et tend à se peaufiner visiblement de volume en volume. Les corps sont plutôt bien proportionnés, elle ne mise pas sur l'exagération du style filiforme mais joue d'avantage avec les rondeurs et les détails ce qui donne vie et consistance à ses personnages. Les sentiments passent parfaitement à travers les planches, cela va des yeux très expressifs au choix du fond pour donner l'ambiance en passant par le découpage des planches. Les illustrations couleurs sont très agréables à l'oeil tout en finesse et en dégradé, avec une nette préférence pour les dominantes de bleu ou de rose.

Avec des dessins d'une telle qualité, on regrette la platitude scénaristique qui manque cruellement de piquant. Yuu Watase a très certainement contribué avec les années à améliorer nettement les poncifs et clichés du genre shôjo et il n'y a vraiment pas de quoi la remercier.