Saint Seiya G
Manga / Critique - écrit par Djak, le 28/02/2005 (Tags : seiya saint episode manga assassin volume tome
Presque 20 ans après le commencement du manga Saint Seiya, voilà enfin que se lève le voile sur la partie la plus obscure des chevaliers : la jeunesse des chevaliers d'or.
En route pour une nouvelle saga
Saint Seiya GGrèce, le sanctuaire : domaine de la déesse Athéna dirigé par le Grand Pope. Aiolos, chevalier d'or du Sagittaire fuit emportant dans ses bras un bébé, la réincarnation de la déesse Athéna. Celle-ci vient juste d'échapper à la tentative d'assassinat orchestré par le Grand Pope. Aiolos paye de sa vie cet affront fait au Grand Pope. Il a en effet à peine le temps de mettre en sécurité la réincarnation de la déesse qu'il est exécuté par les autres chevalier d'or.
Quelques années plus tard, on retrouve Aiola, chevalier du lion, petit frère du traître Aiolos. Mis à l'écart par les autres chevaliers, considéré comme un moins que rien, Aiola doit vivre constamment dans l'ombre de son frère. L'arrivée d'un ennemi invisible aux portes du sanctuaire offre alors à notre héros une occasion de prouver son courage, sa valeur et sa fidélité au Grand Pope.
Pourtant, tout ne se passe pas comme prévu. Aiola comme les autres chevaliers ont sous estimé l'ennemi qui n'est rien d'autre qu'un dieu.
Si le premier chapitre met en scène la tentative d'assassinat d'Athéna et le sacrifice du chevalier Aiolos, cela n'a rien d'anodin. En effet, bien que la série jouisse d'une forte popularité, le succès de Saint Seiya G n'était pas forcement acquis. Pourquoi ? Tout simplement car l'auteur à succès Masami Kurumada (Ring No Kakero, Bt'x, Saint Seiya...) a lâché les commandes de son oeuvre pour la confier à un autre auteur, Megumu Okada, déjà connu en France pour deux autres séries : Shadow Skill et Niraï Kanaï. Ainsi, rien de plus normal que de commencer par un chapitre connu pour attirer anciens fans et nouveau public.
Si Kurumada est crédité comme scénariste de l'histoire, il faut remarquer qu'en réalité, selon ses propres aveux il a laissé une quasi liberté à Okada en lui conseillant même de se lâcher : « Vas y à fond, fais ce que tu as à faire ». En effet, Mr Kurumada étant très occupé par ses projets personnels comme son nouveau manga Shin Ring No Kakero, il n'a pas réellement le temps pour s'occuper de cette nouvelle adaptation. Ainsi, Okada en free-lance, va démarquer Saint Seiya G de la série originelle. Pourtant, ce n'est pas de l'absence de Kurumada que va venir la surprise, mais du style graphique du mangaka Okada qui est à l'opposé de celui de Kurumada.
Fontaine de jouvence
Il suffit de regarder la couverture du premier volume de Saint Seiya G pour se rendre compte de la différence de style des deux auteurs. Okada a en effet un style graphique très typé shôjo. Résultat, les chevaliers d'or se féminisent et adoptent un graphisme très clampesque. Les protagonistes ont des silhouettes plus fines, plus allongées. Leur visage se pare de deux gros yeux de mouche et d'une chevelure très travaillée. Le résultat final ne laisse pas indifférent et en fera fuir plus d'un. Pourtant, le graphisme du mangaka a de nombreuses qualités. Tout d'abord, il ne faut pas oublier que Saint Seiya G narre l'histoire de la jeunesse des chevaliers d'or. Or le dessin de l'auteur colle parfaitement au rajeunissement des protagonistes. Le lifting est donc assez concluant. En outre, coté armure, Okada assure et va au-delà des espérances. Si Kurumada, dans son manga, dessinait des armures travaillées et de qualité (surtout dans le chapitre Hadès), Okada pousse encore plus loin en dessinant les armures des chevaliers avec minutie et de nombreux détails. Au final, les armures brillent encore plus qu'avant et n'ont jamais été aussi somptueuses. Les chevaliers d'or rajeunis de près de 20 ans retrouvent une seconde vie et font pâlir leurs aînés.
Mais graphiquement, le style d'Okada n'est pas exempt de défauts et parfois on regrette les dessins plus académiques de Kurumada. Le mangaka de Saint Seiya G, s'il dessine des armures splendides et des personnages très stylisés, a beaucoup plus de mal avec la mise en page et le déroulement des scènes de combat. Celles-ci sont trop figées et brouillonnes. Bien que l'action paraisse arrêté à chaque case, on a énormément de mal a suivre le déroulement d'un combat car le trait de l'auteur ne se révèle pas très adapté à ce genre de scènes plus vivantes. Enfin, Okada a aussi beaucoup de mal à maîtriser les perspectives. Ainsi, les chevaliers gagnent ou perdent parfois une bonne vingtaine de centimètres entre deux cases.
Un scénario titanesque
Si Kurumada a laissé toute latitude à Okada pour Saint Seiya G, on peut dire qu'il a eu entièrement raison de lui faire confiance au vue du résultat. Le nouveau mangaka s'est, pour ce travail, entièrement plongé dans l'oeuvre de son aîné pour nous proposer une préquelle à la hauteur de l'attente des fans de la série. Le mangaka, en partant de l'histoire connue du destin tragique du sagittaire ou encore de l'ancienne bataille du sanctuaire (qui n'avait vu la survie que de deux chevaliers d'or), nous compte avec talent cette histoire originale. Au fil des pages, Okada nous retrace même avec brio la genèse et toute l'histoire du panthéon. En outre, l'auteur introduit une interprétation intéressante dans Saint Seiya G que Kuramada avait très peu abordé. En effet, dans Saint Seiya G on voit les chevaliers d'or, en l'occurrence Aiola en interaction avec des gens « normaux » pour les aider suite à un problème survenu dans une centrale nucléaire aux Etats-Unis. Les chevaliers du zodiaque jouent alors un nouveau rôle : celui de super héros. Ainsi, ils crédibilisent encore plus leur rôle de protecteur de l'humanité. Ces scènes rapprochent alors le manga des comics américains tels que Superman ou encore X-men.
Mais attention, Okada n'oublie pas sur quelle série il travaille et Saint Seiya G respecte scrupuleusement l'esprit de son prédécesseur Saint Seiya. Ainsi, les thèmes favoris du shônen comme le courage, la fierté, l'amitié ou le dépassement de soit sont légion. Le Nekketsu est ici bien présent, pas de panique.
Enfin, Okada finit de perfectionner son oeuvre par l'intermédiaire des ennemis qu'il met en scène. Tout comme dans Saint Seiya, les ennemis ne manquent pas de charisme et de mystères. Par un heureux hasard, notons aussi que les ennemis des chevaliers d'or seront au nombre de douze dieux.
G ... comme Génération comics
Génération Comics nous propose un travail acceptable pour cette édition. Pourtant, si la traduction est très correcte, l'adaptation laisse parfois à désirer. Mais c'est surtout du côté de l'encrage et du tramage que les erreurs sont significatives. En effet, les planches sont souvent trop sombres ce qui empêche de pouvoir admirer le travail du mangaka sur les armures des Titans en particulier. Ceci leur donne bien un coté plus noir et malfaisant mais tout de même, au prix du manga on est en droit de demander mieux. Heureusement, GC a eut la bonne idée de conserver les pages couleurs qui sont de toute beauté.