Les Contes de Terremer

/ Critique - écrit par Nicolas, le 28/03/2007

L'envie a été plus forte que tout. Goro Miyazaki, fils de Hayo, se lance dans le long métrage d'animation après avoir jusqu'ici refusé de suivre les traces de son paternel, devenant tour à tour paysagiste puis directeur du musée Ghibli (au Japon). Et pour démarrer, rien de moins qu'un ancien projet du père, l'adaptation d'un classique de la Fantasy nommé Le Cycle de Terremer, rédigé par l'américaine Ursula K. Le Guin.

Si Goro est bel et bien le fils de Hayao Miyazaki, et si de cette parenté a découlé un certain nombre de similitudes artistiques, le constat sera probablement le même pour tout les fans du réalisateur japonais : la production du fils est loin d'égaler celles de son père, même si en soit Les Contes de Terremer constitue un divertissement d'une qualité très acceptable. Celui-ci nous présente Arren, un jeune garçon coupable de parricide recueilli par l'un des derniers mages encore en exercice, Epervier. Obligé de se cacher, Arren va suivre Epervier dans ses investigations, inquiet par le déséquilibre infligé à leur monde. Deux portraits simples, bientôt rejoints par deux autres personnalités féminines tout aussi simples, qui seront tous quatre les acteurs d'une histoire réductrice assez éloignée de la folie visuelle et métaphorique de Hayao, la comparaison était inévitable. Surtout que le film comprend également quelques débuts de réflexion écologique qui sont un peu devenus la marque de fabrique du père. Ainsi, le film s'interroge sur la vie, la mort, et le pouvoir de destruction de l'être humain, à travers quelques répliques parfois très « clichés ».

Mais peut-être vaut-il mieux s'écarter de Miyazaki senior pour apprécier pleinement Miyazaki junior ? Les Contes de Terremer font alors office d'oeuvre compétitive sur un marché détenu de main de maître par le studio Ghibli. La réalisation et le montage sont suffisamment bien réglés pour faire passer un agréable moment de deux heures (soutenu par une musique envoûtante), même si l'animation se montre parfois un peu sommaire, ce qui tend à contraster les séquences en image de synthèse, bien incorporées, et les paysages pour la plupart très finement dessinés (l'architecture citadine nous fait notamment penser à des constructions romaines de toute beauté). Le scénario, comme vu précédemment, se révèle un peu fade et gâche parfois les thèmes puissants qu'ils osent aborder. La scène d'ouverture entre autres, révélant le meurtre du père d'Arren, aurait pu être le point de départ d'un sujet beaucoup plus complexe qui finira contre toute attente dans une facilité scénaristique assez déconcertante. Au final, beaucoup de sérieux pour pas grand-chose, Goro cherche une profondeur qu'il n'atteint jamais et néglige le petit côté absurde de l'univers Ghibli, se cantonnant à des stéréotypes visuels sans grande inventivité. Les questions fuseront immanquablement en sortie de salle, beaucoup de choses restent en suspens et semblent ne pas avoir été suffisamment développées, ou amenées d'une façon tellement dérisoire qu'il devient presque impossible de l'insérer dans un contexte global.

Un premier essai fructueux, si l'on ne s'attend pas à du Hayao Miyazaki. Goro a probablement encore besoin de prendre ses marques et d'acquérir de l'expérience, son premier film présentant beaucoup de points positifs tout an affichant de sérieux défauts qui le ramènent immanquablement à son paternel. A lui de se forger sa propre réputation...