Le Royaume des Chats
Manga / Critique - écrit par Selena, le 05/08/2003 (
Après les sorties récentes de Princesse Mononoké, Le voyage de Chihiro et Le château dans le ciel, le dernier né des Studios Ghibli, Neko no ongaeshi (pour les puristes) pointe le bout de son nez. Cette fois-ci, il s'agit du premier long métrage de Hiroyuki Morita qui avait déjà travaillé sur Mes voisins les Yamada, Le Chateau de Cagliostro et La Petite sorcière. Le scénario est quand même co-signé par le senseï: Hayao Miyazaki qui a cha-peauté le projet depuis le début.
Haru est une collégienne maladroite, toujours en retard, qui a du mal à se trouver et à trouver sa place. Après une sale journée, elle sauve la vie in extremis d'un chat. Ce dernier n'est autre que le fils du monarque du Royaume des chats (rien que ça!). La famille royale féline a désormais une dette envers la jeune fille, et l'invite à l'insu de son plein gré à venir dans leur pays (et plus si affinités...). Haru, très réticente, doit faire appel au Bureau des chats qui aide les personnes en difficultés. Elle y rencontre Baron, un chat élégant et mystérieux accompagné de Mouta, un énorme matou et du corbeau Toto....
Basé sur le conte-manga de Aoi Hiiragi Baron-Neko no Danshaku (Baron, le chat Baron), dans lequel sont tirés également les chats Baron et Mouta de Mimi wo sumaseba, Le Royaume des chats rappelle aussi bien le voyage initiatique de Chihiro que celui d'Alice au Pays des Merveilles où se serait incrusté le chat botté, en guest star. On y retrouve les thèmes chers aux productions Ghibli traités sur un ton léger (voire superficiel): le monde de l'enfance et du rêve, l'affirmation de soi et le désir d'indépendance liés à la difficulté de grandir.
A première vue, le film présente de nombreux défauts dont son minimalisme. Les traits des personnages sont souvent basiques (à l'opposé des décors et paysages beaucoup plus élaborés), la réalisation et l'animation sont juste corrects, et l'histoire est assez linéaire. Il manque au film un peu de profondeur, et ce ti quelque chose de merveilleux et de magique qui insufflent une âme à une oeuvre. Hiroyuki Morita n'est pas Miyazaki. Il n'a ni sa magie, ni son savoir-faire exceptionnel, et ni...son budget.
Ce film gentillet est sauvé finalement par son cha-rme enfantin et dépaysant qui rafraîchit les neurones et l'imagination. La fantaisie du film fait rêver quelques instants, l'humour bon enfant fait sourire.
Et puis, la galerie de personnages est sympathique, surtout le très stylé Baron: le gentleman des chats, Mouta: le gros matou débonnaire (qui fait parfois penser à un certain Totoro), le roi des chats barje et despotique avec ses supergardes du corps félins (des cats in black), etc. Quant à Haru, qui n'a pas le charisme des héroïnes miyazakienne, elle reste une figure mignonnette, attendrissante, mais pas vraiment attachante.
En somme, on passe un agréable moment à squatter l'univers onirique du Royaume des Chats, mais sans plus...
Sans la prétention artistique et financière des autres productions Ghibli, Le Royaume des chats est une oeuvre mineure des Studios Ghibli. Le comparer aux précédentes oeuvres de Miyazaki le desservirait forcément. Il vaut mieux se laisser séduire naïvement par ce mignon film, simple et frais, destiné principalement aux enfants (ou peut-être à l'enfant qui sommeille en soi... le mien ne devait pas être très bien réveillé, ce jour-là.