6/10Zero

/ Critique - écrit par Jade, le 15/09/2005
Notre verdict : 6/10 - Inclassable (Fiche technique)

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Tout le monde sait le bien que l'on pense de Kei Toume, auteur remarquée de Sing 'Yesterday' For Me et Les Lamentations de l'Agneau. Zero est une oeuvre antérieure de Kei Toume, un simple one-shot édité par Taïfu Comics.

Fidèle à la tradition des héros de l'auteur, Kugimachi est un lycéen pas tout à fait dans la vibe, en décalage avec le stéréotype du jeune beau gosse, mal luné et un peu à coté de la plaque en ce qui concerne son avenir. Ainsi n'est-ce pas une surprise s'il se sent intrigué par Yoko Mao, ex-délinquante que personne n'ose approcher. Alors que le jeune garçon et la jeune fille commencent à peine à se connaître, cette dernière est renvoyée du lycée suite à une injustice.
Zero
Zero
Quelques mois plus tard, Kugimachi se rend en retard dans le gymnase de son école pour assister à une réunion générale et découvre avec surprise les cadavres de tout ses camarades gisant sur le sol dudit gymnase. Mao sort alors de sa cachette et lui confie ses plans de vengeance avant de disparaître, laissant le garçon sous le choc et en compagnie d'un mini-robot tueur.

Zero est un manga qui est complètement inclassable. Ce résumé pourrait faire croire qu'il part dans tout les sens, mais ce n'est pas le cas : bien que l'histoire recèle d'incohérence, que le personnage de Mao transpire la haine, Kei Toume sait rester sobre et simple, ce qui sera la caractéristique de toute son oeuvre jusque là. Zero est une histoire personnelle dans le sens où son scénario tout comme son action à proprement parler n'est qu'un simple prétexte, un moyen d'y exposer le personnage central de Mao. On peut donc parler d'oeuvre expérimentale, non dénuée d'intérêt et de saveur.

Déjà, le style graphique de Kei Toume interpelle le lecteur. Son trait fin séduit déjà, méprisant parfois les proportions des personnages, faisant ressortir leurs contours à l'encre de Chine. Les influences de l'auteur semblent être encore discernables au détour de certaines planches, mais ses dessins possèdent déjà une âme propre et incomparable, ici résolument agressive. La violence du trait coïncide avec ce que l'on pourrait qualifier de sujet de l'oeuvre, s'il en est un.

En plus du dessin, c'est bel et bien un thème récurrent qui permet d'identifier un manga de Kei Toume d'un autre. Ici, Kigumachi et ses camarades survivants sont prisonniers de leur lycée, qui est en quelque sorte devenu le temple de Yoko Mao, où elle a conscience de tout ce qui s'y déroule grâce aux caméras de sécurité, et où elle n'est saisissable que suivant son bon vouloir. Le lycée clos d'où personne ne peut sortir ou entrer devient l'expression de sa haine, et la conclusion montre bien le caractère autodestructeur de la jeune fille. Bien des parallèles pourront être tracés avec les Lamentations de l'Agneau, dernière oeuvre de Kei Toume.

Il serait pourtant exagéré de comparer en terme de qualité ces deux oeuvres, Zero étant un simple one-shot, d'interêt quasi documentaire alors que Les Lamentations de l'Agneau possède une ampleur toute autre. Il n'empêche donc que Zero est un manga sympathique, assez destabilisant, mais tout à fait digne d'être lu, pour peu que le style froid et reservé de Kei Toume ne vous gêne pas.