5/10Strawberry Shortcakes

/ Critique - écrit par Kei, le 18/09/2006
Notre verdict : 5/10 - Des fancifaires à la fraise... (Fiche technique)

Tags : jeux video personnages univers manga shortcakes strawberry

La vie n'est pas tendre. Ni pour Tokko, dessinatrice de manga venant de se faire larguer après une relation de trois ans, ni pour Chihiro, sa collocataire, qu'elle méprise. Elle ne l'est pas non plus avec Riko, qui ne veut qu'être amoureuse, mais qui est toujours seule, ni pour Akiyo, prostituée de luxe la journée, secrètement amoureuse de son meilleur ami. Quatre filles qui se débatent entre leur vie amoureuse au plus bas et leur quotidien dont la monotonie parfois réconfortante est trop souvent éprouvante.

Strawberry Shortcakes
Strawberry Shortcakes
Quatre filles pour quatre aventures entremêlées. Nananan alterne les histoires, en en changeant à chaque chapitre, chacun d'eux racontant un petit passage du quotidien de ces filles. L'auteur prend son temps au cours des trois cents pages de ce pavé, dans lequel de nombreuses planches sont vides de dialogues. Ce faisant, elle construit un univers cohérent reposant par la monotonie de la vie des protagonistes. Les pages se suivent et se ressemblent, à la manière du quotidien de ces filles, et nous font ressentir la même lassitude. Un bon point pour la cohérence de l'ensemble, mais le plaisir de lecture s'en ressent. A la manière de
Sing "Yesterday" For Me, on suit les personnages pendant une petite période de temps, sans que cela raconte véritablement une histoire. Ce manga se veut être une fenêtre sur le quotidien de quatre filles ordinaires. Malheureusement, contrairement au manga de Kei Toume, Strawberry Shortcakes n'arrive pas à maintenir l'intérêt. Raconter quatre histoires en parallèle requiert une qualité de narration : celle de distinguer ces histoires les unes des autres facilement. Or l'auteur n'en fait rien. Au contraire, le style de narration reste le même durant tout ce one-shot. Il s'agit sans doute d'un parti pris, pour mettre en évidence les similarités des vies des héroïnes, qui bien que menant des existences différentes ressentent toutes la même détresse. Le fait d'entrelacer ces histoires est également un parti pris, mais ces deux effets de styles ne sont pas sans conséquence pour le lecteur qui se lasse rapidement. Passer d'une aventure à l'autre empêche de rentrer dans l'univers d'un personnage, et le peu de différences entre ces histoires dresse une barrière entre le lecteur et la compréhension de celles-ci.

Hélas, c'est là une tare que le dessin ne fait rien pour arranger. Autant ce trait très épuré avait séduit par son originalité dans Blue, autant il se révèle être un obstacle pour le lecteur. Les personnages sont généralement dessinés en gros plan, et le peu de nuances dans les visages nous oblige à se référer à la couleur et à la longueur des cheveux pour identifier un personnage. Pour un récit se voulant intimiste et mettant ses protagonistes au coeur de la non-intrigue, c'est assez embêtant. D'autant plus que ce one-shot ne comporte que peu de dialogues. Lors des nombreuses scènes d'introspection silencieuses, les décors prennent de l'importance, et c'est dans ces scènes que le dessin montre son potentiel : le peu de détail symbolise le vide de l'existence de ces filles, leur désespoir. Les quatre traits parallèles qui représentent la cuisine dans laquelle Tokko fait ses crises de boulimie en est un parfait exemple. En revanche, certaines de ces scènes sont censées avoir pour arrière-plan un décor magnifique. Dans ces quelques cas, on est plus que déçu par les vagues formes censées dessiner les contours d'une nuit dans un petit quartier Tokyo. Au delà de ces regrets, ce qui empêche le lecteur de profiter pleinement de cet album, ce sont les nombreux gros plans sur des formes trop peu détaillées pour que l'on puisse ne serait-ce que deviner de quoi il s'agit.

Strawberry Shortcakes n'est pas un manga divertissant. Trop long et trop lent, on a du mal à prendre du plaisir à lire les introspections d'adolescentes de ces femmes et leurs réflexions à peine formulées. Nananan laisse trop de champ libre à l'imagination du lecteur pour que celui-ci puisse lire en étant détendu. Un manga qui préfigure ce que sera Blue, qui sortira deux ans plus tard, mais qui manque assurément de maturité.