5/10Patlabor - Film 02

/ Critique - écrit par Kei, le 23/06/2006
Notre verdict : 5/10 - (pat)laborieux (Fiche technique)

Tags : film patlabor ray blu eur video oshii

Il n'est plus vraiment nécessaire de présenter Patlabor. Cela a déjà été fait ici et sur krinein, et un peu partout sur le net.

En plein tokyo, un missile percute un pont, ne causant aucun blessé ni mort, mais détruisant tout de même un axe routier essentiel. Le seul problème pour les autorités, c'est que cet attentat n'a pas été revendiqué, et qu'aucun avion n'a été détecté au dessus de Tokyo. Et c'est une bête vidéo amateur qui met le feu aux poudres : on y voit (en tout petit certes) un avion, juste avant l'explosion. Non seulement cette vidéo constitue une preuve de la faiblesse du système de défense japonais, mais elle montre surtout que l'avion en question est un avion japonais, construit au japon et exclusivement utilisé par les forces de défense.

Patlabor 2 change radicalement du premier volet de la série. Ici, la part belle est laissée à la parlotte, aux complots, aux grandes théories et aux discours politisés. L'action est toujours présente, mais sur les deux longues heures que dure le film, seuls trois quarts d'heure sont consacrés au développement de l'intrigue et à l'action. Le reste du temps est occupé par de longs discours à propos du gouvernement, du système politique, de la corruption, etc. On retrouve en fait le même genre de propos que ceux que l'on peut trouver dans l'excellent manga Sanctuary : le Japon est corrompu, il tombe en ruine, le monde entier en veut à l'archipel, les états unis veulent envahir le Japon pour de bon et légalement, etc etc... Malheureusement, ici ce discours n'est pas étalé sur 9 tomes bien garnis, mais concentré en une heure de film. Autant vous dire que l'on arrive très vite à saturation. Et si dans le manga ces scènes étaient poignantes, notamment grace à des angles de vues diversifiés, travaillés et des phrases choc disséminées ici et là, il n'en est rien dans l'anime. Regarder pendant vingt minutes des personnages qui discutent dans une voiture n'a rien d'amusant. Surtout que ces théories du complot n'ont rien de bien nouveau. Et le principe d'animation limitée, qui est la cause de gros plans sur les sourcils (en caricaturant bien sur, mais on en n'est pas très loin) n'aide pas vraiment à rendre cela passionant. On passe donc la première heure de film à attendre que les personnages aient fini de parler pour que le film démarre vraiment. La deuxième heure est elle très correcte, et tout à fait intéressante. On retrouve l'ambiance du premier film, avec son mélange d'action, d'humour et de tragédie. Malheureusement, la première partie plombe le film.

C'est d'autant plus dommage que le film est par ailleurs techniquement très propre. Bien sur, dans un contexte réaliste et contemporain, le character design ne peut pas faire des folies, ni être très inventif, mais le trait est fin, les couleurs sont très agréables à l'oeil, et l'animation est satisfaisante. Rien d'extraordinaire, mais rien de gênant non plus. On n'en demande pas plus à un film de cet acabit.

On ne peut pas en dire autant au doublage. Encore une fois, les voix françaises ruinent un anime. Non seulement elles ne correspondent pas du tout aux personnages, mais elles sont surtout totalement inexpressives. Prenons par exemple Shinobu. Elle est l'archétype de la femme volontaire avec une très forte personnalité. Elle a réussi les plus hautes études, elle est extrèmement qualifiée, et si elle stagne dans une division de véhicules spéciaux, ce n'est que pour des raisons politiques. Pourquoi lui a t'on collé la voix gnangnan des héroines habituelles ? Pour ce personnage, une petite voix timide et aigue est totalement déplacée. Et on ne parle pas des personnages qui à l'image piquent une vraie crise de nerf, mais dont la voix reste toute gentille. Un peu plus de verve et de jeu n'aurait pas fait de mal. On passera aussi volontairement sur les quelques phrases n'ayant aucun sens que l'on trouve ici et là dans l'anime. Vous l'aurez compris, le doublage n'est pas une réussite. Et supporter les dialogues rasoirs pseudo philosophiques du début avec de telle voix est une épreuve qui vous dégoute presque du film. Comme quoi Mamoru Oshii n'aura pas fait que des bons (et très bons) films.