Edison Fantasy Science
Manga / Critique - écrit par juro, le 25/08/2006 (Tags : science edison fantasy manga kasahara tome jeunesse
Thomas Alva Edison fut l'un des plus grands inventeurs, son nom est accolé à celui de Galilée, Da Vinci ou Franklin au panthéon des grands découvreurs ayant contribué à faire progresser la science et par conséquent l'humanité. Sa plus grande invention fut l'électricité. Depuis, son nom est rabroué sans cesse mais jamais, ô grand jamais, personne n'aurait crû qu'il aurait été possible de le retrouver dans un manga, et encore moins dans un manga de qualité. Edison Fantasy Science possède beaucoup de qualités dont celles de présenter une héroïne miyazakienne, un monde steampunk original et un trait personnel. De quoi alimenter une dynamo l'espace de trois volumes...
Le temps des Lumières
Edison Fantasy ScienceDans un univers flirtant entre le steampunk et un livre de Jules Verne, un village retranché et vierge de la civilisation sauvage des hommes vit tant bien que mal. A l'écart de ce monde vit Milo, une jeune femme inventrice de génie et forte de caractère. La vie s'écoule paisiblement jusqu'au jour où une étrange boule de technologie va être repêché dans un lac : Edison. Peu de temps après, une véritable déferlante armée débarque sur le village. Il va falloir riposter et partir à la recherche d'Albert pour Milo. Heureusement Edison est là, et avec lui le génie de l'invention...
Sorti un peu de nulle part, ce manga est paru chez Kami sans gros effet d'annonce mais pourtant, il le mérite amplement. Si son scénario n'élargit pas véritablement le champ du renouveau du manga, il possède bien des qualités intéressantes. L'héroïne possède tous les caractères propres à l'univers de Miyazaki. Courageuse et débrouillarde, elle arpente le monde avec dévotion dans sa quête à la recherche d'Albert, devenant sauveuse du peuple face à l'oppression des puissances armées telle une Nausicaä version steampunk. Si le thème prédominant de l'environnement si cher au maître de l'animation nippone cache une certaine noirceur, au contraire l'environnement futuriste et délabré de Edison Fantasy Science laisse entrevoir de l'espoir montrant que l'alliance de l'homme et des machines fait bon ménage.
Un monde d'inventions
L'intégralité des personnages importants porte le nom d'un grand savant ou inventeur de toute époque (Da Vinci, Edison, Galilée, Einstein...). Seule Milo sculptée comme une Vénus aux yeux de certains protagonistes échappe à cette règle. Insérée dans un monde d'hommes, la jeune femme prouve sa grande force de caractère par ses ressources cérébrales et des inventions aussi farfelues qu'efficaces. Les inventeurs sont véritablement placés sur un piédestal, tels des rock stars... Le ton du manga lorgne entre légèreté et thèmes plus complexes : dénonciation de l'utilisation des machines à des fins militaires, " exil des cerveaux "... le tout placé dans un scénario de voyage initiatique n'ayant rien de commun avec un shônen classique.
Tetsuroh Kasahara se plait à dessiner maladroitement semblerait-il. Mais l'impression ne demeure que partielle tant la précision des machines apparaît démesuré. Dans un style qui n'est pas sans rappeler (toutes proportions gardées) celui de Taiyou Matsumoto pour ce trait sans artifice, le mangaka ajoute une pincée de dessin technique avec des notes explicatives, un peu dans la même optique que Another World War II sans atteindre les mêmes sommets. Si l'oeil ne digère pas toujours le traitement, le style personnel de l'auteur ne laisse aucun doute sur une certaine griffe qu'il est assez agréable de laisser apparaître. L'édition en grand format est de bonne qualité.
Edison Fantasy Science est une bonne surprise par son originalité et sa combinaison multipliant les grands noms au scénario et au dessin. Rafraîchissant et non stéréotypé, le manga reste toutefois conventionnel et suit une trame toute tracée. Bien mais peut encore mieux faire. Assurément.