City Hunter - le manga
Manga / Critique - écrit par weirdkorn, le 07/04/2004 (Tags : hunter city manga deluxe tsukasa hojo oct
Parmi toutes les séries diffusées dans le Club Dorothée, s'il y a un personnage qui reste dans les mémoires, je pense que c'est bien City Hunter (ou Nicky Larson). Alors que l'on se souvient d'un Dragon Ball par la lenteur et l'énormité des évènements, City Hunter aura réussi à marquer grâce à son personnage principal, monstre de charisme et d'humour, justicier ou obsédé suivant l'humeur. Cette série créée par Tsukasa Hojo entre 1985 à 1991 est devenue culte avec le temps, les coups de massues géantes ou les courses poursuites en Mini rouge étant restés dans notre subconscient. On doit également à cet auteur Cat's eye ou Space Angel. City Hunter est un phénomène du manga, mondialement réputé, qui a même eu l'honneur d'être adapté en film avec Jackie Chan dans le rôle titre pour une partie de délire kung-fu.
City HunterCe manga relate les aventures de Ryo Saeba, un «nettoyeur» peu conventionnel. Ce tueur à gage ou garde du corps au grand coeur possède une habileté exceptionnelle et vit dans les sphères sombres de Tokyo, entouré de yakuzas et de malfrats. Souvent chargé d'éliminer les ordures de la ville, il évolue dans ce monde de dangers sous le nom de City Hunter. Un jour, son associé, Hideyuki Makimura se fait descendre par un malfrat ayant absorbé de la poussière d'ange, une drogue surpuissante. Avant de mourir, il demande à Ryo de s'occuper de sa petite soeur Kaori, celle-ci devenant donc sa nouvelle associée. C'est sur cette base que commence City Hunter mais le scénario va très vite suivre une autre orientation. En effet, on observe une grosse différence entre le premier volume, très sombre, et le reste, tourné essentiellement sur l'humour. Ce manga commence comme un polar mais ce n'est pas son genre avant tout comique et totalement délirant.
Tout l'humour et le délire de cette série passe en fait par le personnage de Ryo Saeba. Il possède deux personnalités apparemment opposées en étant à la fois un justicier implacable et un obsédé sexuel profiteur de la vie. Ryo est une sorte de génie bouffon, imitateur à ses heures, capable de comprendre de suite n'importe quelle situation et prêt à n'importe quoi pour une jolie fille. Sa plus grande fierté est la vigueur de son engin qui se dresse dès qu'il aperçoit une femme à son goût. Le côté comique du manga se limite ainsi quasiment à une succession d'érections. Il a d'ailleurs un surnom, celui d'étalon de Shinjuku (quartier de Tokyo dans lequel il habite). Sa vie consiste à draguer le plus de femmes possibles dans la rue. Ainsi, il n'accepte que les offres des jolies clientes qu'il espère séduire pour pouvoir coucher avec elles à la fin de l'aventure. Celles-ci sont toujours repoussées par son côté obsédé mais tombent amoureuses de lui dès qu'elles peuvent voir son autre face. Ryo a de grandes capacités physiques et un grand coeur. C'est un surhomme qui tire au revolver comme personne (il réussit quand même à faire passer deux balles au même endroit ou à viser dans le canon de son adversaire). On ne connaît les raisons pour lesquelles il est si fort seulement après une bonne moitié de la série (manga 23).
Le manga porte bien son nom, City Hunter est plus qu'un personnage principal. C'est un show a lui tout seul et il éclipse tout le reste.
Kaori Makimura (Laura Marconi en VF) est la soeur de Hideyuki (ou Tony) et la partenaire de Ryo. Garçon manqué aux cheveux courts et au caractère sanguin, on la prend souvent pour un homme. Ryo aime d'ailleurs dire que c'est son petit frère ce qui a le don de l'exaspérer. Amoureuse en secret de lui, elle n'arrête pourtant pas de le frapper par jalousie avec sa grosse massue. Ryo tient également à Kaori. Il l'aime sans l'admettre et ne cessera de la protéger. Cela ne lui empêchera pas de séduire toutes les femmes qu'il rencontre dont par exemple Saeko, un inspecteur de police d'une grande beauté. Elle utilise Ryo en lui faisant croire qu'elle va passer avec lui une nuit d'amour, elle cumule d'ailleurs les dettes à l'égard de Ryo. Parmi les personnages secondaires on notera aussi l'éléphant, un colosse mercenaire d'une grande timidité et impitoyable à l'action. Il a plusieurs noms dont Falcon, Umibozu ou Mammouth pour la VF.
Le manga et l'anime réussissent à nous faire rire, ce qui est le principal. Mais les histoires se ressemblent beaucoup trop et manquent d'originalité pour amener la série à un niveau supérieur. A chaque fois, c'est la même chose. Seule la profession de la cliente change, City Hunter voyant passer une voleuse, des princesses, une journaliste, une chercheuse et j'en passe. C'est seulement à partir de la moitié que l'histoire évolue et devient meilleure, grâce à une trame qui se dessine ainsi qu'à des personnages secondaires mieux utilisés. Le dessin suit également cette évolution. Au début, l'encrage est très lourd puis le graphisme devient plus fin et plus agréable au fil des volumes. Comme le manga est comique et délirant, ce sont les nombreuses mimiques et érections de Ryo, les coups de massues géantes ou le super-deformed qui servent l'histoire. City Hunter était publié dans le Weekly Jump et son public est donc plutôt enfantin. Ainsi, il n'y a jamais de scène de sexe. Ryo ne tue presque jamais (sauf dans le premier volume) et préfère viser les armes de ses adversaires.
La série TV retransmet bien l'ambiance et le dessin de Hojo mais beaucoup d'atténuations ont été apportées par rapport à l'oeuvre originale. On a voulu faire un dessin animé pour enfants et l'on constate la disparition des érections de Ryo ainsi qu'un langage beaucoup moins cru (Ryo ne dit plus qu'il veut tirer un coup mais parle plutôt de sortir un soir). Comme pour le manga, l'histoire et les situations sont à force répétitives mais repartent aussi du bon pied aux alentours du centième épisode. Comme souvent pour les animes afin de rallonger la série, pas mal de nouvelles aventures hors manga ont été créées exprès. Il faut avouer que le résultat est quand même très bon. Comment ne pas rigoler devant les mimiques de Nicky ou les situations dans lesquelles il se met? La série est aidée par un très bon doublage des deux personnages principaux, en particulier pour Nicky. Je reconnaîtrais sa voix n'importe où. Malheureusement, le doublage des personnages secondaires est moins réussi. AB a adapté trop librement la série : aucun nom n'est original (City Hunter devenant donc Nicky Larson), les dialogues sont censurés et les voix changent même entre deux épisodes. Le pire revient aux méchants. C'est le même doubleur dans chaque épisode pour tous les rôles avec des répliques pour gamins de 3 ans comme «Aïe, il m'a fait bobo avec une boulette». On s'en passerait volontiers. Par contre, la bande son est bonne avec des petites musiques bien accrocheuses pour les scènes d'action.
Si City Hunter a pu devenir culte c'est avant tout grâce à Ryo Saeba, son personnage principal. Jamais un héros n'aura eu autant de qualités et de défauts. Un incroyable charisme émane de lui et lorsqu'on entend un de ces deux mots «justicier ou obsédé», un seul nom me vient à l'esprit, celui de Nicky Larson. Alors merci encore Monsieur Hojo d'avoir su créer ce personnage.