5/10Blood the Last Vampire - l'OAV

/ Critique - écrit par juro, le 08/02/2005
Notre verdict : 5/10 - Pieu mieux faire (Fiche technique)

Tags : blood vampire last film animation saya oshii

Le précurseur de Avalon et Ghost in the Shell 2 : Innocence de Mamoru Oshii s'appelle Blood the Last Vampire. Dernièrement, le point commun entre les héros aux scénarii vampiriques est de proposer un personnage renégat qui lutte en faveur des humains en disposant d'un quelconque motif d'auto satisfaction dans sa quête. Et le pire est que cette constatation s'applique à tous les supports : TV (Angel), cinéma (Blade) et plus récemment en anime (Hellsing), alors un de plus ou de moins.... Sans grande originalité, on retrouve chasseurs et chassés, exécuteurs et vampires pour une énième explication de texte à base de confrontations sanglantes. La question est posée : mais que possède cet OAV pour attirer l'attention ? Tout simplement le nom de Mamoru Oshii et une technique d'animation somptueuse. Malheureusement, l'OAV est bâti autour d'un scénario qui donne des frissons... devant sa faiblesse chronique.

Renégat

Il ne faut pas énerver Saya. La dernière chasseuse de vampire en activité n'est pas très fréquentable, elle n'hésite pas à se servir de son katana aux yeux de tous pour se débarrasser des chiroptères vivants au milieu de la société japonaise de 1966. Ses agissements semblent être contrôlés par des hommes en noir, ses motivations demeurent plus que vagues par contre son comportement reste clairement identifié comme indomptable. Que cache-t-elle derrière elle ? Peut-être en apprendront plus lors de sa mission dans une base américaine, à la veille de la guerre du Vietnam...

Tiré du manga éponyme de Benkyo Tamaoki, le film perd tout aspect psychologique et ne s'intéresse plus qu'à une action pure et dure. Saya conserve cette aura si particulière propre aux vampires, teintée d'un mélange de froide attirance pour son charisme silencieux et de repoussement pour ses talents meurtriers perceptible dès les premiers instants. En un mot, le personnage de Saya a la classe. Par contre, le côté romantique des suceurs de sang est oublié, tout comme le creusement des personnalités mais en même temps quarante minutes peuvent sembler très courtes pour développer un semblant de scénario. Du coup, le gros point noir devient cette durée définitivement hors sujet pour une oeuvre du genre si bien que la fin nous balance quelques vagues indices en vrac, sans rien apporter de concret.

Sang pour sang pour la technique

Techniquement, c'est la grande classe : angles de vue dignes de grands réalisateurs, jeu d'ombre et de lumière, images de synthèse à couper le souffle, superposition de 2D et d'une sublime 3D. Blood the Last Vampire est en fait un sujet parfait pour expérimenter cette technique sur un support court, une sorte de mise en bouche avant d'être expérimenté à plus grande échelle. La réalisation confié à Hiroyuki Kitabuko mérite le détour pour un premier film même si le nom de Mamoru Oshii en tant qu'observateur-producteur donne des indices permettant de mieux cerner ce travail. En comparant Blood the Last Vampire aux futures oeuvres de Oshii, des similtudes évidentes apparaissent côté technique, ce qui laisse penser que cet OAV n'est en fait qu'un coup d'essai.

Sans être trop gore, le film parvient à fixer l'attention durant les quarante-six minutes d'action brute qu'il dégage. Seulement le générique de fin défilant, l'impression d'avoir regardé un OAV totalement creux se fait ressentir et Blood the Last Vampire déçoit énormément par un scénario qui tiendrait sur un post-it. Si on y rajoute un doublage pathétique, l'affaire devient plus que moyenne. Heureusement, l'OST de Yoshihiro Ike est impeccable avec une petite partie jazzy courte mais agréable.

A prendre comme un bon film d'action sans aucune réflexion ni arrière pensée, Blood the Last Vampire est un bon divertissement mais son manque de profondeur laisse quand même dubitatif sur l'intérêt de voir s'enchaîner des scènes de combat sur un thème aussi « riche » que la lutte manichéenne contre les vampires. Reste la prouesse technique à l'origine des futures productions de Oshii mais c'est largement insuffisant. A moins d'un improbable deuxième épisode...