Beck - le manga
Manga / Critique - écrit par Djak, le 30/06/2004 (Tags : beck manga sakuishi harold tome musique album
Let's rock !
Yukio Tanada est un ado tout ce qu'il y a de plus banal. Pas trop chanceux et maladroit, il lui arrive souvent bien malgré lui donc de s'attirer des ennuis. C'est dans ce contexte familier que notre jeune héros un peu paumé va faire la rencontre de Beck, un chien bizarre qu'on jurerait être la réincarnation du célèbre Black Jack de Tezuka. Ainsi, une fois de plus, ce n'est pas le jour de Yukio. Frappé pour protéger Beck, il va ensuite finir par se faire mordre par celui-ci !
Sûrement encore une journée de plus où Yukio aurait mieux fait de rester au lit ! Pourtant, sa rencontre avec Beck va amener notre ado malchanceux à fréquenter de nouvelles personnes dont la belle Izumi Ishiguro et le charismatique musicien Ryûsuke.
BeckC'est dans ce contexte de rencontre pour le moins curieux entre Beck et Yukio que le mangaka pose les bases de la trame de son manga. En effet, ce passage apparemment anodin de la vie du héros va se révéler être le début d'une nouvelle vie pour Yukio, le moyen pour lui de sortir de l'adolescence pour passer à une vie plus adulte.
Harold Sakuichi nous propose dans cette série, un shônen pour le moins atypique ayant pour fond le rock. En France, ce thème doit apparemment être à la mode vu que il y a à peine un mois, l'éditeur J'ai Lu se lançait lui aussi dans un manga de ce genre avec Bremen. Mais attention, car la ressemblance entre Beck et Bremen s'arrête ici. Les thèmes du rock et de la formation d'un groupe sont bien les seuls points communs que l'on pourra trouver à ces deux oeuvres. Car Beck ne joue pas dans la même catégorie.
En effet, le mangaka avec ce titre nous propose vraiment une histoire originale et prenante. Beck, nous propose donc de nous immerger dans le quotidien de jeunes japonais, plus adolescents mais pas encore adultes, un peu perdus donc encore entre ces deux stades. Là ou Harold Sakuichi démontre son grand talent, c'est dans le réalisme de l'histoire. Ainsi, à contre-courant de la production des mangas et en particulier des shônens, le mangaka fait fi de tous les codes et clichés inhérents à ce style. Dans Beck, exit les excès. L'auteur ne tombe jamais dans la caricature. Il se contente simplement de nous conter, certes avec maestria, les affres des adolescents. Tout ici est criant de vérité. Que ce soit le comportement et la personnalité des personnages ou bien les situations auxquelles ils sont confrontés. En effet, pourquoi exagérer une histoire d'amour en la compliquant avec une multitude de personnages (Love Hina) ou avec un triangle amoureux (I's), alors qu'en soit l'amour est déjà très complexe et en particulier chez les jeunes. Pourquoi inventer un héros stupide, pervers et invraisemblable style Keitaro alors que tout personnalité se révèle être complexe et riche. Ainsi, c'est je pense ce difficile exercice que Harold Sakuichi réussit à réaliser dans ce manga. Son dessin nous croque avec brio l'histoire de Yukio. Le style graphique de l'auteur est net et clair. Il dégage un petit brin de vieillot mais surtout de nostalgie. A la lecture de Beck on est ainsi pris de souvenirs d'une adolescence regrettée où l'insouciance et les rêves étaient les deux mots d'ordre. Bref, Beck fait ressortir tout cela et bien plus encore. L'auteur fait preuve d'un sens inné pour la narration simple mais pourtant précise, pour écrire une histoire attachante.
Ainsi, Beck avec toutes ses qualités se retrouve logiquement être une manga culte au Japon. Chaque volume se vend à plus de 350 000 exemplaires. Les lecteurs suivent ainsi depuis cinq ans maintenant mensuellement la vie de Yukio, Izumi et Ryûsuke avec la publication à chaque numéro du Monthly Shônen Magazine d'un chapitre.
Enfin, Beck c'est aussi le rock, le vrai et pas celui de la Star'ac. Les héros de Beck sont des références des années 1960-1970 comme les Sex Pistols, Jimi Hendrix et les Beatles. Mais aussi des groupes plus contemporains comme Nirvana, les Red Hot et bien entendu Beck. Le manga reste donc aussi fidèlement dans cet esprit rebelle et libertaire auquel de nombreux jeunes aspirent tous comme les héros de Beck.
Ainsi, Akata/Delcourt nous comble une fois de plus en nous proposant un manga atypique mais tellement bon. Après le premier volume on en redemande encore et on a hâte comme les Japonais de pouvoir découvrir et suivre la vie de la bande de Yukio.