Banner of the Stars
Manga / Critique - écrit par Kei, le 29/05/2006 (Tags : stars banner crest production episode seikai animation
Une vraie saga de SF, incroyablement construite, sur laquelle l'auteur avait fait un peu le même travail que Tolkien sur les Terres du Milieu... En dépit des faiblesses que l'on peut lui trouver, cette série a rencontré un grand succès...
A la base, il y avait un livre. Un livre intitulé Seikai no Monshô (plus connu sous le nom de Crest of the Stars), écrit par Hiroyuki Morioka comptant pas moins de 3 (gros) volumes, et étant toujours en cours. Une vraie saga de SF, incroyablement construite, sur laquelle l'auteur avait fait un peu le même travail que Tolkien sur les Terres du Milieu (oui, j'ai mis Tolkien au même niveau qu'un auteur presque inconnu, je me prépare à endurer l'attaque de horde de fans outrés). Comprenez par là qu'il a créé bien plus qu'un monde. Il a aussi créé toute une hiérarchie, tout un système politique, des dynasties, des cartes et même une langue, en décrivant sa grammaire, son alphabet, et sa prononciation. Une saga gigantesque qui a été adaptée en anime en 1999, avec la série Crest of the Stars. En dépit des faiblesses que l'on peut lui trouver, cette série a rencontré un grand succès, et c'est tout naturellement qu'est sorti l'année suivante Banner of the Stars, sa suite.
Cela fait maintenant un certain moment que Jinto et Lafiel se sont remis de leurs aventures précédentes. Et pour le moment, leur quotidien est fait de taches rébarbatives de préparation au combat. Une triple alliance s'est formée au sein des territoires annexés par les Abhs et cette fois ci, la menace est réelle. Jinto et Lafiel sont respectivement chef du personnel et capitaine sur un petit vaisseau d'attaque. Deux nobles dans un même vaisseau, c'est exceptionnel, surtout quand l'un des deux est une princesse Abh. Mais ils sont tout de même totalement inexpérimentés, et le commandant de leur division vient d'une famille réputée pour sa folie légendaire.
Banner of the Stars aurait du s'appeler Crest of the Stars bis tant les deux séries se ressemblent. On y retrouve les mêmes défauts et qualités, ce qui leur a assuré un grand succès, mais qui n'a pas vraiment participé au renouvellement de la série.
Du coté du scénario, il ne faut pas s'attendre à avoir plus d'action que précédemment. Comme pour Crest of the Stars, les auteurs ont cherché à pousser le réalisme jusqu'au bout. On assiste donc à de longues scènes en huis clos, dans le poste de pilotage où tout ce que l'on sait de la bataille vient de rapports fait par les différents capitaines de vaisseau. Ceci dit, autant dans la première série ces scènes étaient pénibles, autant on les trouve bienvenues ici. En effet, le reste du temps, les batailles sont montrées de l'extérieur. Mais encore une fois, le réalisme a primé sur tout le reste. On ne fait donc pas du tout la différence entre le vaisseau des héros et ceux de la flotte Abh, et les batailles sont ennuyantes, dans la mesure où il n'y a qu'un peu de musique qui accompagne les explosions. Il règne dans les batailles une sorte de grande confusion, et on ne fait que regarder des images sans chercher à leur donner un sens (ce qui semble de toute façon impossible). C'est pour cela que les scènes en intérieur sont aussi appréciées : parce qu'elles apportent vraiment des informations et qu'elles permettent à l'histoire d'avancer.
Et comme pour Crest of the Stars, la fin arrive trop vite, on a le sentiment que les dix premiers épisodes n'ont été qu'une longue (et bonne) introduction à l'histoire. On se sent d'abord frustré, mais on réalise vite qu'en fait, cette série prend place dans un univers véritablement complexe et complet, et que ce que l'on vient de voir n'est finalement qu'une anecdote parmi d'autres. Comme on assiste au début de la guerre, on s'attend à la voir finir, mais ce n'est raisonablement pas possible. Les choix scénaristiques ont été très cohérents, et à la fin de la série, le sentiment de déception laisse la place à une certaine envie, celle de savoir comment le reste de la guerre se passe, en dehors du cadre du vaisseau des héros.
Au passage, on pourra signaler un côté grand guignol assez présent qui fait sourire, même s'il ne semble pas très volontaire. Quand un capitaine de vaisseau se lêve de son siège et dégaine son sabre avant de donner un ordre, cela fait doucement sourire, surtout quand le ton est aussi solennel.
Du coté de la technique, on peut signaler une très nette amélioration de l'animation. L'histoire ne se prête pas vraiment à de grandes scènes d'action, à une caméra virevoltante ou bien à des personnages très animés, mais on sent tout de même un gros progrès dans les rares scènes ou les simples scrollings ne sont pas adaptés. Car oui, les scrollings et les plans fixes, même s'ils peuvent être assez frustrants visuellement sont ce qu'il y a de plus adapté pour rendre ce qui se passe dans un poste de pilotage. Les rares mouvements sont vraiment bien faits, et certaines scènes sont de toute beauté. Je pense aux différents lancements de mines, qui donnent lieu à des moments superbes.
Le mot de la fin sera pour les musiques. Elles sont simplement quelconques. Parfaites pour un space opéra comme celui-ci, mais quelconques, et peu diversifiées. On entend trop souvent les mêmes thèmes musicaux repasser en boucle, ce qui participe aussi au sentiment de lassitude que l'on peut avoir.
Banner of the Stars n'est pas une mauvaise série, mais le scénario semble par moment poussif et mou. Ceux qui auront le courage de regarder les treize épisodes qui la constitue ne seront tout de même pas déçus, contrairement à ceux qui auront laché la série en cours de route, et qui eux auront l'impression d'avoir perdu leur temps. Mais peut-être qu'il y a une sorte de syndrome de Stockholm pour les séries... En tout cas, après l'avoir vu, on a envie de s'intéresser au roman, ce qui est assez rare pour être mentionné. Malheureusement pour nous, ce roman n'a pas été traduit en francais, et mes recherches ne m'ont pas permis de savoir si il avait été traduit en anglais. Il semblerait qu'il faille faire une croix dessus. Dommage.