6.5/10X - la série et le film

/ Critique - écrit par juro, le 10/09/2004
Notre verdict : 6.5/10 - La série (Fiche technique)

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L'oeuvre du studio Clamp (Sailor Moon, Card Captor Sakura, Chobits, etc...) lorgnant sur une fin du monde à caractère épique est adapté à l'écran. Toujours teinté d'un profond romantisme, l'oeuvre a échoué dans les mains du studio Mad House (Hajime no Ippo) qui devait nous proposer une fin encore inédite. De gros moyens et beaucoup d'attente pour une récompense qui s'avère sentir le flou scénarisitque...

L'irréversible destin

Tout est déjà décrit ici en ce qui concerne le scénario mais je tiens juste à rajouter quelques éléments... Tokyo, 1999, le monde est en danger. Deux clans aux motivations contradictoires s'affrontent : les Dragons du Ciel (ou Sceaux) dirigés par la princesse Hinoto s'apprêtent à défendre ce monde face à l'assaut des Dragons de la Terre (ou Anges) menés par la soeur cadette de la famille royale, Kanoe. Quatorze combattants, dont le destin est de livrer la bataille qui décidera du sort de l'humanité, vont se répartir parmi les deux « Dragons » en tant que Sceaux ou Anges. Avant le début du conflit, ces deux équipes vont essayer d'attirer Kamui Shirô en leur sein car le destin du monde dépend de son choix...

Le destin vu par Hinoto se réalisera-t-il ? Le début de l'anime se résume à se poser cette question. La fragile princesse capable de prédire l'avenir pose le thème principal de X : dans un combat apocalyptique, Kamui affronte un autre... Kamui semblable à lui-même, son « étoile jumelle ». Elle veut conserver ce monde et le protéger de la déchéance dans laquelle sa soeur Kanoe veut le plonger. Les visons antagonistes se confrontent dès le début, le manichéisme est de rigueur. Rien de bien nouveau en perspective dans cet anime qui ne porte que le sceau de Clamp pour attirer l'attention. Vous l'avez compris, j'ai moyennement apprécié et cela pour plusieurs raisons.

100% shôjo

A vrai dire, une oeuvre de Clamp tourne toujours autour de deux, voire trois thèmes récurrents et comme le passage sur support vidéo nécessite une synthétisation, la philosophie se retrouve relativement gommée. Alors même si cet anime a soulevé les passions et que beaucoup y ont vu une oeuvre majeure rempli de thèmes surprenants, X ne reste rien de plus qu'un anime parmi d'autres. Tout d'abord le défaut principal réside dans la faiblesse du scénario. L'intrigue en elle-même est plus que basique, on est reparti pour un nouveau sauvetage du monde.

Restaient les références... l'apocalypse vue par Clamp, inspirée par celle décrite par Saint Jean, vole relativement bas. Les références sont exploitées de toute part sans avoir de véritable rapport entre elles. Plus l'anime avance, plus on se dit que les réponses seront autrement moins saugrenues que celles proposées dès les premiers instants, mais non. C'est faible et ça le reste jusqu'au bout. Après, il reste l'interprétation de ce scénario. A vrai dire, c'est sûrement le point le plus intéressant car en découvrant la mysticité qui s'en dégage, les interprétations peuvent être relativement différentes. Néanmoins, un gros bémol s'impose encore car la fin particulièrement grossière de l'anime gâche à peu près tout...

La reconduction de thèmes récurrents à toute oeuvre de Clamp pose aussi problème. L'adaptation vidéo pose les bases de l'amour version romantique. La vision japonaise constante de l'auteur consiste à montrer l'androgynéité des personnages masculins dont on arrive à un point de non-retour après quelques épisodes, des sentiments à fleur de peau (pas toujours rébarbatifs) constamment entravés de pleurs. Enfin, à côté de personnages originaux pas trop mauvais (la femme fatale, le salaryman, le fonctionnaire) et surtout un ennemi d'anthologie (Fuma), quelques personnages stéréotypés deviennent rapidement agaçants (la jeune lycéenne, le beau parleur, le brun ténébreux...). Le seul mérite réside peut-être dans le fait que l'univers dans lequel évoluent les personnages se trouve encore enrichi par l'animation.

Dans X, on pourrait presque remarquer trois temps : un début trop long, un dénouement convaincant et une fin trop courte. En effet, le lancement du scénario est d'une lenteur incroyable. Pas moins de sept épisodes pour savoir de quoi l'histoire retourne et à peu près autant dévoués à la psychologie des personnages. Par ailleurs, une différence notable par rapport au manga consiste dans le fait que la présentation des personnages ne se fait pas progressivement comme dans le manga mais d'un seul bloc.

Le dénouement est convaincant et chamboule les mentalités, apparaissant comme la meilleure partie. La narration est meilleure, les dialogues plus concrets et offrent la perspective d'un engouement pour la suite mais... je l'ai fait remarquer plus haut, la fin de l'anime est bâclée.

Comme le manga est toujours en cours, il fallait imaginer un dénouement et une fin inédite, ce qui pousse donc à un changement de ton par rapport à celui de l'oeuvre papier et à quelques différences au niveau de l'intrigue. En résumé, X propose du remplissage à gogo pour combler un vide scénaristique manquant cruellement d'imagination.

Le facteur X

Par contre, l'animation est excellente et on a droit à de très beaux passages animés qui contribuent à rendre l'oeuvre vraiment appréciable à l'oeil. Le studio Mad House a gardé le style « clampesque » pas toujours très original mais chatoyant. On se retrouve avec des personnages stylés de tous les niveaux sociaux de la société japonaise contemporaine qui se déplacent magnifiquement bien. La fluidité de l'animation est l'une des toutes meilleures que j'ai eu l'occasion de voir avec de rares plans fixes (qui sont eux-mêmes très réussis) et une colorisation resplendissante qui ne cesse de mettre en valeur des personnages assez expressifs.

L'OST est servi par un véritable orchestre et c'est un autre point séduisant de l'anime avec énormément de piano et de violons. Pourtant c'est le générique d'intro qui retiendra l'attention avec l'interprétation de X-Japan qui change radicalement la donne. Entraînant, le titre apparaît comme l'une des meilleurs "soundtrack" pour un anime... par contre, celui de fin est franchement mauvais.

Du manga à l'anime, l'adaptation a provoqué des changements et X se retrouve être un anime mi-figue mi-raisin. Des défauts scénaristiques moyennement compensés par des qualités graphiques laissent un goût amer. L'anime se définit comme une solution intermédiaire à un public avide de connaître le dénouement et qui se retrouve finalement berné par ses propres attentes.

Film X

Quant au film, intitulé X-1999, il faudrait tout bonnement l'interdire. Mauvais au point d'être vraiment douloureux à regarder. Le film reprend globalement le scénario de la série en omettant pas mal de détails pour aboutir sur une fin différente.

Techniquement, le film souffre d'un manque évident de moyens. Aussi bien au niveau de l'animation, du chara design que de la colorisation, le film ne représente qu'une pâle copie de la série. L'exemple type constitue ces plans totalement sombres et immobiles de Tokyo la nuit. Un fondu au noir donnerait la même impression...

Rien, absolument rien, à se mettre sous la dent puisque l'OST est aussi désastreuse que le reste. Non, vraiment, ce film est tout juste bon à gâcher de la pellicule.