Japan Expo 2012 - Entretien avec Olivier Pacciani (NOBI NOBI!)
Manga / Interview - écrit par OuRs256, le 30/07/2012
Suite de nos petits entretiens avec les éditeurs avec nobi nobi!, éditeur qui tient plus du livre jeunesse que du manga.
Entretien avec Olivier Pacciani, co-fondateur des éditions nobi nobi.
Kaguya, Princesse au Clair de LuneSalomon IFRAH (SI) : Aujourd'hui, c'est au tour d'Olivier Pacciani des éditions nobi nobi! de répondre à mes questions. Olivier, bonjour.
Olivier Pacciani (OP) : Bonjour.
SI : Est-ce que tu peux nous préciser l'origine du nom nobi nobi! ?
OP : Alors nobi nobi est une onomatopée japonaise qui signifie être à l'aise, se sentir bien. Le terme premier, c'est "s'étirer" et par dérivation vient le bien-être. Au Japon, un enfant nobi nobi, c'est un enfant qui grandit bien, qui évolue bien. C'est une notion très très positive.
SI : Ça donne bien la couleur de ce que vous voulez faire donc : mettre à l'aise les lecteurs et leur procurer un certain plaisir de lecture.
OP : Absolument !
SI : Japan Expo est un événement impressionnant et qui doit prendre un temps fou à préparer. Est-ce que vous pouvez nous en dire plus sur la façon dont un éditeur aborde le salon ?
OP : C'est très compliqué et ça se prépare longtemps en amont, notamment toute la logistique des auteurs à gérer. Cette année, on avait six auteurs invités donc il faut aménager le planning de chacun, entre les dédicaces, les demandes d’interviews... Et puis il y a la communication à faire avant, la décoration du stand à préparer, réunir le staff, penser à l'animation sur le stand... Tout ceci occupe bien les semaines précédent l'événement, nous sommes pas mal mobilisés là-dessus !
SI : Il y a donc de nombreux enjeux sur le salon. Est-ce qu'un salon raté serait synonyme d'année ratée ?
OP : Peut-être pas année ratée quand même, mais c'est vrai que c’est un rendez-vous important, surtout pour les lecteurs et les éditeurs de manga. Nous sommes avant tout un éditeur jeunesse donc les enjeux sont peut-être moindres, même si ça compte !
SI : Comment cela se traduit en terme de finances, de coûts en
Le secret de la grue blanche.gendrés par le salon ?
OP : C’est surtout la venue des auteurs qui est un coût important, surtout quand on travaille avec des auteurs vivant à l'étranger. Ein Lee a fait toute une tournée de dédicaces et ça aussi, ça a un coût. Aller de villes en villes, ce n’est pas anodin. Les coûts du stand, de la communication sont aussi à prendre en considération. On a fait nos petits calculs pour que malgré tout cela, on rentre dans nos frais.
SI : Pour les auteurs qui arrivent de l'étranger, est-ce que l'éditeur prend en charge d'organiser des visites ou des événements du même genre ?
OP : Oui bien sûr, leur planning est aménagé pour leur laisser du temps libre et faire du tourisme. Leur venue en France ne doit pas se résumer à faire des dédicaces (rires). D’ailleurs, ça leur donne parfois envie de revenir.
SI : Japan Expo représente un temps fort dans l’année de l’éditeur. Après, c'est plus calme non ?
OP : C'est plus calme... Hum... Pas pendant très longtemps ! Car il faut vite se remettre au travail pour préparer les prochains livres à paraître. Il y aussi de nombreux salons à préparer en fin d'année pour nous, en édition jeunesse, car il y en a pas mal avec l'approche des fêtes de Noël. La pause après Japan Expo est donc assez courte.
L'oiseau rouge.SI : Comment vous décidez de publier un nouveau livre? Est-ce que vous recevez des propositions de texte ou d'illustrations ?
OP : C'est très variable. Pour ce qui est des contes, la plupart du temps, ça vient de nous. On a certaines histoires précises que l'on a envie de développer et on contacte les illustrateurs qu'on juge meilleur pour tel ou tel titre, et pareil pour les auteurs. On essaye de trouver les bonnes personnes pour les projets que l'on veut développer. Mais il arrive aussi qu’un illustrateur vienne vers nous en disant « Je voudrais vous proposer d’illustrer tel conte ». C’était le cas pour Princesse Pivoine par exemple, proposé par Ein Lee. Pour les créations on reçoit aussi pas mal de projets déjà définis, et ça peut aboutir sur un livre comme L'Oiseau rouge ou Les couleurs de Bilo. Après, pour ce qui est des achats de licences, ça fonctionne au coup de cœur.
SI : Au niveau du timing de publication, est-ce qu'il y a un planning pré-établi avec des moments à éviter, des temps forts ?
OP : En Jeunesse, il y a Noël et ses salons, comme période forte. On fait des sorties essentiellement en fin d'année et au printemps. Après, en début d'année, c'est plutôt creux. On sort huit à dix titres par an pour l’instant donc on essaye de privilégier la qualité au maximum, en les sortant à des périodes plus favorables.
SI : Beaucoup d'éditeurs commencent à mettre leur titre sur les
Les couleurs de Bilo. plates-formes numériques comme iTunes ou iZnéo. Est-ce que ça a un réel intérêt pour un éditeur comme nobi nobi! ?
OP : C'est intéressant dans la mesure où c'est une nouveauté et toutes les nouveautés sont bonnes à explorer. Après, dans l'immédiat, je ne sais pas si le livre illustré et le numérique vont forcément ensemble. Il y a déjà quelques titres mais ce n’est pas ce qui est le plus attendu. En ce qui concerne le livre pour enfant, le papier tient bon ! On n’a pas encore assez de titres pour justifier de se diversifier à ce point-là. Mais ça reste dans un coin de notre tête.
SI : Est-ce que vous pouvez nous parler un peu de ce qui nous attend pour la fin de cette année ?
OP : À partir de la rentrée, il y aura des titres dans la collection 1,2,3 Soleil, qui n'a pas trop été développée cette année. Arrivera notamment Mon voisin Masuda, l’histoire d’une petite fille martyrisée à l’école par son camarade de classe ! Un sujet traité avec beaucoup d’humour et de subtilité par Miho Takeda.
SI : Un petit message à faire passer aux lecteurs de Krinein ?
OP : D'années en années, de Japan Expo en Japan Expo, de salons en salons, on constate que l'on est de plus en plus suivi et ça nous fait très plaisir. Alors merci beaucoup !
Princesse Pivoine.SI : On le voit avec l'évolution de la taille du stand ! Il est de plus en plus grand.
OP : Oui, il est de plus en plus grand… Mais c’est grâce à l’accueil qu’on a eu et au lectorat qui nous suit. Quand on a lancé nobi nobi !, on imaginait que ça pouvait intéresser un certain public, du moins on l’espérait, mais tant que les livres ne sont pas en rayon, on ne sait pas vraiment. Et il se trouve que ça commence à se vérifier. C'est long, il faut que tout se mette en place, mais notre évolution suit son cours. Malgré le grand nombre d'éditeurs jeunesse (au moins 200), plus important que le nombre d'éditeurs manga (une quinzaine), nobi nobi ! commence à trouver sa place grâce à son identité, et c’est ça le plus dur. On tient bon grâce aux gens qui nous suivent et nous soutiennent, et pour ça un grand merci à vous ! On espère que vous aller continuer à nous encourager !!
SI : La dernière question, ma préférée, je demande quelque chose et il faut répondre de manière immédiate. Un manga ?
OP : 20th Century Boys.
SI : Un auteur ?
OP : Ai Yazawa.
La princesse au bol enchanté.
SI : Un personnage ?
OP : La Princesse au bol enchanté.
SI : Une rivalité ?
OP : Goku/Végéta (Dragon Ball).
SI : Un couple?
OP : Végéta/Bulma (rires) (Dragon Ball).
SI : Une scène ?
OP : Le moment où le héros se rend compte que tout ce qui passe était dans le cahier, dans 20th Century Boys. Énorme !
SI : Une attaque ?
OP : Les météores de Pégase ! (Saint Seiya).