6.5/10Hunter X Hunter - la série

/ Critique - écrit par Jade, le 28/08/2006
Notre verdict : 6.5/10 - Hunter bof Hunter (Fiche technique)

Tags : hunter gon kirua togashi episode yoshihiro manga

On se demande parfois quels sont les critères d'adaptabilité d'un manga en série TV. Il est vrai qu'il faut bien chercher pour trouver un manga un tant soit peu célèbre qui n'ait pas sa petite adaptation animée. La raison principale serait donc l'opportunisme pur et simple et à peine déguisé. Qu'on ne vienne pas se plaindre après si la qualité n'est pas systèmatique.
Sans corrélation avec le paragraphe précédent, la série de Hunter X Hunter est sortie au Japon il y a un bon moment de cela, trois bonnes années pour être plus précis. A l'époque, il s'agissait d'un événement sans précédent, attendu par tous. Et voila que le produit débarque en France, beaucoup moins intéressant qu'au moment où le manga en était à son apogée.

Le problème qui se pose pour adapter une série comme Hunter X Hunter, c'est bien évidemment celui du scénario. Rarement un manga papier n'aura été si peu construit et imprévisible, et son auteur, Yoshihiro Togashi, semble peu disposé à en révéler les ficelles - d'aucuns prétendent que lui-même les ignorerait, ce qui ne serait pas très étonnant à vrai dire. Quoiqu'il en soit, un choix s'impose sur ce plan aux scénaristes de la série TV. Le premier consisterait à rester fidèle au manga et le suivre à la lettre, quitte à s'interrompre lorsque M. Togashi décide de prendre une année sabatique, ou qu'il sort un volume entier dédié à l'art de la poterie. La deuxième solution, celle employée par les studios Pierrot pour Naruto, est de suivre le manga jusqu'à l'avoir rattrapé, puis de suivre une ligne fictive divergente. Procédé intéressant qui permettrait d'avoir deux histoires différentes en partant d'une même base.
Nippon Animation opte apparement pour la première solution. 'Apparement', car il semblerait que le projet ait été abandonné avant de rattraper l'anime.

Après un générique très J-pop qui fera sûrement sourire les fans du manga, le spectateur attentif et désireux de se faire un avis éclairé sur la série remarquera la palette de couleurs majoritairement vives et chaudes, qui retranscrit bien le coté mignon du manga. Le character design colle à celui du manga tout en étant plus simple afin de permettre une animation plus souple. Les décors sont pour la plupart éclatants de lumière et très colorés. En bref, le coté shônen mignon du manga est respecté à la lettre, avec un certain talent, même. Le personnage de Gon a de grands yeux pleins d'innocence, et en règle général, l'image semble avoir bénéficié d'un certain soin. Le moins que l'on puisse dire, c'est que Hunter X Hunter est une série agréable à regarder.

Cependant dès le premier épisode, on comprend ce qui cloche et qui va clocher jusqu'à la fin de la série. C'est fade, beaucoup trop fade : les personnages sont gentils et souriants, frôlent parfois la niaiserie. Les bons sentiments et la morale bien lourde à la japonaise trouvent une place qu'ils n'avaient pas dans le manga d'origine, bien au contraire. En conséquence, les aspects piquants du manga sont atténués. Hisoka n'est plus qu'un psychopathe pour enfants, Kirua (Killua plutôt) ne tue que les méchants. Si le scénario est extrêmement fidèle à l'original - mis à part des petites rajouts parfaitement inutiles sûrement destinés à rallonger le nombre d'épisodes -, la narration est bien plus lente, appuyant sur les pensées des personnages afin de ne pas perdre le spectateur-cible, présumé très stupide. Tout le coté malsain, cruel et adulte des personnages est donc nié pour faire de Hunter X Hunter un shônen exemplaire et lisse. La mise en scène fait beaucoup penser à celle de Naruto, mélodramatique et lourde à souhait.

Le problème, c'est qu'il y avait des combats dans Naruto. Ici, l'action est plus réfléchie, les scènes violentes plus rares et plus brèves. Et l'on se rend vite compte de la médiocrité de l'animation. Si celle-ci à le mérite d'être constante, elle pêche vraiment lorsqu'il y a des actions dynamiques comme des combats. Pourtant, quand les personnages sont au repos, il n'y a aucun problème notable, si ce n'est une certaine staticité somme toute plutôt commune dans l'animation japonaise. Mais le ciel bouge, les papillons volent, en bref, les décors sont bien animés.
C'est donc quand ça pète que rien ne va plus, et les animateurs s'en sont rendus compte. En conséquence, les scènes sont réduites au minimum syndical en terme de combats et autres. Du coup Hunter X Hunter devient une série guimauve où rien ne se passe, et ce lentement, qui plus est.

On s'ennuie quand même pas mal en regardant Hunter X Hunter, surtout si l'on connait bien le manga d'origine. Pourtant, passé une vingtaine d'épisodes, on a l'impression que les scénaristes se réveillent. La série quitte l'état larvaire l'espace de quelques scènes pour acquérir une identité propre et une réelle structure au lieu de suivre mollement un fil scénarique sans en connaitre le but sur le long terme comme sur le court. Il semblerait que le sujet soit enfin maitrisé par le metteur en scène, qui se permet de prendre les devants par rapport au scénario. C'est surtout les sentiments de Killua qui sont mis en avant, et qui le sont de manière intelligente.

Maigre consolation pour le spectateur, et difficile de savoir si cet élan de motivation aura une suite au delà du trentième épisode (la fin du test Hunter). Quittons nous en parlant du réel point positif de cette série, à savoir la bande-son. Magnifiquement orchestrée et entrainante, elle a bien du mal à coller avec l'image, mais mériterait qu'on lui porte une attention toute particulière.

La série Hunter X Hunter ne fait clairement pas le poids par rapport au manga, dont elle n'est qu'une simple copie de bas étage. A réserver aux plus jeunes ou à ceux qui n'ont pas lu le manga - et ne veulent pas le lire.