La Dame de la Chambre Close
Manga / Critique - écrit par juro, le 20/06/2004 (
Minetaro Mochizuki nous avait déjà terrifié avec Dragon Head, sombre histoire qui mettait le monde à feu et à sang. Son génie consistant à présenter les situations les plus critiques sans aucun espoir lui a fait une renommé méritée. Les seinens étant très souvent glauques voire bourrés de déchets sanguins, on se demandait bien comment le mangaka pouvait produire une oeuvre aussi, sinon plus, noire que la précédente. Surtout que ladite oeuvre est un one-shot, un concentré d'action et de suspense paru sous le titre de La Dame de la Chambre Close.
Non, pas de maison close (désolé pour les amateurs du genre) et pas vraiment de femme à proprement parler car l'hideux personnage qui se cache derrière est un symbole représentatif au limite du stéréotype du slasher à la japonaise. C'est peu dire que le titre n'est pas représentatif de l'intrigue mais exception faite de ce détail une vraie intrigue est mise en place et même si celle-ci est petite, elle a tout d'une grande.
Derrière la porte...
La Dame de la Chambre CloseHiroshi Mori vit seul dans une chambre. Jeune homme sans problème, il va à la fac et travaille dans une supérette. Sa grande faiblesse se nomme Rumi, lycéenne au charme débordant, pour laquelle il n'arrive pas à déclarer sa flamme. Sa vie est aussi palpitante que celle d'un garçon de son âge, son travail mortel d'ennui, ses relations avec son voisin inexistantes et seules ses sorties nocturnes avec son ami Satake lui procurent un peu de bonheur dans cette morne existence jusqu'au jour où...
Une nuit, le bruit permanent du « toc-toc » contre la porte de son voisin Yamamoto, est tellement insoutenable qu'Hiroshi se sent obligé de sortir voir ce qu'il se passe... il n'aurait jamais dû ! Devant lui se tient une femme au physique à la fois impressionnant et difforme. Ses longs cheveux, sa tête penchée, ses ongles dignes de griffes d'un tigre et son sourire carnassier lui donnent une allure dégingandée, presque inhumaine. Comble de la terreur, elle ressemble en tout point au personnage de Sadako, l'horrifique personnage de Ring. A première vue, celle-ci n'inspire pas confiance ainsi que son attitude et sa manière de s'exprimer à la limite de l'insulte. Pourtant, après quelques brèves explications, Hiroshi parvient à s'en défaire sans trop de soucis... en tout cas c'est ce qu'il croyait car la suite ne va être qu'une succession de harcèlements et de provocations qui vont contribuer à rendre ce personnage féminin odieux voire même monstrueux. Cependant, ses motivations restent incompréhensibles et Hiroshi ne va pas tarder à enquêter : vengeance ? Folie plus que passagère ? Tous les stratagèmes semblent bons pour pourrir la vie de l'étudiant mais la lutte ne fait que s'engager...
Harcèlement à Tokyo
Le protagoniste ressemble beaucoup à celui de Dragon Head en tant que jeune homme faisant face à une situation totalement déjantée. Son comportement humain très loin de l'héroïsme inconscient rend le personnage crédible et très vite, on prend parti pour lui contre ce monstre épouvantable que représente cette femme sans nom. C'est d'ailleurs elle qui rend le manga plus attrayant car son rôle de terreur en fait le personnage le plus réussi par ses qualités surhumaines ainsi que ses incroyables positions et répliques dénuées de tout sentiment. De plus, son égocentrisme hypocrite lui confère un avantage lors de ses affrontements verbaux et physiques contre Hirsohi et ses amis. Ceux-ci sont des personnages secondaires qui vont prendre fait et cause pour leur ami : la jeune et belle Rumi rappelle aussi le personnage féminin de Dragon Head tandis que Satake fait preuve d'inconscience face au danger qui le menace.
La patte de Minetaro Mochizuki est aisément reconnaissable. On ne peut pas vraiment constater une évolution mais la qualité est toujours aussi présente. Cependant, les mêmes défauts sont aussi visibles que dans son précédent manga. On peut noter une pointe d'humour un peu plus présente et un scénario passionnant mais encore une fois la fin est un peu tronquée laissant place à une interprétation. Je n'irai pas jusqu'à dire que Mochizuki ne sait pas terminer le scénario de ses oeuvres mais celles-ci finissent en queue de poisson.
La Dame de la Chambre Close est dans la veine des bons seinens qui rendent l'action présente du début jusqu'à la presque fin avec un trait s'adaptant au genre. Cependant, le manga ne casse pas non plus des briques et parmi les seinens, même si la densité n'est pas si élevée, on peut trouver mieux.