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8.5/10Blue

/ Critique - écrit par Maixent, le 05/01/2013
Notre verdict : 8.5/10 - Blue Velvet (Fiche technique)

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Blue est un seinen, soit orienté vers une partie bien spécifique de la population, le mâle alpha âgé de 15 à 30 ans. C’est pourquoi on est bien loin des Pokémons mais plus proche de la réalité du quotidien. En un sens, Blue est un manga très européen dans sa conception et les sujets abordés, assez proche de Taniguchi mais sans l’aspect contemplatif.

Attention, ne pas confondre Blue avec Blue même si la tentation est
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grande. Les livres se ressemblent à l’extérieur mais s’ils se rapprochent de l’intime à l’intérieur, restent certaines subtilités qui les différencient. Là où le livre de Kiriko Nananan traite de l’homosexualité et de ses tabous avec un regard mélancolique empreint de douces suggestions érotiques dans un style très contrasté, celui de Naoki Yamamoto est beaucoup plus frontal dans son approche, même si empreint d’une douce torpeur face au quotidien.

Connu en France pour la série Asatte Dance, Naoki Yamamoto est une référence érotique bien loin du hentaï, faisant évoluer ses personnages dans leur quotidien, ce qui implique de nombreuses scènes de sexe. Déjà dans Asatte Dance, les héros étaient confrontés à la complexité des sentiments, subissant leurs vies et leurs envies plutôt qu'étant leur maître. Le truculent personnage d’Aya emplissait chaque page de sa douce folie désenchantée et de son érotisme troublant libre de toutes contraintes, face à un jeune étudiant tiraillé entre sa passion du théâtre et son devoir, jouet consentant bien qu’involontaire de ses pulsions incontrôlées.

Ici, nous avons moins le temps de nous attacher aux personnages pour la simple raison qu'il s’agit d’un recueil de nouvelles et non pas d’une histoire complète en sept tomes couvrant plusieurs années et une galerie
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de personnages hauts en couleur allant du yakuza au prétentieux théâtreux. Plus que les personnages eux mêmes, ce sont leurs sentiments qui sont mis en avant, chacun ne servant que de réceptacle à une bouffée d’émotion qui peut durer un instant ou s’étaler sur plusieurs jours. Posant un regard à la fois tendre et moqueur, empli de nostalgie tout en étant conscient du ridicule adolescent de ces sentiments inaboutis, l’auteur nous transporte l’espace de quelques pages dans un monde très proche de chacun malgré (ou grâce à) l’absurdité des situations qui nous renvoient à notre condition précaire.

Les histoires en elles-mêmes sont très différentes. On trouvera de jeunes
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adolescents vivant leurs premiers émois dans la moiteur d’une salle obscure, se retrouvant au cinéma où ils connaîtront leurs premiers attouchements. D’autres choisiront plutôt un local abandonné sur le toit de l’école pour faire l’amour sans vraiment de passion, un peu par hasard, avalant des pilules de Blue par poignées, rattrapés par une émotion naissante qui les encombre et les trouble. On fera la connaissance d’un monarque impitoyable, au visage poupon n’exprimant aucune émotion, contraint d’aller à l’école à cause de son jeune âge, repoussant des hordes de jeunes filles prêtes à tout pour lui voler sa précieuse semence et devenir reines, et se méprenant sur l’amour de l’une d’elle, la tuant dans sa toute puissance et son incompréhension. Les autres feront ce qu'ils peuvent pour trouver leur voie, s’abandonnant au plaisir ou manipulant leurs proches, toujours dans une quête morne d’un sens à leu vie.

Dans le monde de Naoki Yamamoto s’entremêlent en permanence les pulsions de vie et de mort. Entre humour noir, érotisme et absurdité de l’être, ses héros portent un regard blasé sur le monde, avec parfois des lueurs d’espoir ou de plaisir mais très vagues et ne réussissant jamais à leur faire dépasser  leur condition.
Au final, le ton est donné, un goût doux-amer et une vision du monde très directe qui s’exprime surtout dans la sexualité. Une œuvre à part entière à rapprocher de cette nouvelle vague de manga que nous découvrons en France depuis une dizaine d’années, le manga pour adultes qui fait réfléchir.