8.5/10Le Zoom de la semaine - Le Chef de Nobunaga, masterchef dans le passé

/ Critique - écrit par OuRs256, le 17/05/2014
Notre verdict : 8.5/10 - Cyril Lignac peut rendre son tablier ! (Fiche technique)

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Ken est un cuisinier de notre temps. Mais un jour, il se réveille dans le Japon du XVIe siècle en pleine époque Sengoku, “l’ère des pays en guerre”. Ayant entendu parler de ce cuisinier de talent vivant à Kyôto, Nobunaga, gouverneur féodal, décide d’en faire de force son cuisinier personnel… Partant à la guerre combattre les forces des Kitabatake en Ise, Nobunaga décide de le prendre avec lui. En difficulté sur le front, il ordonne à Ken d’aller en finir avec cette guerre… Cuisinier venu de l’époque moderne, Ken arrive à séduire les samouraïs et daimyôs de l’époque Sengoku ! Une incroyable histoire mêlant guerres et gastronomie !

Nouveau seinen arrivé chez Komikku au mois de mars, Le Chef de Nobunaga se positionne un peu comme un Jin (série parue chez Tonkam) soit un personnage principal venant du vingt-et-unième siècle qui se retrouve catapulté dans un Japon féodal qu’il n’a connu que dans les livres d’histoires. Il tente donc de survivre en utilisant ses connaissances pour survivre dans son nouvel environnement. Dans cette série, ce ne sont pas les dons de médecins qui seront mis en avant mais les compétences de cuisiniers. Eh oui, même si les personnages principaux des deux séries possèdent une capacité particulière qui se pratique avec les mains, celui qui nous intéresse aujourd’hui à le mérite de mettre la plupart de nos sens en ébullition. Attention cependant, ce n’est pas du Yakitate Ja-Pan!!! non plus ! 

Moderne contre Ancien. 

Le Zoom de la semaine - Le Chef de Nobunaga, masterchef dans le passé
Ken, jeune homme complètement perdu se réveille dans une époque qui ne correspond pas à la sienne. Comment le sait-il puisqu’il a perdu la mémoire ? Eh bien, il faut croire qu’il le sens tout simplement. Il remarque assez rapidement que quelque chose ne va pas mais ne se laisse pas décourage pour autant. Sauvé par une jeune fille dans un village, il se met à cuisiner de vraies petites merveilles avec peu de moyens. C’est donc tout naturellement qu’il va attirer l’oeil de l’un des hommes les plus puissants de l’époque : Nobunaga Oda. 

C’est à partir de ce moment que la série commence vraiment et que l’auteur titille notre curiosité. Il va mettre le talent de Ken, un homme ordinaire au service d’un homme extraordinaire, d’un visionnaire. Grâce aux petits plats mijotés par le jeune homme, Nobunaga va donc disposer d’une arme supplémentaire pour triompher face à ses détracteurs. Il va l’utiliser afin de se mettre dans la poche des seigneurs qu’il aurait été difficile de battre sur le terrain et qui lui auraient coûté cher en vies humaines. 

Que les lecteurs férus d’action ne s’inquiètent pas trop non plus, les auteurs nous proposent aussi de nombreuses scènes de combats très crues, qui vont servir à montrer la réaction d’un homme moderne face à une façon de combattre que l’on pourrait qualifier de barbare, d’antique. Cette opposition du nouveau et du plus ancien se retrouve en filigrane dans chaque chapitre du titre. Ken doit, en permanence, jongler entre sa façon de penser traditionnelle (la moderne donc) et le style de vie du Japon féodal. Elle se voit aussi dans la cuisine produite qui tente de mêler habilement des éléments traditionnels avec ce qui fait le succès des plats modernes (le dressage, les alliances de saveurs qui semblent opposées…). 

Effet papillon ? 

Le Zoom de la semaine - Le Chef de Nobunaga, masterchef dans le passé
Comme dans tous les manga qui tentent de s’ancrer dans le réel, on peut se poser une question simple : quid de l’effet papillon ? Est-ce que les actions de Ken ne vont pas avoir une influence (qu’elle soit positive ou négative) sur le futur ? Est-ce que le jeune homme sera assez intelligent pour survivre tout en ne changeant aucun événement crucial de l’histoire du Japon ? En tout cas, on sent qu’il y réfléchit et qu’il tente de se rappeler tant bien que mal de ses cours d’histoire (même s’il ne se souvient pas de son identité ni d’où il vient ou comment il est arrivé là). Il rencontre d’ailleurs des personnages dont il a entendu parler et qui ont fait vibrer l’enfant qu’il était. On sent une véritable excitation lorsqu’il rencontre les généraux de Nobunaga et les hauts dignitaires de l’époques. 

Après deux tomes, l’intrigue soulève plus de questions qu’elle ne donne de réponses mais certains messages des auteurs sont assez clairs. L’utilisation de Ken aux fourneaux en temps de guerre pour faire en sorte que les troupes ne souffrent d’aucune carence nutritive nous en dit long sur leur conception d’une bataille qui se doit d’être préparée et gérée de manière efficace. De plus, les plats que le japonais préparent pour les hommes politiques ont aussi une signification bien particulière, preuve qu’un repas peut en dire long sur les intentions de celui qui le sert (ce que Nobunaga jugera bon d’utiliser très rapidement). Avec juste assez de détails pour ne pas ennuyer le lecteur et insuffler une bonne dose de réalisme à leur série, il faut avouer que l’on a le droit à une vraie réussite narrative. C’est efficace, bien documenté et assez dynamique pour ne pas perdre le lecteur qui serait moins patient. 

En fait, quand on voit la situation actuelle de la série Jin chez Tonkam, on peut penser que les éditions komikku ont été courageuses de sortir Le Chef de Nobunaga. Le titre dispose de beaucoup de qualités (des couvertures magnifiques, un thème original, une narration efficace, un personnage principal sympathique, un personnage secondaire charismatique…) qui ne passeront pas inaperçues chez les plus gros lecteurs de manga. Comprenez que la série devrait faire son trou petit à petit et devenir un excellent achat pour quiconque se dit amateur de seinen.