8/10The World is Mine

/ Critique - écrit par juro, le 03/04/2007
Notre verdict : 8/10 - Le manga préféré de David Guetta (Fiche technique)

Pour tomber dans les stéréotypes, le manga est ultra violent. Si ceci est faux, The World is Mine ne contribue aucunement à en dissuader les mauvaises langues. Hideki Arai propose une oeuvre axé autour de toutes les sortes de brutalités possibles en mettant aux prises un couple de personnages déjanté face à un monde absolument pas fait pour eux. Après un Ki-itchi !! déjà fort en gueule, une des rares parutions Sakka en format moyen est bien décidé à casser la baraque. La brûler est une éventuelle solution....

Ultra violence

The World is Mine
The World is Mine
Toshi est un jeune homme à l'apparence d'étudiant modèle. A l'inverse, Mon-chan a tout de la bête. Unis envers et contre tout, ils parcourent le Japon au gré de leurs caprices, disséminant des bombes artisanales et semant partout le chaos. Tandis que parallèlement, un mystérieux animal, baptisé par les médias Higumadon (« Ours brun »), décime sur son passage troupeaux, promeneurs et chasseurs...

On pourrait en rire. Mais non. On pourrait prendre peur. Ça, par contre... Mais le cerveau déjanté d'Hideki Arai propose un maximum d'excentricités par le biais de deux apprentis terroristes aussi atteints psychologiquement que dangereux. Sillonnant tout le Japon, ils provoquent la terreur en vivant comme des asociaux sans voir le lendemain se profiler. Au jour le jour. Et pourtant, rien n'avait été prévu pour unir Mon-chan, homme des cavernes rappelant tout à fait le personnage de Ki-itchi en cent fois plus brutal et Toshi, être plus sensible perdant progressivement toute notion des réalités au contact de sa bête d'ami. Les considérations sociales ne sont pas le propre de nos protagonistes prêts à tout pour atteindre leur mystérieux but (s'il existe). Pendant ce temps, un autre événement étrange terrorise l'archipel. Les deux sont promis à se rencontrer, le choc sera terrible... De ce manga se dégage, une odeur malsaine mais imprégné de main de maître par le mangaka comme il l'avait déjà fait pour son oeuvre précédente en donnant une vision d'un autre Japon, celui de l'envers. Pas de place au rêve, tout est tristement réel, excepté cet ours à la taille inimaginable comme une vengeance de la Mère Nature sur les urbains semant destruction derrière eux. Arai nous conterait-il une fable moderne ?

La grosse bête qui monte, qui monte, qui monte...

Rien n'est moins sûr. The World is Mine trempe les pieds dans la violence physique, verbale, animale... Sous toutes ses formes et les causes engendrés (solitude, misanthropie...). A tel point que le personnage de Mon-chan fascine par son côté libre et atypique, anti-conformiste. A l'inverse, l'autre est pathétique. La combinaison voulue de ses deux personnages donne un contraste troublant mais complémentaire au final. Chacun ayant besoin de l'autre pour survivre et atteindre son objectif. Les rapports humains sont bafoués, toute dimension sociale est revue et Mon-chan revient encore et encore sur le tapis. Comme pour Ki-itchi !!. le manga n'est pas dénué d'humour mais celui-ci passe inaperçu devant le déluge de barbarie. Arai passe le message très clair que les individus marginaux et non contrôlés sont des bombes humaines potentielles, prêtes à exploser en entraînant tout sur leur passage. Et par là même, il dénonce l'individualisme d'une société qui préfère détourner les yeux de ses cas à interner plutôt que d'affronter les problèmes, d'où l'appel à une force sortie de nulle part. Mais nulle part, c'est être perdu au beau milieu de la nature. Et la nature a décidé de se venger... Bestialement.

Le coup de crayon d'Hideki Arai n'a pas varié d'un millimètre entre The World is Mine et son suivant. Le trait reste aussi brutal et puissant, délivrant des impressions orageuses en pagaille. Ce qui est vrai pour l'un est vrai pour l'autre, le mangaka ayant visiblement conservé la même envie de montrer sa répulsion des codes de la société actuelle. Par conséquent, le trait n'est pas fait pour être séduisant mais le style est convaincant et adapté à l'oeuvre comme pour contrer toutes les moralités bien pensantes. Un manga choc qui ne peut laisser indifférent.

Il faut prendre The World is Mine comme une critique satirique de notre monde actuel, promis à un grand danger et à des dérives comportementales face au manque de repères incessants de la jeunesse. Le message d'Hideki Arai se cache derrière des faits et une métaphore de la vie empruntée par ses deux hommes sans attache. La couverture du manga est presque entièrement noir, comme un signe annonciateur de l'intérieur. Alors comme on dit dans ces cas précis : « âmes sensibles, s'abstenir ».