7.5/10Le Voyage en Occident

/ Critique - écrit par Kei, le 30/06/2007
Notre verdict : 7.5/10 - Ce n'est pas au vieux singe qu'on apprend à faire la grimace. (Fiche technique)

Adaptation très réussie en manga d'un des plus célèbres contes chinois. Une lecture à la fois enrichissante et divertissante.

Dans la tête de la plupart des lecteurs, la bande dessinée asiatique, qu'elle soit chinoise, japonaise, taïwanaise ou coréenne doit très certainement être mise dans un seul et même sac. Et pourtant il n'y a pas besoin de s'intéresser longtemps à la question pour découvrir des oeuvres fondamentalement différentes. Ce manhua en est la meilleure preuve. Alors que les bandes dessinées japonaises sont produites uniquement pour le marché japonais, et qu'elle sont ensuite importées par les éditeurs français qui vont les chercher, Le Voyage en Occident est le fruit d'une volonté à l'export. Cette bande dessinée, créée par un studio chinois dont la taille et les ambitions donnent le vertige, met en image un des romans traditionnels asiatique les plus connus dans le reste du monde. La Légende du Roi Singe (ou Le Voyage en Occident, les deux titres sont utilisés) n'est ni plus ni moins que la légende qui a servi de base au plus grand manga de tout les temps (questions chiffres de vente) :
Dragon Ball. Même si ce fait est connu de la plupart des amateurs de mangas, ceux qui connaissent la légende se comptent sur les doigts d'une main d'habitant de Tchernobyl (ils ne sont pas si peu nombreux que ça).

Le Voyage en occident (c) Xiao Pan
Le Voyage en occident (c) Xiao Pan
Le Voyage en Occident
raconte les pérégrinations d'un singe sorti d'une pierre. Comment il devint roi, puis immortel. Comment il devint puissant et craint. Comment il devint l'égal d'un Dieu.

Difficile de parler de la qualité du scénario. De la même manière qu'il est dur de juger de la qualité des contes de Perrault ou des histoires des chevaliers de la table ronde, on ne peux pas vraiment critiquer Le Voyage en Occident. Ce conte fait partie d'une culture très différente de la nôtre. Et même si le talent du conteur joue beaucoup, la trame de fond reste la même. Sur le fond donc, rien à dire. Sur la forme par contre, tout n'est pas parfait. Les événements s'enchaînent un peu violemment. La narration est tout ce qu'il y a de plus logique dans la mesure où il s'agit d'un conte racontant la vie complète d'un immortel, et non pas juste un épisode de la vie d'une personne. On saute d'un événement marquant à un autre, sans réelle continuité entre ceux-ci. Le récit se retrouve donc saccadé, haché. Il manque de fluidité et de naturel. Mais c'est bien là le seul reproche que l'on puisse lui faire. Car pour le reste, il est exemplaire.

Le Voyage en occident (c) Xiao Pan
Le Voyage en occident (c) Xiao Pan
Il permet surtout de constater le monde qui existe entre nos civilisations. Nos contes ne sont pas toujours tendres (voir La Petite fille aux allumettes) mais le héros est toujours vertueux. Il est la victime, attendant son jour. Le beau roi singe n'est rien de tout cela. Il est fort, puissant, arrogant, sans aucune considération pour les conventions sociales, sans respect pour qui que ce soit. C'est un individualiste forcené qui n'hésite pas à se débarrasser de tout ce qui se met en travers de sa route et pour qui l'usage de la force n'est pas un dernier recours. Loin de là. Le récit est très guerrier. C'est une aventure, racontée sans détour. On est décidément bien loin des frères Grimm. Pour le lecteur européen, c'est un dépaysement garanti et apprécié.

Concluons sur l'excellente qualité du travail fourni par Xiao Pan. L'impression n'a rien de bien fantastique, mais la traduction est excellente. Tous les niveaux de langages sont très bien rendus, avec une modernité étonnante. On avait pu avoir des échantillons de langage familier et vulgaire dans bien des manhua, mais ici cela sonne particulièrement juste. Un vrai plaisir.