7/10Ulysse 31

/ Critique - écrit par juro, le 13/04/2005
Notre verdict : 7/10 - "L'Homérique, L'Homérique..." (Joe Dassin inside) (Fiche technique)

Tags : ulysse nono dessin crockett denny animation egan

La guerre de Troie n'a pas eu lieu, le règlement du conflit s'est fait à l'amiable avec à leur tête le diplomate-guerrier Ulysse. Le chemin du retour se profile à l'horizon pour les vainqueurs et héros fatigués par l'usure du conflit. Mais rapidement, ce qui s'avérait être un voyage de santé va se transformer en un calvaire rallongé à cause de la volonté des dieux grecs. Une histoire déjà vue ? Il semble qu'un certain Homère ait écrit une oeuvre se rapprochant mais il est bien évident que son aura ne se rapproche pas de celle de cet anime mythique se déroulant au XXI° siècle et justement nommé Ulysse 31 (Uchuu Densetsu Ulysses 31). Sa sortie DVD méritait bien d'être couverte.

Retour vers la Terre

A bord de l'Odysseus, Ulysse s'embarque pour retourner sur la terre avec ses compagnons et son fils Télémaque. Le répit de son éreintante mission aura été de courte durée car après quelques instants de voyage, une boule de feu frappe de plein fouet le vaisseau spatial emportant avec elle Télémaque sur une planète inconnue. Des moines borgnes y vénèrent le cyclope, fils de Poséidon. L'enlèvement de Télémaque fait écho à celui des Zotriens, Thémis et Noumaïos, en vue d'être sacrifiés sur l'autel divin. L'intervention et la victoire d'Ulysse sur la secte vont mettre fin au massacre prévu mais son erreur aura été d'aveugler définitivement le cyclope. Lors de son départ précipité de la planète, seule la voix de Zeus résonne au milieu de cet espace infini : « Quiconque ose défier la puissance de Zeusdoit être puni, tu erreras désormais dans un monde inconnu. Jusqu'au royaume d'Hadès, vos corps resteront inertes »... Seul trois êtres vivants résisteront miraculeusement à cette malédiction : Ulysse, Télémaque et Thémis mais aussi Nono le petit robot rouge, amuseur public numéro un et mangeur de clous invétéré. Condamné à une galère de vingt-six épisodes au milieu de l'Olympe, c'est un combat de tous les instants, un voyage sans fin, une odyssée digne des plus grands space opera...

Si l'oeuvre d'Homère est le point de départ d'Ulysse 31, la suite ne donne lieu qu'à de vagues présentations des principales péripéties subies par l'infatigable roi-voyageur d'Ithaque. Au menu, Calypso, les Sirènes et autres Circé mais aussi des références à l'ensemble de la mythologie grecque et égyptienne avec Orphée et Eurydice ou le Sphinx. Le pot pourri qui caractérise l'anime multiplie les symboliques et réduit l'espace d'un épisode les passages importants du livre original. Par ailleurs, outre l'apparition de personnages supplémentaires comme Nono ou les Zotriens, Télémaque accompagne son père sur sa destinée incontrôlable dans l'Olympe, ce qui change bien les données du problème. Superficiellement traité mais suffisamment agréable pour retrouver un sens au récit, chaque épisode évite l'écueil de la morale mais donne bien l'aspect des paraboles. Du grand art dont le studio Pierrot et Shingo Araki peuvent se vanter d'être les auteurs.

Par la grande galaxie, une édition DVD !

Parmi les personnages, Ulysse est prédominant. Au centre de toutes les aventures qu'il a déclenchées contre son gré, le fier barbu est un homme émérite possédant la plupart des talents requis pour en faire un chef respecté et respectueux des autres. Il veille à la fois sur son jeune fils Télémaque, intrépide et inconscient du danger environnant et Thémis, auteur de nombreuses prémonitions exactes. Le personnage humoristique est incarné par Nono mais les trois derniers prennent peu de place face au charismatique Ulysse. Les personnages secondaires font des apparitions sporadiques, seuls les ennemis marqués du sceau du trident des dieux utilisent tous leurs moyens pour faire chuter Ulysse. Forcément, le scénario est écrit d'avance et prévisible, tout comme le dénouement manichéen, mais le plaisir de voir Ulysse dégainer son pisto-laser ou les frasques de Nono mettent du piment dans le vaste cassoulet que représente l'ensemble des épisodes sous forme de one-shot.

Le chara design est signé Shingo Araki, preuve d'une qualité indéniable (Goldorak, Lady Oscar, Saint Seiya, anime et films), les personnages bénéficient d'un trait qui épousent leurs formes et de proportions diablement parfaites. L'animation a beau être vieillote, voire antédiluvienne, avec de nombreux passages techniquement très dur à faire passer aujourd'hui et des plans fixes interminables. Le plaisir reste tout de même intact car la qualité DVD élimine la plupart des défauts visuels de la VHS, bénéficiant d'une meilleure luminosité. Cependant, certains plans en 3D de l'Odysseus sont somptueux. Le générique est resté parmi les plus mythiques des années 1980 au même titre que celui de Goldorak ou Capitaine Albator. Par contre, les effets sonores et les BGM sont totalement obsolètes. Le doublage français est un modèle du genre même si les qualités techniques de l'époque ne permettaient la perfection maximale au niveau de la synchronisation.

Avec Ulysse 31, le studio Pierrot atteint une renommée internationale qui fera son succès pendant de nombreuses années. Et si aujourd'hui, sa ressortie en DVD est presque anonyme, la portée de l'oeuvre reste marquante après plus de vingt-cinq ans après sa première diffusion. A l'instar de Nono, je conclurais par « Ulysse 31, c'est pas clous ».