Premier regard - ULTRAMAN est de retour… Hallelujah ! (air connu)
Manga / Critique - écrit par OuRs256, le 24/06/2015Si vous aussi, vous avez grandi dans le passé (enfin… le même que le mien), vous avez probablement sûrement entendu parler des « Power Rangers ». Non ? Ah ben on va peut-être devoir refaire votre éducation et vous parler un peu de tokusatsu.
Vous êtes vraiment sûrs que les Power Rangers ne vous disent rien ?! Souvenez-vous de ces américains qui peuvent se transformer et devenir des pros des arts martiaux pour combattre des monstres en enfilant des collants ! Eh bien, il faut savoir qu’avant que Saban n’occidentalise la licence, ils étaient japonais ! Le sentaï ou « unité de combat » est en fait une catégorie de tokusatsu (« effets spéciaux »), des séries japonaises riches en roublardises visuelles (pour l’époque…). Cependant, ce qui nous intéresse aujourd’hui, ce n’est pas le sentaï mais plutôt le kyodai (« héros géant »), un sous-genre où les héros sont très grands pour la simple et bonne qu’ils doivent combattre des monstres surdimensionnés, les kaiju. En gros, ULTRAMAN, c’est ça, un mec géant qui tape sur des monstres géants. Croyez-moi, ça défoule bien !
Plusieurs décennies se sont écoulées depuis qu’ULTRAMAN a sauvé la Terre de la dévastation. Les actes de bravoure de ce super-héros des temps passés sont désormais relégués aux livres d’histoire ou aux musées. Qu’arriverait-il si les extraterrestres n’avaient jamais réellement quitté notre planète et coopéraient avec le gouvernement ? Et si la paix n’était finalement qu’un feu de braises attendant que le vent de la guerre se remette à souffler ? Quand la menace ressurgit, l’humanité doit se trouver un nouveau sauveur, une nouvelle génération d’ULTRAMAN.
Vous noterez la faute énorme dans le petit texte en anglais de la version japonaise.
Le premier constat que l’on peut faire, c’est que le trait est tout simplement magnifique. Les arrière-plans sont ultra-fouillés (les auteurs ont l’air d’aimer le détail) et on remarque une myriade de personnages qui se baladent un peu en mode discret. D’ailleurs, ça ne m’étonnerait pas que quelques Aliens se soient glissés dans tout ce petit monde. Pour les lecteurs modernes qui ne jure que par un dessin parfait, le design des personnages joue beaucoup. Les auteurs ne pouvaient pas prendre le risque de faire des ennemis ou des extraterrestres trop kitch sous peine de réfréner le jeune en mal de lecture. Pour le coup, le pari est réussi pour Eiicihi Shimizu et Tomohiro Shimoguchi qui sont parvenus à bien moderniser l’armure ainsi que les ennemis en les rendant très futuristes. Eh oui, fort de leur expérience sur Kurogane no Linebarrels, on a le droit à quelque chose de très mecha. Ainsi, ULTRAMAN ressemble fort à un robot et les monstres ont un petit côté cyborg même si certains Aliens ont des inspirations un peu plus « meninblackienne » (à la Men in Black quoi). Pour sublimer le tout, l’éditeur a fait un travail juste impressionnant sur la couverture qui n’a clairement AUCUN défaut (je vous ai mis les deux pour que vous puissiez comparer) et a eu la bonne idée d’inclure des pages couleurs qui s’insèrent bien comme il faut à des moments clés du récit.
Parlons justement du récit. Autant vous rassurer tout de suite, il n’est pas nécessaire de connaître ULTRAMAN pour pouvoir apprécier le manga. Il faudra peut-être un petit temps d’adaptation pour ceux qui n’en ont jamais entendu parler, soit, et les petits curieux pourront toujours aller glaner des informations dans le supplément en fin de volume. Quoi qu’il en soit, il y en a pour tous les styles de lecteur (le feignant, l’intéressé, le « jem’enfoutiste »…). On se trouve ici dans une histoire qui semble assez adulte avec des complots, des retournements de situation mais surtout du combat. Le premier affrontement est tout simplement épique. Le jeune héros, fils du légendaire ULTRAMAN ne sait pas encore vraiment comment utiliser ses pouvoirs et comment contrôler sa force par le biais de l’armure. Même s’il fait un premier combat honorable (il ne gagne pas mais n’est pas vraiment battu non plus), on sent son manque d’expérience, ses craintes vis à vis de l’ennemi et surtout son incapacité à utiliser pleinement ses capacités. Le héros possède donc encore une bonne marge de progression, ce qui laisse penser que les auteurs auront de quoi faire quelques chapitres d’entraînement sympathiques. Ceux qui connaissent un peu le concept d’ULTRAMAN attendent probablement le moment où il apprendra à devenir géant avec impatience.
Il faut aussi noter le bel effort de Kurokawa avec l’UltraQlub, petit frère de l’OtaClub de Genshiken. L’éditeur offre un petit livret qui est petit pan de culture japonaise comme on aimerait en voir un peu plus souvent dans les titres spécialisés. On ne peut qu’espérer qu’un titre comme ULTRAMAN ne suive pas le même chemin que Genshiken et ne sombre dans l’oubli due à un sujet peut-être trop japonais. Pour le coup, Kurokawa a mis le paquet sur la communication et on commence à voir pas mal de retours un peu partout. C’était peut-être ce qu’il aurait fallu faire pour feu Genshiken… Bref, ce qui importe, c’est que les deux auteurs de Kurogane No Linebarrels reviennent en France avec un titre qui paraîtra à un rythme plus régulier (en tout cas, on l’espère) et qui commence en envoyant du bois.