Romance d'Outre-Tombe
Manga / Critique - écrit par juro, le 02/06/2007 (Tags : manga avis mangas jeux memoires livres chateaubriand
Contes chinois et nippons mis en image par un mangaka fort inspiré par... son trait.
Natsuki Sumeragi exploite le registre des légendes. Après La Voix des Fleurs, le mangaka nous refait le coup de prendre des histoires et contes traditionnels asiatiques pour les mettre sous la forme graphique qu’il affectionne. D’affection et d’amour, il est question dans Romance d’Outre-Tombe. Mais aussi de complot politique. La seule ligne directrice est une mentalité et une tradition dessinant les grands carcans de la société nippone d’aujourd’hui. Tout en douceur et mieux que dans le précédent, l’auteur se fait léger.
Le poids de la tradition
Romance d'outre tombeSi l’on considère l’âge de la Terre, l’histoire de l’humanité ne compte que quelques millénaires insignifiants. Néanmoins, ces quelques millénaires sont chargés d’histoires merveilleuses qui alimentent notre imaginaire. Les innombrables histoires inventées au fil des siècles par nos ancêtres sont autant de présents magnifiques et porteurs de sens qu’ils nous laissent en héritage. Les légendes chinoises regorgent de cet univers fascinant et poétique. Natsuki Sumeragi nous propose trois nouvelles sur le sujet.
Romance et amitié pour deux et goût pour le pouvoir pour une troisième. Natsuki Sumeragi manie mieux les genres que dans le précédent, exclusivement concentré sur les histoires d’amour. Les amours impossibles entre individus de castes différentes, les histoires d’ogre dévoreur d’humain et les histoires d’amour avec un poil de Ghost reprenant le titre du manga composent l’essence de l’œuvre. Pas maladroit dans tous les genres abordés, l’auteur mélange fantastique et romance s’inspirant des légendes traditionnelles chinoises et nippones. Seulement il s’attarde parfois trop dans ses intrigues décousues, parfois manquantes de punch. Néanmoins, c’est très flatteur pour l’œil…
Cœur léger
Le scénario s’attarde sur des relations compliquées pour les personnages principaux. Des relations hommes-femmes contraintes par des tiers. Les princes aimant des gueuses (Le Temple de Shuzen) ou une femme déguisé en homme contrainte de cacher son identité (Romance d’Outre-Tombe) apparaissent comme deux romances qui étonnent par leur point de vue subtil, sans pour autant renouveler considérablement le genre. Sumeragi surprend d’autant plus avec L’Ogre de Sozudono pour un conte fantastique, accrocheur, avec un final de toute beauté.
Comme dans La Voix des Fleurs, Natsuki Sumeragi sort sa plus belle plume pour nous offrir beaucoup de plaisir visuel avec de superbes représentations de personnages de l’époque. Un effort tout particulier a été accordé aux détails des visages et aux vêtements dont se parent les personnages. A l’inverse, le remplissage des cases ne semble pas une préoccupation majeure de l’auteur pour un tout plutôt vide. Le dessin reste tout de même le point fort du manga mais ne comble pas entièrement les lacunes scénaristiques.
Romance d’Outre-Tombe se situe dans la lignée des œuvres de Sumeragi avec un essai concluant sur la diversification des sujets abordés. Les intrigues se lisent mieux mais possèdent les mêmes défauts, à savoir que l’auteur se regarde le nombril en étant très heureux d’adapter ses légendes avec son beau trait. Il manque un peu de folie à Romance d’Outre-Tombe. Sumeragi peut mieux faire.