Premier regard sur Rin et Marine Blue - La jeunesse comme dénominateur commun

/ Critique - écrit par OuRs256, le 16/06/2015

Tags : blue marine tome yazawa comme roman nana

Harold Sakuichi, tout le monde le connaît grâce à « Beck » (l’un des meilleurs seinen de ces 10 dernières années qui sait parler du monde de la musique et de son rapport avec les gens). Ai Yazawa, tout le monde la connaît grâce à « Nana » (le manga qui ne reprendra jamais, une arlésienne pire qu’« Hunter X Hunter »). Aujourd’hui, on vous propose de découvrir les deux dernières sorties françaises des deux auteurs !

Premier regard sur Rin et Marine Blue - La jeunesse comme dénominateur commun

Jeune adolescent timide de 16 ans, Norito n’a qu’un rêve : devenir mangaka ! Ses débuts sont assez laborieux, mais pour plaire à la belle Asune, il redouble d’efforts. Rin, 16 ans, a été repérée par une agence de jeunes Idoles. Même si ses talents de médium font parler d’elle, elle refuse la célébrité. Bien qu’improbable, leur rencontre semble inévitable et pourrait bien bouleverser leur avenir…

Autant le dire tout de suite, cette entrée en matière est étonnante de la part de Sakuichi dans la mesure où l’auteur propose en général quelque chose de beaucoup plus direct. Que ce soit dans Beck ou 7 Shakespeares, le départ était plus rapide et on découvrait clairement le héros, son but et ceux qui l’aiderait, du moins dans la première partie de sa quête. Dans Rin, l’auteur semble présenter un univers plus qu’une histoire. Le background du personnage principal est donc très étoffé et on découvre très rapide tous ceux qui gravitent autour du Norito. Ce dernier a le chic pour se retrouver au bon endroit au bon moment et, chose étonnante, tous les « secondaires » qui gravitent autour de lui ont un caractère qui leur est propre. C’est un peu la marque de fabrique de Sakuichi, personne n’est véritablement laissé derrière. En parallèle du destin de Norito, on a le droit de voir ce que devient Rin, cette jeune fille aux dons mystérieux qui refuse la célébrité. La narration change de rythme lorsqu’elle occupe le devant de la scène et l’auteur tente de perdre un peu son lecteur. L’ambiance vire à l’étrange et, pour le moment, on a encore du mal à voir le lien fort qu’on nous annonce entre Norito et Rin. 

Le héros nous fait très vite comprendre à quel type d’ouvrage on a affaire. Il semble très seul, plongé dans sa passion. Il se dévoue au dessin dans le seul but de parvenir à réaliser son rêve. Oui, vous avez très bien compris, Rin est un shônen manga comme on les aime. Harold Sakuichi n’est pas auteur à faire du classique et il le prouve une fois de plus. Même s’il présente son héros comme un stéréotype, le déroulement de l’histoire est complètement inattendu. On s’attendrait presque à voir Norito dessiner, essayer, s’imprégner d’autres auteurs mais toutes ces scènes sont expédiées en quelques pages. L’auteur se focalise plutôt sur les relations entre les personnages ou plutôt sur leurs rencontres. Ce sont elles qui vont déterminer les différentes étapes du scénario de Rin et rien d’autre. Pour le moment, il n’a pas encore développé celle qui nous intéresse le plus, mais les bulles du narrateur nous laissent penser que ça ne devrait plus tarder. En tout cas, Sakuichi a été assez fort pour nous faire ressentir un petit quelque chose lorsque Norito et Rin se sont vus pour la première fois.

Rin fait partie de ces titres qui aurait clairement bénéficié d’une sortie simultanées de ses deux premiers tomes. Je ne peux qu’encourager les lecteurs à attendre le second avant de se faire une idée. L’auteur de Beck et de 7 Shakespeares n’a jamais véritablement déçu mais il semblerait que le build up soit plus long cette fois-ci. Ce premier tome n’est pourtant pas dénué d’intérêt puisque Sakuichi nous présente des personnages fouillés qui respirent la jeunesse. Si vous avez aimé Koyuki, vous ne pourrez qu’apprécier Norito, les deux héros possédant un caractère similaire : timoré mais téméraire. Tout ceci ne laisse augurer que du bon. Un peu comme le passionné de rock, le passionné de manga est promis à de grandes choses. 

 

Haruka mène une vie paisible au bord de la mer. L’insouciance de sa jeunesse se mêle à la douceur du vent qui, chaque jour, vient caresser son visage. Mais vient le jour où Arikawa, son amour de jeunesse, revient d’un long voyage en Amérique. Pourquoi est-il parti sans rien dire? Et n’est-il revenu que dans l’unique but de battre Ipei, le cousin de Haruka, dans une compétition de surf?

Chronologiquement, Marine Blue est la plus vieille oeuvre d’Ai Yazawa parue chez nous puisqu’elle date de 1989 et force est de constater que ça se sent. L’auteure l’a écrite alors qu’elle avait à peine 22 ans et certains éléments ne trompent pas, on est clairement en présence d’une oeuvre de jeunesse. Le scénario est très classique et on ne retrouve pas une héroïne à la Paradise Kiss et encore moins Nana. Haruka est une jeune femme « à l’ancienne » (je n’aime pas vraiment cette expression mais elle représente bien le personnage) : elle cherche l’amour. Elle n’a pas la modernité d’une Caroline (ParaKiss) qui veut être indépendante et faire son trou et encore moins d’une Nana (peu importe) et leur volonté de ne pas dépendre d’un garçon (même si l’une des deux est quand même sacrément accro à son Sid Vicious japonais). Ne vous attendez donc pas à beaucoup d’originalité à ce niveau là, Yazawa nous propose un développement en triangle amoureux standard. 

La mer est un élément particulièrement bien utilisé par l’auteure. Tantôt symbole de réconfort et de stabilité, elle représente aussi ce voyage vers l’inconnu. En fait, le personnage principal ne sait pas vraiment sur quel pied danser. Entre Ipei qui joue le rival sans vraiment en être un et Arikawa qui va et vient, porté par sa jeunesse, difficile de trouver une quelconque stabilité. Haruka, en bonne héroïne de shôjo, a le coeur flottant et se laisse un peu porter par les vagues de sa ville natale, sans trop savoir où elle va. Un peu comme une auteure qui se cherche, le personnage appréhende un moment de sa vie où l’indécision est reine. Le trait fuyant de l’auteure, un peu à la manière d’esquisses ou de croquis, vient renforcer cette impression de flou qui émane du personnage principal. C’est plutôt joli même si un peu maladroit dans certaines scènes, preuve que Yazawa n’avait pas encore vraiment trouvé son style. 

Marine Blue est un titre qui nous montre les débuts d’une auteure qui n’a plus rien à prouver. Un peu comme les trésors de Tsukasa Hojo, la qualité est assez inégale. Tantôt bien développée, l’intrigue a parfois le droit à des dialogues d’une naïveté affolante. Les fans de Yazawa n’hésiteront pas trop à se diriger vers le titre sachant qu’ils attendent toujours la suite de Nana (peut-être en vain…), les autres hésiteront à deux fois. Après tout, même si c’est une série courte, pas sûr qu’elle soit indispensable ; en tout cas… pour le moment.