3.5/10La Rêveuse

/ Critique - écrit par juro, le 02/10/2008
Notre verdict : 3.5/10 - Sommeil profond (Fiche technique)

Un titre chinois sur l'évolution d'une jeune fille à travers ses années de lycée. Pas folichon.

Casterman possède une politique très intéressante en matière de parution de BD d'Extrême-Orient. Son label nippon Sakka s'est spécialisé dans la publication des one-shot mais quelques rares séries sortent du lot de son catalogue, souvent avec bonheur. Si son label Hanguk est lui aussi parvenu à tirer son épingle du jeu, il se montre en attente d'une oeuvre qui touche le grand public. Reste le semblant chinois avec Hua Shu, sorte d'énigme dont on se demande encore s'il suit une ligne directrice ou tend à trouver d'autres auteurs avec l'espoir de déboucher sur un résultat. Jusqu'à maintenant, on attend d'être emballé mais ce ne sera pas La Rêveuse...

Songe de plusieurs nuits d'été

Un rêve à voler en jupe
Un rêve à voler en jupe
Li Mengling, lycéenne de 16 ans, s’ennuie dans la petite ville portuaire où elle réside avec ses parents. Par désoeuvrement, nourrie de ses lectures de bande dessinée, elle s’adonne à des rêveries épiques où elle devient, grâce à son amie la fée An’nuo, une belle jeune fille aux super pouvoirs. Et bientôt, des changements commencent à apparaître dans son environnement.

Pourtant Hua Shu tenait avec Yao Fei-La un auteur déjà auteur de plusieurs séries ayant touché certains avec
80°C. Il est déjà amusant de constater que l'auteur aime à prendre des héroïnes féminines qui répondent à l'adolescente type de la nouvelle jeunesse chinoise, et pour ainsi dire assez universelle. Mais avec La Rêveuse, le voici qui mêle le fantastique au quotidien de tous les jours dans l'évolution initiatique d'une future jeune femme qui s'ignore. Si Li Mengling se rêve d'elle en super héroïne adulée (copiée collée de Sailor Moon ou presque), c'est par désir secret d'échapper à une réalité qui ne lui convient pas. Trop banale. Trop convenue. Ses rêves lui apportent la matière nécessaire à son auto stimulation. Le besoin d'être quelqu'un d'autre, d'échapper aux réalités adultes et aux conflits parentaux... Ceci pourrait être à peu crédible si le ton humoristique ne venait pas gâcher et corrompre le scénario même de ce manhua. L'auteur danse d'un pied sur l'autre en en sachant pas si choisir le drame, le comique, l'amour, la critique sociale ou simplement en faire une épopée d'une jeunesse qui se cherche. L'ambiance fantastique est sous-utilisée et Li Mengling apparaît comme un personnage bien fade, tout comme les quelques personnages secondaires qui se greffent autour d'elle. Au final, La Rêveuse s'approcherait presque d'un manhua girl power manquant d'idées et de rythme pour être passionnant.

Adulescence

A force d'enchaîner des saynètes sans queue ni tête avec en toile de fond un scénario plus que brumeux, Yao Fei-La perd rapidement son lecteur dans les limbes profondes de l'inintérêt. On s'ennuie à lire le manhua à tel point qu'il apparaît rapidement nécessaire de ne se précipiter plus que sur les scènes comiques. Mais comme souvent avec les auteurs chinois, l'humour reste relativement primaire et gentillet pour ne pas provoquer plus que quelques remous chez le lecteur. Que retenir de ce titre ? La volonté de Sakka de nous proposer un panorama important de toute la BD actuelle ? Une oeuvre qui est un essai comme le dit lui-même l'auteur car étalé sur une longue période ? Ou tout simplement un manhua sobre, sans effet et finalement tombant à plat ?

Le dessin virevolte entre SD, trait peu gracieux mais détaillé justement et avec un bon remplissage. Les personnages apparaissent souvent figés et le manque de rythme provient sans doute de ce fait. De plus, le peu d'expressivité n'ajoute rien de précieux à l'ensemble. Le petit format paraît presque trop juste pour l'intégration des bulles de dialogues de l'auteur qui s'acharne à ne pas laisser un millimètre carré d'espace perdu. Néanmoins, c'est dans une belle édition et avec des bonus intéressants que les six volumes de l'oeuvre paraissent.

La Rêveuse constitue l'oeuvre de jeunesse d'un auteur qui s'illustre mieux par la suite avec 80°C. Une manhua pour compléter, réservé sans doute aux fans les moins difficiles de l'auteur...