6/10Le Pacte des Yokai

/ Critique - écrit par juro, le 05/06/2008
Notre verdict : 6/10 - Pacte avec les diablotins (Fiche technique)

Les monstres nippons repassent à l'action dans un shôjo bien meilleur que la plupart des autres du genre car explorant des sujets assez inahbituels.

Akata nous revient avec un manga dont il s'est fait une certaine spécialité : s'attaquer à des légendes du terroir nippon. Avec Le Pacte des Yokaï, Yuki Midorikawa passe en revue un gros catalogue de monstres du patrimoine de l'archipel vu à travers les yeux d'un adolescent maladif et orphelin. Un shôjo au-dessus de la moyenne qui nous conte de nombreuses histoires basé sur ces monstres humains, fidèles et profondément attachés à des valeurs du Japon d'antan. Se rapprochant des titres à l'aspect nostalgique de
Natsuki Sumeragi ou Onmyôji, ce manga s'imprègne d'une véritable ambiance à défaut d'un rythme soutenu...

Maître Griffou

Le Pacte des Yokaï (c) Akata
Le Pacte des Yokaï (c) Akata
Depuis qu’il est petit, Natsume voit les yôkai (les esprits surnaturels japonais). Ne les appréciant pas particulièrement, il a toujours évité de les fréquenter. Mais voilà que ces derniers temps, les yôkai se mettent à le pourchasser sans qu’il comprenne pourquoi. Et un jour, alors qu’il tente d'échapper à l'un d'eux, il pénètre dans un lieu sacré et libère par inadvertance un "chat" qui avait été enfermé dans un petit sanctuaire. Loin de se montrer hostile comme les autres yôkai, le chat engage la conversation avec Natsume et le questionne à propos d’un carnet qui aurait appartenu à Reiko Natsume. Cette Reiko en question se trouve justement être la grand-mère de Natsume...

Un héros se révèle progressivement par l'intermédiaire de ce scénario simplissime au premier abord. Et de nombreuses histoires partant de ce point de départ vont alors voir le jour, montrant le caractère coriace d'un jeune homme effacé dans la vie réelle. Ces êtres qu'il est le seul à pouvoir apercevoir lui apportent une confiance relative en lui à défaut d'une affirmation au contact des autres. Comme un fou ou un otaku, Natsume évolue dans un monde dont il est le héros et le seul à pouvoir percevoir les tourments, choses qui vont l'amener à se dépasser pour régler leurs problèmes en jouant le rôle d'intermédiaire entre le monde des monstres et celui des humains. A vrai dire, Le Pacte des Yokaï ne relève pas d'une idée tellement originale puisque ce genre de titre est le propre de nombreux shônen ou shôjo. En bref, une sorte de quête initiatique teintée de fantastique qui se fait le chantre de nous présenter une partie du folklore japonais. Et son digne représentant n'est autre que Maître Griffou...

La boîte de Pandore

Les multiples yôkai réapparaissant autour de Natsume font penser à la légende de la boîte de Pandore. La différence réside dans le fait que le manga se donne difficilement une contenance par ses monstres trop respectueux du pacte passé avec l'ancienne détentrice du carnet, à tel point que le manque d'événements rocambolesques devient un cruel problème pour le scénario qui suit son cours, gentiment, sans se presser. C'en est presque désopilant pour le lecteur de se retrouver avec tout ce bestiaire à exploiter pour si peu d'action. Le personnage secondaire de Maître Griffou a beau mettre un peu d'humour et un peu de vice dans tout ceci, le titre n'en demeure pas moins soporifique à quelques instants. Néanmoins, on parvient tant bien que mal à trouver un intérêt à travers les multiples quêtes menées par Natsume.

On se retrouve en terrain connu pour le shôjo au niveau du chara design représentatif du genre avec des personnages à trait fin, un découpage en bande donnant une esthétique simple et un ton aéré au titre. Le Pacte des Yôkai prouve surtout son intérêt par la qualité du bestiaire, montrant toute la richesse du folklore nippon et un sens de la dérision très profond avec des monstres humanisés, possédant souvent un resext des valeurs beaucoup plus profonds que celui du monde des hommes. Le graphisme s'accorde particulièrement bien avec le ton donné au manga et le personnage en est le reflet par son expressivité et ses airs rêveurs ou ahuri.

Le Pacte des Yokaï nous plonge dans le monde merveilleux et insensé des esprits pas bien méchants des démons nippons. Une pointe de fantastique et de nostalgie dans un monde dévoué au shônen d'action ou au seinen malsains ne peut pas faire de mal alors pourquoi ne pas se laisser tenter par un titre comme celui-ci ? Si on excepte quelques défauts et les délires en free talk d'une mangaka très bavarde...