8/10Old Boy - le manga

/ Critique - écrit par juro, le 12/10/2005
Notre verdict : 8/10 - Bad boy, good boy (Fiche technique)

Tags : boy old manga goto tomes minegishi garon

Il était une fois un film palmé à Cannes, encensé par la critique pour son intrigue et son interprète principal assez impressionnant, reçu à sa juste valeur par le public. Sur ce film s'était penché une bonne fée qui avait agité sa baguette pour le tirer d'un... manga. L'ignoble petite citrouille passa de thriller basique à un traitement psychologique sous forme de carrosse. A travers la création d'un personnage totalement désorienté par son passage improbable dans un lieu de détention inconnu et revenu à la réalité un par hasard, la vengeance d'un homme blessé, manipulé et qui ne peut compter que sur lui-même, Old Boy débarque enfin en manga...

Bad boy, bad boy, what you gonna do ?

Old Boy
Old Boy
L'étage 7.5 d'un sombre immeuble d'une grande ville japonaise représente une sorte de prison privée absolument indécelable à qui n'en connaîtrait pas la localisation. Dans ce lieu, un homme est retenu prisonnier depuis dix ans en ayant pour seul contact extérieurs ses geôliers et un poste de télévision. Sans aucun moyen de s'évader, totalement piégé, il se prépare à sa sortie sans en savoir la date probable. Ces dix années partagées entre tombée dans la folie qui lui a fait perdre son identité, sculpture d'un corps et culture télévisuelle amène notre individu à entretenir un désir de vengeance contre ce sort sans pourtant rien savoir du commanditaire de son emprisonnement. Lorsqu'un jour, contre toute attente, il est libéré... Sa quête de vengeance peut désormais commencer, à moins que le jeu ne fasse que commencer...

Le scénario original du manga repose sur un mystère qui ne s'éclaircie qu'au compte-goutte, les indices sont révélés avec parcimonie, les nouveaux personnages bénéficient d'une entrée en matière appliquée. Le film n'a pas pompé au mot près le manga, par conséquent la trame de celui-ci amène son lot de surprises et de scènes inexistantes dans le film, une richesse supplémentaire mais la trame principale est bien la même, les thèmes aussi. La grande force du scénario réside dans son personnage principal, méfiant au point de tomber à la limite de la paranoïa tellement le piège qui lui est tendu est complexe et sans faille. Tout un tas d'émotions passe au travers des actions désespérées de cet enquêteur qui collecte les indices sur son propre cas. Ne pouvant se lier/fier qu'à la jeune Eri, tout autre personnage ne mérite que sa condescendance, sa méfiance ou sa haine. Le difficile retour à la liberté de cet homme se traduit par une perte des repères et un changement profond de son ancien état d'esprit au sein de la société. Néanmoins, la colère froide ne demandant qu'à exploser se cachant derrière son masque fait de lui un personnage attachant et charismatique, exploité à fond par le duo à l'origine de sa création.

Seul contre tous

Old Boy évoque une intrigue complexe mêlant plusieurs sujets de main de maître sans réel défaut mais le dessin est tout aussi plaisant et original. Plusieurs points frappants donnent une consistance cinématographique au manga : découpage rythmé avec une multiplication de petites cases et de cases en plan serré sur un personnage, gros plans sur un personnage prenant la pose, passages en flash back. Les proportions sont justes et humains, le héros possède une carrure assez impressionnante par rapport à celle de l'acteur du film et chaque personnage a « du nez », un petit pif tombant qui donne un ton adulte, un peu à la manière d'Urasawa mais avec des moues un peu moins détaillées. Le dessin s'attache à mettre en valeur les émotions des protagonistes entre colère, réflexion et doute. La tension résidant dans chaque nouvelle découverte du puzzle géant de l'intrigue devient prenante, attirante. Quant au remplissage, il est à la hauteur des attentes.

Si vous n'avez pas vu le film, jetez-vous dessus ! Les autres trouveront des passages inédits et une histoire toujours aussi prenante pour un thriller très réussi. Old Boy mérite sa réputation et reste toujours un très bon moment plein de tension traduit entièrement dans son personnage principal. En huit volumes et avec une qualité d'édition optimale, le manga vaut bien le film...