2/10Nuts

/ Critique - écrit par aonako, le 10/01/2006
Notre verdict : 2/10 - Tu m'les casses... (Fiche technique)

Tags : nuts lait chocolat prix avis barres boite

"Ah la la, ce serait trooooop bien si je pouvais devenir adulte. Avec une belle poitrine, de longs cheveux fins, une taille de guêpe et des fesses bien rebondies. Comme ça, je pourrais lancer avec classe et sans faute d'accent, un envoûtant "sexy" pour faire fondre tous mes prétendants. Et bien sûr, j'irais draguer l'homme de ma vie : le coiffeur du quartier."

Nuts
Nuts
Voilà à quoi se résument les pensées hautement philosophiques de Natsumi, écolière de dix ans. Son objectif number one ? Devenir une femme fatale bien sûr. Un objectif des plus ambitieux avouons-le, et malheureusement, pour y arriver, il n'existe pas de raccourcis ! Ah si, en fait, si. Et ce raccourci s'appelle les noisettes magiques, produit miracle inventé par un petit génie d'étudiant. Natsumi va en gober quelques unes, par le plus grand des hasards et se transformer en superbe jeune femme avec tout ce que cela implique. Mais comme le dit si bien le résumé du manga, devenir adulte n'est pas de tout repos. Et oui, grâce aux noisettes magiques, une vie trépidante s'offre à Natsumi, un quotidien rempli d'aventures, de prétendants et de situations plus extraordinaires les unes que les autres. Soirée chic sur un bateau de luxe, photos de mode, séjour sur une île paradisiaque, mariage... Natsumi connaîtra tous les bonheurs typiques que nous, adultes, ne connaissons que trop bien.

L'auteur, Haruka Fukushima, nous offre donc un manga hautement réaliste et d'une profondeur rare. Nan, en réalité, Nuts, c'est une daube. Sans vouloir froisser personne. D'accord pour dire que le titre s'adresse plutôt à un public jeune, mais ce n'est pas pour autant qu'il faut en faire n'importe quoi. Si on se penche sur le scénario, on se demande fortement quel est l'âge mental de la mangaka. Il est évident que lorsque l'on est publié dans un magazine pour écoliers - jeunes collégiens, comme le Nakayoshi, il faut se plier à certaines règles éditoriales et scénaristiques et donc, les trames d'histoire trop matures sont à bannir. Quoique. De plus en plus, les magazines de prépublication offrent aux auteurs la possibilité de déborder et de se lâcher au niveau de l'intrigue, du moment que ça rameute un public (et des sous).

Bref, tout ça pour dire que même si le public visé est jeune, cela n'excuse pas l'imbécillité omniprésente du manga Nuts. Vendant de fausses réalités sur le monde des adultes, oubliant même tout bon sens, Haruka Fukushima brille ici par son immaturité flagrante. Si on a le malheur de creuser un peu, on peut démonter le scénario en un rien de temps. Pour preuve, il en faudrait peu pour que l'histoire vire à la catastrophe. Par exemple, dans le volume deux, l'héroïne est à deux doigts de se marier. Finalement, elle se ravise. Et heureusement ! Bien qu'elle ait un corps d'adulte, à l'intérieur, c'est encore une gamine. Qu'est-ce qu'il se serait passé le soir de la nuit de noces ? Notre Natsumi aurait eu l'air bien maligne. Si on ajoute à ça, une dose hallucinante d'incohérences, de situations invraisemblables et de lacunes narratives, on obtient... non pas des noisettes magiques mais un navet.

Si le scénario est puéril, le dessin de l'auteur l'est tout autant. On a affaire à la mangaka débutante et fraîchement débarqué dans le milieu. Le dessin ne rebute pas mais présente des failles visibles et manque cruellement d'assurance et de personnalité. La mise en page est très fouilli, même pour un shôjo, et gêne la lecture. L'édition française, signée Kurokawa, est de bonne facture, à première vue. Rien à signaler non plus niveau traduction, Nuts n'étant pas un titre empruntant le plus riche des vocabulaires, cela a dû faciliter grandement le travail.

Que dire de plus ? Nuts n'est même pas un manga que je conseillerais aux plus jeunes, à cause des références nullissimes et des mensonges grossiers disséminés à travers les pages. Je ne suis pas contre un brin de romantisme et de rêverie mais là, c'est du n'importe quoi, tout simplement. Pour une critique un tout petit peu positive de Nuts, il aurait fallu me faire avaler de forces des noisettes magiques me faisant rajeunir d'au moins dix bonnes années et me retirer par la même occasion, la moitié de mes neurones.