Murder Incarnation - Jigoku shôjo revival ?!
Manga / Critique - écrit par OuRs256, le 21/07/2015Tags : season love manga game dragon hero black
Une personne qui vous est chère vient de décéder. Alors que vous êtes au comble du désespoir, une mystérieuse jeune fille apparaît devant vous et vous dit : « Je peux faire ressusciter les morts. Mais il y a une condition à cela. Il faudra tuer trois personnes, qu’importe lesquelles, en l’espace de 24 heures. » Seriez-vous capable de commettre des meurtres pour retrouver une personne qui vous est chère ? Arrivant au moment où ils sont le plus vulnérables, la jeune demoiselle sait comment faire pour toucher les êtres meurtris en plein cœur. Elle leur assure en plus la disparition des cadavres engendrés par la réalisation de leur macabre résurrection… et donc une quasi-impunité. Autant vous dire que ces pauvres personnages se retrouvent souvent à jouer le tout pour le tout !
Les éditions komikku nous propose un petit diptyque aux couvertures étonnantes puisqu’entièrement en 3D. Pas d’effet papier ni rien, c’est bien un superbe modèle lissé que l’on nous propose. Pas de surprise une fois à l’intérieur quand on découvre un dessin qui partage un point commun avec celui d’Hiroya Oku, à savoir qu’il est réalisé intégralement à l’ordinateur et qu’il utilise de nombreux éléments en 3D. Contrairement à l’auteur de Gantz et d’Inuyashiki, Shinji Inamitsu donne une importance non négligeable à la couleur noire et aux ombres qu’il utilise presque de manière abusive parfois dans le but de créer une atmosphère angoissante. Pour le coup, ses personnages inexpressifs, parfois livides, y parviennent très bien sans aide extérieure. On est donc loin du trait propre d’Oku et même si Murder Incarnation n’est pas moche à proprement parler, il manque d’âme de par sa qualité d’expérimentation graphique. En fait, l’auteur manque d’un style qui lui serait propre. En regardant les pages, on a plus l’impression de voir des roughs d’animateurs plus qu’autre chose… On a d’ailleurs le sentiment que l’auteur fait des tests tout au long de son titre en incluant de plus en plus de bâtiments ou de meubles en cell-shading.
Au niveau de l’histoire, on est facilement intrigué par le pitch de base et la première histoire créé une ambiance digne des meilleurs volumes de Jigoku Shôjo (souvenez-vous, La Fille des enfers, c’était chez Pika !). De toutes façons, le titre se veut très sombre dès le début sachant que « l’étrange jeune fille » propose quand même aux gens de tuer trois personnes (pour qu’une soit ramenée à la vie, soit, mais quand même !). C’est aussi dès la première histoire qu’on découvre l’élément récurrent qui va tenter de tenir la série : un petit retournement de situation plutôt bien pensé en fin de tome. Le souci, c’est que le scénariste va réutiliser le même type de mécanisme à chaque histoire (pour un résultat très similaire), ce qui les rend prévisibles et enlève une grande partie de l’intérêt de la série (c’est aussi probablement la raison pour laquelle elle n’a pas su se maintenir sur la durée…). C’est dommage, surtout quand on voit que la variété de personnages inventée par Keita Sugahara, il y avait peut-être mieux à faire à ce niveau là, quitte à abandonner cette idée de retournement de dernière minute, un peu comme dans la dernière histoire.
Il serait assez méchant de considérer Murder Incarnation comme un mauvais manga mais tout aussi injuste d’en faire un excellent titre. C’est une série que je qualifierai d’expérimentale à tous les niveaux. Au niveau du scénario, l’auteur a pu voir que la répétition d’un même artifice scénaristique ne fonctionne pas sur la longueur. De même, en ce qui concerne le dessin, le mangaka a pu tester l’intégration de modèles 3D dans un dessin 100% digital et voir que ça ne suffisait pas à obtenir un résultat satisfaisant. Si jamais ils venaient à s’associer à nouveau, le produit de leurs efforts pourrait très bien surprendre…