7/10Monju, au service de la justice

/ Critique - écrit par juro, le 17/12/2008
Notre verdict : 7/10 - Robot hic (Fiche technique)

Tags : monju tome justice miyashita service hiroki kana

Un robot flic qui pète un boulon ! Monju se place comme une oeuvre sympathique entre drame et humour en pleine cambrousse nippone. Un bon petit moment de lecture.

Monju est le prototype d'une série de robots policiers élaborés par la police japonaise. Suite à un défaut de fabrication, tous les robots ont été retirés de la circulation, à part Monju, qui ne souffre pas de déficience technique apparente. Cependant, ce robot intelligent, doté d'un sens de la justice un peu trop poussé et d'un caractère un brin impulsif n'hésite pas à utiliser les grands moyens quand il s'agit de réprimer le crime... Peu importe alors la gravité de l'infraction !! Pour cette raison, il est contraint de quitter Tokyo et est muté au poste de police d'une petite ville de province. Monju y fait la connaissance de son collègue, un jeune policier obsédé par les filles (avec lesquelles il n'a aucun succès) et par la perte de ses cheveux. Ce duo à priori mal assorti finira finalement par bien s'entendre et se lancera dans des enquêtes en tout genre. Ce manga est une histoire à la fois comique et tendre. Il s'agit d'un comique de situation, basé sur le contraste entre Monju, prouesse de la technologie et son entourage rural, et sur tous les quiproquos qui en résultent. Par ailleurs, Monju, machine intelligente, s'humanise au cours de son apprentissage de la vie et se met à développer des sentiments très humains. En réalité, il fait parfois preuve de plus d'humanité que les gens qui l'entourent...

Monju
Monju
Au service de la justice, un robot policier va devoir s'adapter à un changement de cadre. Passer de la capitale à la campagne nippone relève du contraste le plus brutal, Monju n'y échappe pas et verse dans la déprime la plus profonde au milieu des petits vieux et des jeunes délinquants entre deux interventions miteuses. Et oui, car ce robot ressent des sentiments contre toute attente à cause d'un bug dans son programme. Imaginez un peu le potentiel de cette machine capable de ressentir amour, pitié, détresse et amitié en les apprenant peu à peu au cours de sa "vie". L'envers du décor tient aussi dans le fait que ces bons sentiments s'accompagnent aussi des mauvais : violence, accès de rage incontrôlable. Et les dégâts peuvent être considérables... Si l'ambiance se révèle très légère à travers un premier volume présentatif avec une histoire de buddy cops et un second incitant à poser les principales bases du dénouement, le manga gagne en crédibilité au fur et à mesure des volumes, le personnage principal s'étoffant avec les diverses révélations sortant sur son cas. Et alors, le titre parle de lui-même, Monju est aussi le nom de la dernière centrale japonaise ayant connu un grave problème ayant entraîné sa fermeture en 1995... Comme une sorte d'annonce du drame à venir... Le manga avance sur un faux rythme à travers lequel on distingue bien les pierres posées par Hiroki Miyashita pour construire son édifice. En posant les bases d'une conscience dans un corps de fer, l'auteur rentre dans une catégorie similaire à celle de
Ghost in the Shell et plus largement des oeuvres de Asimov. Tout en gardant une bonne dose d'humour...

Il ne faudrait pas croire que ce titre à mi-chemin entre shônen et seinen dans ses premiers tomes se laisse aller sur le graphisme. Bien au contraire, Miyashita contribue à rendre l'oeuvre superbe en proposant un travail plein de compétences, détaillé et avec un chara design sobre mais expressif. Le remplissage se montre de bonne facture et permet à l'auteur de rythmer ces scènes efficacement. On adopte rapidement le robot et son environnement, notamment des personnages secondaires amusants.

Au final, un bon petit titre auquel on accorde sa confiance mais qui ne dépasse pas le stade de la bonne surprise. Monju, au service de la justice se place comme un divertissement doublé d'un scénario plus profond prenant son envergure les volumes passant. Bonne pioche pour Big Kana !