5/10Mille et Une Nuits

/ Critique - écrit par juro, le 19/09/2008
Notre verdict : 5/10 - Somnifère (Fiche technique)

Tags : nuits mille contes &nbsp histoire galland sultan

Et si Shéhérazade était un mec ????

Laissez-moi vous conter une histoire. Il s’agit de celle d’un duo de manhwagas qui avaient décidé de donner un ton sunjung à une œuvre ayant fait les beaux jours de l’Orient mystérieux et fantastique à travers un recueil portant le nom connu de tous des Mille et Une Nuits. Pas besoin de vous rappeler la substance de l’œuvre, l’essentiel vous le connaissez déjà. Sauf que cette fois-ci on change presque tout… Y compris le sexe de Shéhérazade, le contexte, les relations entre les personnages et tout ce qui faisait le charme subtil de ces contes pour ne retenir qu’un mince entrefilet d’histoires tièdes évoquant les amours malheureux et impossibles sur un fond d’oppression sultanesque de pacotille.

Prince of Persia

Mille et Une Nuits torrides... grrr
Mille et Une Nuits torrides... grrr
Tout le monde a déjà entendu l'histoire de Shéréazade et de ses contes sublimes. Pendant mille et une nuits, elle distraya le sultan fou grâce aux histoires d'Aladin, d'Ali Baba, de Sinbad, de génies et de milliers d'autres créatures mystiques.
Mais imaginez un seul instant que Shéhérazade soit en fait un jeune homme, prêt à tout pour sauver la vie de sa sœur...
Quelles choses étonnantes sera-t-il prêt à accomplir pour sortir vivant lui aussi de cette fable ?
Cette nouvelle variation d'une des histoires les plus populaires vous gardera à coup sûr éveillé pour encore mille et une nuits !

Paf. Paf. Re-paf. C’est en somme les réactions du lecteur à la suite de cette adaptation peu fidèle des Mille et une nuits pour le mettre au goût du sunjung. Mais peu importe. On avait déjà remarqué que les auteurs asiatiques préféraient remettre au (mauvais) goût du jour les histoires légendaires et autres faits historiques (Napoléon, Il Etait une Fois et tant d’autres…). La mode sunjung consistant à édulcorer les histoires tout en les vidant de leur essence, Mille et une nuits n’échappe pas au massacre. Forcément, les rapports entre les personnages en pâtissent surtout lorsque ce sont des androgynes qui y jouent les premiers rôles en fil rouge tandis que les contes apparaissent ça et là en s’étalant sur un volume. Sans toujours apporter de pierre à l’édifice de la continuité de l’histoire en fil rouge. Il ne reste plus grand-chose des rêves orientaux…

Pas de génie

Mille et Une Nuits se calque sensiblement sur le même schéma que Il Etait une Fois… en ne laissant rien présager d’intéressant pour la suite. Celle-ci évite de peu de prendre un tournant grotesque avec des rapports amoureux imbriqués dans des histoires compliquées mais dissimule finalement autre chose par le fait de savoir doser les événements et l’apparition de personnages secondaires souvent bien amenés. Le scénario prend une allure d’aventure au long cours dans lequel le huis clos de l’original n’a plus sa place. Insuffisant pour captiver et les questions de fond peuvent aisément trouver leurs réponses.

Le dessin matérialise parfaitement les faiblesses du sunjung en se calant visiblement sur la norme existante avec des personnages élancées, aux regards de braise pour les vilains et doux pour les autres, dans un fond surprenant par son remplissage assez complet. Mille et Une Nuits n’offre pas de garantie de se poser en sauveur du sunjung au niveau qualité mais il ne représente pas l’un des plus mauvais en la matière du point de vue graphique.

Cette version papier d’Extrême-Orient ne restera pas dans les annales et peut tout aussi bien être oublié. A moins que les auteurs frottent très fort sur la lampe pour obtenir un scénario en or pour la suite…