Le Micmac de l’été #2 - Mystère vous avez dit mystère ?

/ Critique - écrit par OuRs256, le 28/07/2015

Notre second rendez-vous « micmac » est destiné à des titres qui ont un peu de mystère dans le sang, hum, dans les pages. Encore une fois, ça reste assez varié niveau qualité et niveau intérêt !


6000 2 (komikku) : Tu me vois ? Tu me vois plus !

Le thriller horrifique de komikku continue à entretenir le mystère avec un deuxième tome déroutant. Alors que Kengo continue à avoir des visions de plus en plus bizarres, il va tomber nez à nez avec un survivant de l’accident d’il y a trois ans. Eh oui, cet homme est parvenu à se maintenir en vie par on ne sait quel miracle, seul, sans aucune aide, pendant trois ans et tout ça dans l’obscurité. Un exploit digne de Rocambole, me direz-vous… 

On regrettera quand même le manque de clarté de l’auteur sur les événements qui ont changé la vie de l’équipage du Cofdeece. Arrivé à la fin du deuxième volume, on n’en sait toujours pas beaucoup plus et on continue à nous endormir avec des apparitions… 

On aurait aussi aimé un travail un peu plus poussé sur les personnages. Difficile de s’attacher à eux tant on ne sait pas ce qu’ils ressentent. Ils sont là, ils ont peur et ils voient des choses. L’auteur ne prend pas vraiment le temps de nous expliquer leur ressenti face à la situation terrifiante qu’ils vivent et force est de constater que ça se ressent puisque le lecteur sera difficilement effrayé. 

Le point positif, c’est que le titre reste très beau (la couverture est magnifique) et on sent quand même un certain soin apporté à l’ambiance. En fait, tant qu’on se trouve avec des personnages secondaires, ça passe plutôt bien et on voit que l’auteur est clairement bon pour faire monter la tension. 

Ce deuxième volume de 6000 est donc en demi-teinte. Si on se demandait si l’auteur allait réussir à faire ce qu’il voulait en seulement quatre tomes sans négliger un aspect de son oeuvre, on a maintenant la réponse. Ce sont les personnages qui en pâtissent. En tout cas, pour l’instant, l’histoire reste solide et on ne peut qu’espérer que ça continue.

Another 1 (Pika) : Mais qui est vraiment là ?!

Depuis la mort de Misaki, les élèves du collège de Yomiyama-Kita (que l’on pourrait traduire par « La montagne des enfers ») ont décidé de faire comme s’il ne s’était rien passé et que l’élève en question était encore parmi eux. Vingt-six ans plus tard, lorsque Kôichi débarque dans ce même établissement, il semblerait qu’il soit le seul à voir une étrange jeune fille nommée Misaki et va rapidement être entraînée dans une histoire qui le mènera aux frontières du paranormal… 

La place de la jeune fille dans la classe est très particulière puisqu’on a beaucoup de mal à savoir si elle est morte ou non tant les réactions des autres élèves semblent naturelles.  Le rôle du héros est encore assez flou et c’est son interaction avec Misaki que les auteurs développent le plus. Kôichi est fasciné par la jeune fille et va tout faire pour entrer dans son monde, pour entrer dans sa « réalité », quelle qu’elle soit. 

Avec seulement quatre tomes, on se doute que l’auteur n’aura pas le temps de développer énormément s’il veut le faire bien donc à part la vérité sur ce qui s’est passé à l’époque de Misaki, on ne devrait pas avoir grand chose de plus. En fait, le premier contact avec ce manga est particulier. 

L’aspect scolaire, très sombre et le « fantôme » ne sont pas sans rappeler Dusk Maiden of Amnesia chez Kana. En fait, les ingrédients sont les mêmes, la seule vraie différence étant dans le graphisme. C’est probablement sur ce critère que le lecteur fera son choix tant le reste est similaire. On sent un peu plus de jeux d’ombres et de noirs dans Another afin de créer une ambiance morbide où plane un danger permanent. 

Au final, le titre a le droit à un départ correct, qui se veut très noir et angoissant et qui mise énormément sur son atmosphère. Génie ou pétard mouillé ? Pour l’instant, le mystère reste entier !

Erased 5 (Ki-oon) : Euh… Les années 90, c’est par où ?

Dans le cinquième volume d’Erased, ceux qui avaient des doutes sur l’identité du tueur n’en auront plus. Tout devient très clair assez rapidement (en quelques pages en fait). 

Alors que « l’affaire Kayo » est résolue, on obtient le dernier indice permettant de faire le lien avec tous ceux que Kei Sanbe avait laissé dans les précédents volumes. Autre donnée particulièrement intéressante : puisque Satoru a changé le passé, il n’a plus de futur où retourner ! 

Ce qui va être important maintenant, c’est de stopper le tueur avant qu’il n’attaque ses prochaines victimes et là, ça va être difficile. L’avantage, c’est qu’il a la psyché d’un adulte et donc qu’il va pouvoir penser comme tel même si parfois, on a l’impression que le Satoru enfant reprend le dessus sans crier gare.

C’est donc une nouvelle histoire qui commence et la composante temporelle n’a pas disparu, loin de là. C’est une course contre la montre pour sauver non pas une mais toutes les vies potentiellement gâchées par le meurtrier. 

Ajoutez à cela un cliffhanger complètement abusé (puisque le tome 6 vient à peine de sortir au Japon) et vous obtenez tout simplement l’un des meilleurs volumes de la série.

Kokkoku 2 (Glénat) : Mmmm… Non, j’ai toujours pas compris…

Alors que la secte Amour Véritable a pris toute la famille en embuscade, seule Juri et son grand père parviennent à leur échapper et vont tenter de protéger la pierre capable d’arrêter le temps. Cette pierre, on commence enfin à comprendre d’où elle vient et surtout pourquoi la secte la veut. Jusqu’ici, l’auteur n’avait donné aucune information concernant les motivations des ennemis de la famille de Yukawa. 

C’est par le biais d’une discussion entre le chef de la secte et Takufumi Yukawa, le père de famille que l’on commence à comprendre ce qui se passe. Intelligemment menée le gourou (qui pourrait très bien être en train de mentir sachant qu’on voit clairement dans ses yeux qu’il est en train d’essayer d’embobiner le père), la discussion donne des éléments de réponses au pourquoi de l’attaque. On en revient à la conception japonaise de la famille et à ses dérives. 

Très segmentée avec ses branches principale et annexes, il y a très souvent des luttes d’influence instiguées par les annexes pour renverser la principale. Même si les données du « Qui a fait quoi ? » ne sont pas encore très claires, la base de l’intrigue de Kokkoku repose sur un élément déclencheur de ce type. 

Pour les plus récalcitrants, ce n’est pas le trait approximatif d’Horio qui risque de les convaincre, avec ses personnages qui semblent être dessinés de manière réaliste mais dont la réalisation reste plus que médiocre. Après un premier volume très confus qui ne nous avait pas vraiment fait vibrer, Seita Horio tente de se rattraper en proposant un deuxième tome un peu plus clair (mais pas trop) avec quelques éléments de réponse (motivations, pourquoi les ennemis peuvent se mouvoir dans le monde statique…) aux questions que le lecteur se posait au départ. 

Glénat aurait probablement du sortir les deux tomes d’un coup histoire de permettre à l’acheteur d’avoir une vision un peu plus large de ce que l’auteur nous réserve, même si ça ne s’annonce pas particulièrement palpitant.

Lessons of the Evil 1 (Kana) : Prof ou pas ? 

L’entrée en matière du dernier seinen de chez Kana est très particulière. Après un petit prologue qui nous présente les protagonistes de la série, le mangaka entre direct dans le vif du sujet avec une affaire de châtiment corporel. Impossible de ne pas penser à GTO après les premières pages mais la comparaison s’arrêtera à une simple pensée (on notera d’ailleurs que Kana a tout fait pour limiter les possibles malentendus car son résumé en quatrième de couverture adopte un style très sombre). 

Que ce soit dans le dessin, dans le traitement de l’histoire ou même celui des personnages, l’oeuvre d’Eiji Karasuyama n’a rien à voir avec celle de Fujisawa. Déjà, le titre n’a absolument pas une vocation comique et on le voit presque instantanément dans les réactions du personnage principal qui reste toujours très sérieux, calculateur. Quelque chose ne tourne pas rond avec ce « Hasumin » que tous les élèves semblent apprécier ; il est trop « parfait ». Il n’a jamais rien à se reprocher et parvient à gérer de nombreux problèmes sans grandes difficultés. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’on lui confie une classe « à problèmes » où il va pouvoir mettre tous ses talents de manipulateurs à l’oeuvre. 

En effet, le héros possède un véritable don pour quelqu’un qui travaille en collège-lycée : c’est un beau parleur. Hasumin sait utiliser les mots à son avantage, que ce soit avec des adultes ou avec des adolescents. Cependant, avec ses sourires en coin et certaines de ses pensées particulièrement violentes, on se doute qu’il n’est pas tout blanc lui non plus… Si vous n’êtes pas convaincu, regardez la jaquette ! 

Le trait a un petit côté sympathique dans la mesure où l’auteur fait vraiment un effort pour que les personnages principaux soient reconnaissables au premier coup d’oeil. Cependant, il n’a rien d’exceptionnel et reste dans la mouvance de notre époque ; un peu trop classique. 

L’édition n’a aussi rien de très particulier. Ceux qui ont déjà eu en main des titres estampillés Big Kana n’auront donc aucune surprise : format un peu plus large que d’habitude (mais moins que des Ki-oon ou des komikku), nuances de noir bien différenciées… 

Au final, on obtient un premier tome plutôt intrigant mais pas assez pour nous rendre hystérique. Ce qu’il manque vraiment, c’est un développement des personnages secondaires et surtout des élèves qui, pour le moment, ne sont pas utilisés au maximum de leur potentiel.