Le Micmac de l’été #13 - Ah… l’exotisme…

/ Critique - écrit par OuRs256, le 17/08/2015

Les vacances d’été sont là, c’est un peu l’occasion de s’envoler vers d’autres contrées et de voir des choses nouvelles ! Les voyages forgent quand même la jeunesse… Non ? Bah si vous préférez rester dans votre lit à manger des Doritos, ça me va aussi et ça vous laisse plus de temps pour lire les titres du jour.


Altair 5 (Glénat) : Un proche orient fictif en proie à la guerre.

Le titre estampillé Moyen Orient de Glénat continue avec une intrigue qui se fait de plus en plus recherchée. En fait, elle l’est tellement qu’on se demande si la série n’est pas en train de virer seinen. Certes, la base reste un jeune garçon qui doit se forger vis à vis des aventures et des expériences qu’il vit mais depuis le tome 4, quelque chose a changé. 

On y découvrait le début d’une révolte au sein des alliés de la Türkiye qui va prendre un peu plus d’ampleur et fragiliser la paix qui existe dans le territoire étendu du pays de Mahmud. L’affrontement décidé par les stratèges ne sera pas frontal mais traître puisqu’ils vont, à leur tour, fomenter un coup d’état pour reprendre le contrôle. 

Eh oui, Altair est ambitieux vis à vis de son scénario et tente de ne pas s’enliser dans le classique. On peut dire qu’à ce niveau, c’est plutôt réussi et on sent que l’auteur ne néglige ni le fond ni la forme. Les décisions qui incombent à Mahmud le changent, en font un personnage qui remet en questions les choix de son pays de manière constante. 

Point de passivité donc ! Plus qu’un héros qui regarderait les choses, il va prendre parti, pousser les idées qu’il croit justes. L’auteur se débrouille donc bien pour mettre son histoire au service de son protagoniste et non pas l’inverse comme c’est trop souvent le cas dans les shônen.

Altair, c’est très joli, ce cinquième tome le prouve une fois de plus et malgré une découpe classique, la narration reste très efficace. Le héros ne perd pas le nord et se bonifie avec les volumes, une bonne nouvelle pour Glénat qui a mis la main sur un titre efficace.

Gigantomachia (Glénat) : Perdus dans le désert… (air connu)

Quand l’auteur de Berserk décide de faire une pause pour dessiner autre chose, ça donne quoi ? Eh bien ça donne Gigantomachia. Retour sur un titre qui n’a pas de Berserk que le titre.

Quand on pense à Miura, impossible de ne pas penser à Guts et son épée monstrueuse qui pourfendent des créatures démoniaques. Pourtant, Gigantomachia se place comme quelque chose de nouveau, comme une respiration qui lui permettrait de parler un peu d’autre chose sans avoir à satisfaire un pool de fan très pointilleux.

Le pitch de base est très simple. Deux êtres sont à la recherche d’un peuple sans trop qu’on sache pourquoi. Dès le départ, l’auteur installe un climat sombre, assez secret en ne nous révélant pas grand chose sur l’univers qu’il a créé ni même les personnages sur les personnages qui le peuplent. Les deux héros fonctionnent en opposés : masculin/féminin, adulte/enfant, pudique/exhibitionniste, calme/excité… 

Que ce soit Promé ou Délos, ils n’ont quand même pas l’air si inquiétés que ça lorsqu’ils se font attaquer par des guerriers mi-scarabées mi-humains. Miura, pour nous montrer quel genre d’homme est son héros, va commencer son oneshot par un combat épique. L’affrontement des muscles contre la carapace donne un résultat intéressant même si, du point de vue du scénario, il sème le doute dans l’esprit du lecteur.

En effet, ce premier combat dure un peu plus d’un tiers du volume, ce qui ne laisse pas beaucoup de place pour parler de Promé ou pour développer le problème du peuple Scarabée. Très vite, on sent que l’auteur s’en moque. Peu importe l’espace qu’il restera, il fait ce qu’il a envie de faire.

Cette attitude est très marquée dans Gigantomachia. Alors que Miura partait sur une histoires de guerre entre des géants, il se rend compte que développer la façon d’être de son protagoniste est plus intéressant donc il le fait. C’est simple et peu d’auteurs auraient été capables de faire de ce choix. 

On retrouve bien évidemment l’aspect guerre dans la deuxième partie du tome mais ce n’est pas ce qui est le plus développé. Le combat en lui-même n’est même que très rapide. Si vous vous attendiez à des combats titanesques, vous n’avez pas vraiment frappé à la bonne porte. 

Une fois arrivé au bout, on ne peut pas enlever cette sensation de « prologue » qui nous colle à la peau. Difficile de se dire que ce volume de Gigantomachia est le dernier, qu’il n’y a rien après. Même si c’était très court, les deux personnages principaux sont assez bien écrits pour laisser une marque chez le lecteur et créer en lui un sentiment d’inachevé, de gâchis même. 

Graphiquement, Miura n’en est pas à son coup d’essai et ça se voit. Pour ceux qui en doutent, jetez votre oeil curieux sur une ou deux planches et vous verrez que le travail du mangaka fourmille de détails et qu’il n’a aucun problème pour faire comprendre à son lecteur le gigantisme caractéristique des humanoïdes que sont les géants. 

Niveau édition Glénat ne se mouille pas et nous propose une version seinen classique. Le format est un peu plus grand que leur format shônen et les pages sont un peu plus épaisses et un peu moins blanches. Sans cela, il aurait été difficile de profiter au maximum des dessins de Miura qui, dans sa folie du détail, se fait plaisir au niveau trames (si le papier était transparent, je ne donne pas cher du plaisir de lecture…). Malheureusement, on note de nombreuses bulles coupées en fin de pages, ce qui n'est pas très pratique quand on considère le peu de textes de certaines zones... Un petit raté, dommage. 

Au final, je crois que Gigantomachia, plus qu’un oneshot, pourrait faire office de prologue à une future série de l’auteur. Ce tome à tous les ingrédients nécessaires à une exposition réussie : des personnages intéressants, une situation de base plus complexe qu’il n’y paraît, une fin ouverte… Bref, c’est agréable à lire en standalone mais on ne peut qu’être déçu par la nature unique du volume voulue par Miura. 

Les Chroniques d’Arslan 2 (Kurokawa) : L’homme au masque de fer oriental débarque ! 

Le premier volume des aventures d’Arslan semait un peu le doute dans nos têtes. Ce prologue de l’oeuvre originale n’avait pas encore tous les ingrédients nécessaires pour en faire un hit. Dans le tome 2, on entre un peu plus dans le vif du sujet et force est de constater que ça marche un peu mieux. 

On avait laissé le prince un peu livré à lui-même (bon, Daryûn était là, c’est vrai). Ce dernier, bien déterminé à récupérer les rênes de son pays va tenter de convaincre Narsus, un fin stratège, de le rejoindre. Première chose intéressante : ce personnage dont on a commencé à nous parler en fin de volume précédent n’est pas un vieux fou avide de guerre mais une sorte d’intellectuel féru d’art et plus précisément de peinture.

Alors qu’on attendait tous un caractère très typé, TANAKA nous prend à revers en présentant un profil intrigant et dont les faits de guerre parlent tout de même pour lui. Peu intéressé par l’argent, l’honneur ou la célébrité, c’est plutôt la volonté et le point de vue novateur d’Arslan qui vont le convaincre de rejoindre sa cause (qui, pour le moment, reste quasi-désespérée). 

L’auteur nous propose aussi dans ce tome un portrait de l’Eglise Catholique pendant les croisades pas enjôleur pour un sou. Les lusitaniens n’hésitent pas à torturer, massacrer, piller et violer sur leur passage une fois entrés dans la ville. L’exemple le plus parlant reste l’archevêque inquisiteur Boutin- euh… Botin pardon. Quoi ? On me dit dans l’oreillette que c’est Bodin. Humpf… Soit ! 

Cet archevêque inquisiteur Bodin donc n’hésite pas à torturer devant toute la ville un général de l’armée parse qui sera soulagée par la flèche d’un romantique qui ne supportait pas de le voir souffrir ainsi pour rien. On le voit bien dans ses yeux gorgés de sang dessinés par ARAKAWA, le seul à prendre un malin plaisir à ce macabre spectacle, c’est Bodin lui-même. Homme d’Eglise ou fou dangereux ? C’est à vous de décider. 

Le « romantique » en question est un prince vagabond qui va se retrouver malgré lui pris dans les problèmes de la Parse. En l’introduisant, TANAKA vient poser la question de l’intervention extérieure dans un pays en guerre. De par son statut, Ghîb intervient dans les affaires diplomatiques d’une contrée qui n’est pas la sienne, non pas par intérêt mais par simple envie.

Pourquoi est-ce qu’il a soulagé le général parse de ses souffrances ? Tout simplement parce qu’il considère les pratiques lusitaniennes comme horribles, inhumaines, appelez ça comme vous voulez, son avis ne change pas. Bien sûr, il se doutait qu’une récompense l’attendait mais c’est plus par principe qu’il a agit comme il l’a fait et on le voit un peu après quand il doit faire face à un choix qui implique la couronne. 

Si le premier volume était bon mais sans plus, ce second tome, mieux écrit, plus intéressant dans ses développements, va venir relever un peu le niveau de cette seconde frasque épique signée Hiromu ARAKAWA. La série commence à révéler un peu le potentiel qu’on pouvait lui prêter suite au premier tome, de quoi nous permettre d’avancer sans craintes pour ce qui est à venir. 

Tsubasa WoRLD CHRoNiCLE 1 (Pika) : Rendez-vous en univers inconnu.

Après une fin plutôt décevante et plus qu’ouverte, les CLAMP ont décidé de reprendre leur série phare avec le retour de tsubasa CHRoNiCLE avec un nouveau qualificatif central WoRLD. On sort donc du réservoir d’univers parallèles où se trouvaient les plumes de Sakura pour se lancer à la conquête de tous les autres !

Le gros problème de cette « suite » : Il n’y a, pour l’instant, aucun enjeu. Dans ReSERVoiR, les héros devaient retrouver les plumes de Sakura pour lui redonner la mémoire. Cette fois,  Shaolan, Fye et Kurogane ne recherchent rien si ce n’est régler les problèmes des mondes qu’ils visitent. 

Vous me direz que ce n’est que le premier tome, qu’une véritable intrigue devrait se former… Pour le moment, rien ne semble l’indiquer. Un peu comme dans la reprise de xxxHolic avec Rei, les CLAMP ont l’air d’avoir simplement envie de développer quelques petites histoires avec leurs personnages, sans vraiment monter un fil rouge ou autre histoire de fond. 

Les fans d’xxxHolic seront d’ailleurs heureux de voir qu’il reste quelques liens entre les deux séries. Dans ce premier volume, on le voit avec les pièces de 10 yens qui font directement écho à une affaire réglée par Watanaku dans le deuxième volume de Rei. C’est moins poussé qu’avant mais c’est toujours plus ou moins là, bonne nouvelle, non ?

En résulte un sentiment mitigé : oui, on est quand même content que la série ne s’arrête pas sur les derniers chapitres moyens (borderline mauvais) de ReSERVoiR mais on reste quand même déçu du manque d’envergure affiché. Il y a beaucoup plus à faire avec l’univers riche que les auteures ont créé et qu’elles semblent gâcher. 

Au niveau du dessin, ça reste très beau et on peut même dire qu’elles ont fait un certain progrès en ce qui concerne la lisibilité dans les combats. La disposition des cases est beaucoup plus dynamique et entraîne l’oeil du lecteur beaucoup plus facilement qu’avant. Après, au niveau des décors, c’est toujours aussi magnifique, peu importe l’endroit où les héros se trouvent, ça reste très soigné. 

Pika, il faut le reconnaître a fait un travail d’édition sérieux avec une adaptation de la police de caractère intéressante. Le style change ainsi en fonction de la parole prononcée (attaque, pensée…), si la situation l’impose (énervement, folie…) ou même quand des formes de vie particulières parlent (Mokona). 

Un retour qui se fait donc sur la pointe des pieds et pas vraiment en fanfare, la faute à un manque total d’envergure de la part des CLAMP. On retrouve cependant ce qui a fait le succès de la première série : des personnages variés et intéressants ainsi que la composante aventure qui m’a toujours beaucoup plus. A voir comment tout ça sera exploité. 

Vertical 9 (Glénat) : A la montagne, il y a toujours un truc à faire…

Sanpo Shimazaki est clairement infatigable ! Alors qu’il a déjà passé 8 volumes à sauver des montagnards des pires situations, il trouve le moyen de se faire affecter à des cas qui s’avèrent être de pire en pire. En tout cas, vu les zones qu’il couvre dans ce tome, le mot Vertical n’aura jamais eu autant de sens. 

Quand il est question de verticalité et que les terrains sont trop difficilement accessibles, Sanpo ne risque rien et fait appel à son ami Maki et à son hélicoptère. C’est grâce à lui qu’il a sauvé des dizaines de vies jusqu’ici. Cependant, l’économie étant ce qu’elle est, le vieux briscard voit la succursale de la compagnie pour laquelle il travaille mourir à petit feu. 

C’est l’occasion parfaite ICHIZUKA de nous parler un peu du passé de cet homme qui se voit tiraillé entre son sens du devoir et la nécessité de nourrir sa famille. Eh oui, malgré la fermeture, il pourrait tout simplement être muté dans une autre ville, chose qui lui permettrait quand même de vivre convenablement. Malheureusement, il serait impossible pour lui de continuer à aider Sanpo. 

A travers cette histoire, l’auteur veut surtout nous montrer les doutes d’un homme qui a du mal à prendre une décision. Plus que sur le pathos, il met l’accent sur les principes de Maki, des idéaux qui poussent chacun de ses choix. Evidemment, il n’a pas non plus s’empêcher d’inclure un peu de bon sentiment/solidarité des populations montagnardes qui restent joviales et aidantes même dans l’adversité.

Le 9e tome de Vertical sort un peu de la routine avec du flashback et surtout un point de vue différent de celui qu’on a d’habitude. Sanpo se fait un peu moins présent afin que l’auteur puisse donner un peu plus d’importance à un personnage qui jusqu’ici était secondaire et ça… c’est plus mal !