Le Micmac de l’été #10 - Je suis un jeu-vidéo… ou presque !

/ Critique - écrit par OuRs256, le 11/08/2015

Le monde du jeu-vidéo et celui des manga se retrouvent très souvent étroitement liés. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’un univers virtuel permet souvent à l’auteur de faire un peu ce qu’il veut. Petit retour sur les derniers titres sortis qui parlent de jeux ou… pas !


Accel World 1 & 2 (Ototo) : Plus vite que l’ordinateur.

Décidément, les éditions Ototo aiment Reki Kawahara puisqu’ils nous proposent une deuxième série issue d’une adaptation de l’un de ses light novels : Accel World. On ne quitte pas le futur ni la réalité virtuelle mais ne vous inquiétez pas, cette fois, il n’est aucunement question de MMORPG.

Le quotidien d’Haruyuki n’est pas terrible : brimades, moqueries… Il ne souhaite même plus se mêler à ses camarades de classe pendant la pause de midi. Il profite de ces quelques minutes pour se connecter sur le réseau et se rendre dans un espace paisible où il peut jouer au squash virtuel, un jeu qui n’intéresse que lui mais qui demande des réflexes fous. C’est grâce à ce jeu que Kuroyuki, la plus belle élève du lycée, le remarque. Elle lui propose alors d’installer un programme nommé Brain Burst, changeant ainsi son mode et sa perception de la réalité… 

J’avoue que, lors de la première lecture, le concept du Brain Burst reste un peu obscur. En réalité, avant la première démonstration, dur d’imaginer l’intérêt ou une quelconque application de la chose. Je me demande d’ailleurs comment les choses sont présentées dans le light novel, ça ne doit pas être particulièrement facile d’accès. Cependant, à partir du moment où on voit les possibilités, elles deviennent presque infinies. 

Pourtant, les capacités d’accélération ne sont pas vraiment ce que représente Brain Burst. En réalité, c’est un jeu de combat, une arène où s’affronte bon nombre de joueurs pour gagner des points d’accélération et ainsi pouvoir continuer d’accélérer la réalité. Le monde du jeu est plus complexe qu’il n’y paraît et de nombreuses guildes s’y sont formées. Elles sont dirigées par les rois de couleur, des joueurs de niveau 9 qui bloquent l’accès aux plus haut niveaux pour les autres, rangés sous leurs ordres de peur de perdre leur faculté d’accélération. 

Accel World est un manga qui parle principalement de changement. Que ce soit Haruyuki qui en a marre de son quotidien de victime ou Kuroyuki qui veut faire évoluer les mentalités dans le jeu, le thème reste le même. 

La jeune garçon en a assez de voir sa situation ruiner son amitié avec ses deux amis d’enfance. Il a de plus en plus de mal à les aborder et la situation est presque morte depuis que Chiyu et Taku sortent ensemble. Plus qu’un mal être social, c’est en lui-même qu’Haruyuki a du mal à croire. En même temps, quoi de plus normal pour quelqu’un qui se déteste ? Sa rencontre avec Kuroyuki va lui faire comprendre qu’il n’est pas qu’un inutile, qu’il peut faire quelque chose, qu’il peut faire la différence. Petit à petit, le jeune garçon va reprendre un peu confiance et changer. De là à le voir prendre des décisions, il n’y a qu’un pas !

Kuroyuki, elle, apparaît comme quelqu’un qui a tout pour trouver le bonheur. Elle est belle, populaire et n’a aucun problème social. Au contraire, elle possède sa petite clique et son fan club. Son problème, c’est qu’après plusieurs années passées dans Brain Burst, elle a eu envie de changer la routine qui s’est installée dans le jeu suite au pacte de non-agression des rois. Alors que ces derniers ont décidé de ne pas atteindre le niveau ultime afin de ne pas risquer de perdre leur capacité d’accélérer, Kuroyuki s’est rendue compte que cet enracinement ne lui plaisait pas, qu’elle voulait continuer d’avancer, de découvrir, de jouer. 

Graphiquement, c’est beau mis à part les visages qui sont peut-être un peu trop simplistes (mais ça donne un certain charme à l’oeuvre). Un graphisme nerveux était nécessaire pour ce titre où la vitesse possède une importance capitale. Aigamo se débrouille plutôt bien avec un découpage dynamique et une utilisation des trames qui vient bien renforcer l’impression d’accélération. Seul bémol que l'on peut émettre : on aurait peut-être voulu un peu plus de double-pages. Pour un titre axé action comme celui là, ça aurait été un vrai plus. Ototo s’est aussi bien débrouillé sur l’édition en nous proposant un grand format tout en limitant bien les blancs, du standard pour l’éditeur. 

Accel World ne fait pas un démarrage canon même s’il reste dans la moyenne haute de ce qui se fait à l’heure actuel. Le premier arc (celui de la rencontre) se termine et nous annonce une suite qui sera quand même très axée RPG (avec des des sous-fifres à combattre avant d’arriver au boss) mais qui sait, avec Reki Kawahara au scénario, on peut s’attendre à tout.

Final Fantasy Type-0 - Le guerrier à l’épée de glace 1 (Ki-oon) : Juste une dernière danse ?

Ki-oon nous proposait il y a quelques temps le premier tome d’une nouvelle adaptation de jeu, Final Fantasy Type-0 - Le guerrier à l’épée de glace (le second sortira au mois d’août soit probablement au moment de la publication de cet article). 

Chose intelligente, plutôt que de refaire l’histoire de l’opus sorti récemment sur PS4 (mais qui, auparavant, était sorti sur PSP), l’éditeur a décidé de miser sur une préquelle. On suit donc les histoires de Kurasame, le mentor de la classe zéro, pendant sa jeunesse. 

Ce n’est pas un solide leader que l’on retrouve mais plutôt un jeune adolescent taciturne incapable de s’ouvrir aux autres. Alors qu’il commençait à nouer certaines amitiés avec quelques un de ses camarades de classe, les choses tournes mal lors d’un test de courage dans une grotte. Les jeunes de la classe 3 sont attaqués par des ennemis venus de Concordia qui testent des potions qui transforment les gens en monstres. 

Suite à ça, le personnage principal va évoluer très rapidement. Il va prendre conscience de ce qu’il était avant et de ce qu’il veut devenir. Même s’il n’est pas pas particulièrement développé par les auteurs, le côté psychologique a une place intéressante avec quelques dialogues bien sentis pour chacun des personnages. 

Graphiquement, ce n’est pas moche mais ça reste très normalisé avec des  êtres humains dans la mouvance actuelle. Rien de très motivant à noter de ce côté là. Concernant l’éditions, j’ai noté quelques petites coquilles, rien de bien violent mais c’est étonnant pour du Ki-oon, tout comme certaines cases qui donnent l’impression d’avoir été mangées par le bord… 

Au final, les deux auteurs mettent en place un quatuor de personnages solides, complémentaires mais beaucoup trop classiques. Pour l’instant, aucun ne se démarque et l’histoire n’est pas spécialement palpitante même si c’est bien mieux que le mauvais Assassin’s Creed, pas très difficile, vous me direz ? 

Inazuma Eleven Go 6 (Kurokawa) : Le foot ? C’est génétique !

Sixième tome pour la série de Tenya Yabuno (qui devrait se lancer dans une nouvelle série de la saga Digimon dans les prochains jours) et on sent qu’on arrive au bout avec l’apparition du dernier ennemi qui fera voyager nos héros dans le futur (grâce à un retournement de situation plus que tiré par les cheveux). 

Là-bas, ils trouveront un monde dévasté par le foot et où les joueurs ont muté à cause du foot (oui oui, vous avez bien compris). Pour tenter de sauver le monde des terribles footballeurs qui terrorisent les populations, les Inazuma Eleven vont devoir utiliser tous les pouvoirs qu’ils ont obtenus à travers leur périple. Les esprits guerriers viendront se mêler aux esprits du temps pour créer des armures ultra-puissantes qui permettront de décupler les forces de l’équipe. 

La surenchère de puissance chez les équipes ennemis continue donc avec une équipe de… mutants qui a le foot dans le sang. Ils sont nés avec, il est dans leur gène et donc ils peuvent rivaliser avec n’importe qui et apprendre les techniques beaucoup plus rapidement que des joueurs traditionnels. Vous le voyez, on est bien dans un kodomo, les rebondissements n’en sont pas vraiment mais tout va toujours très vite… 

Avant-dernier tome pour cette adaptation du jeu 3DS qui fait la part belle aux pouvoirs gagnés par les héros lors de leurs voyages dans le temps. Encore une fois, pas de temps mort et une narration dynamique qui permettra d'éviter l'ennui aux plus jeunes.

La Cité des esclaves 4 (Casterman) : Oui maître, je suis d’accord maître. 

Le troisième tome nous apprenait qu’un certain Ryûô manipulait de nombreuses personnes dans le but de se faire de plus en plus d’esclaves. Pour cette quatrième itération de la série d’OOISHI et OKADA, on plonge dans son passé. Via le passé de Julia, on apprend comment il en est venu utiliser le SCM et pourquoi. 

Ryûô était un personnage intéressant, intrigant même avec une intelligence plutôt élevée pour quelqu’un de son âge. Cependant, le flashback vient un peu casser le mythe en révélant une raison banale. Quand on y réfléchit, il utilise une méthode assez efficace pour atteindre son but mais compte tenu du build up des auteurs, on s’attendait forcément à mieux. 

Julia, elle, devient un personnage « pantin ». Elle n’a aucune personnalité, aucun intérêt réel. Manipulée par Ryûô, elle n’aspire à rien d’autre, elle se laisse faire et s’amourache même de sa condition d’esclave (Syndrome de Stockholm, quand tu nous tiens…). Est-ce que les auteurs tentent de nous montrer un effet secondaire du SCM ? Peut-être. En tout cas, elle fait presque de la peine à voir, incapable de vivre par elle-même.

Dans la deuxième partie du tome, c’est l’origine du SCM qui est à l’honneur via l’histoire du chien qui en est le porteur. Ce dernier a été éloigné de sa maîtresse et s’est retrouvé chez le professeur qui a conçu l’appareil. Alors qu’à l’origine, il était fait pour faciliter le dressage des animaux, un étudiant a vite eu l’idée de détourner son utilisation afin de faire de l’argent. Eh oui, c’est le nerf de la guerre, comme toujours. 

Malheureusement, c’est très (trop) peu d’originalité que l’on retrouve dans ce quatrième tome de La Cité des esclaves qui perd un peu de son intérêt. Les explications proposées par les auteurs font le minimum syndical me se contentent de ça. Il n’y a pas de prise de risques dans la narration et plus aucun personnage qui serait digne de « mener » la série. C’est clairement dommage venant d’une série qui promettait via ses premiers tomes. 

Sword Art Online Progressive 1 (Ototo) : Retour aux sources.

La première itération de Sword Art Online chez Ototo nous présentait succinctement le premier arc de la série qui se passe sur la forteresse Aincrad. Ce premier manga était paru alors que la licence démarrait à peine et qu’elle n’avait pas autant de succès qu’aujourd’hui. Cette nouvelle adaptation a ainsi le droit à un véritable dessinateur et à un développement beaucoup moins rapide. 

L’histoire, vous la connaissez très bien si vous avez lu le manga, vu l’anime ou lu le roman aux éditions Ofelbe. Le gros changement par rapport à tout ces supports, c’est que le personnage principal, ce n’est plus vraiment Kirito mais plutôt Asuna. Le changement de point de vue permet des choses intéressantes en ce qui concerne la narration, notamment une expression des sentiments un peu plus importante. On notera aussi une utilisation assez ponctuelle de fanservice mais comme ce n’est que sur Asuna, je serais tenté de dire que ça passe bien (le fanboy en moi est plein rêve) ! 

Que ce soit la rencontre avec Kirito ou les premiers pas dans le jeu, Asuna ne réagit pas de la même façon que le jeune garçon. Elle réfléchit plus, se base moins sur l’instinct que le jeune homme ne le faisait. Difficile de ne pas remarquer les nombreuses scènes « tranches de vie » incluses dans cette nouvelle mouture qui prouve que la série a du temps devant elle. Le succès de la franchise aidant, l’adaptant promet d’être beaucoup plus longue et méticuleuse que la première.

Comme dit précédemment, graphiquement, c’est le jour et la nuit. Que ce soit les scènes de combat ou les scènes du quotidien, le trait de Kiseki Himura est tout simplement magnifique. Avec un encrage fin et une utilisation des trames minimaliste, il parvient à donner un dynamisme probant aux combats et un ton réaliste aux mouvements de ses personnages. On sent aussi pas mal l’influence du numérique avec de nombreux effets clairement venus de l’utilisation de l’ordinateur. Concrètement, ça s’intègre plutôt bien à l’univers de SAO et le mélange des styles donne un rendu efficace. 

Un retour apprécié d'une série qui avait été faite trop vite à l'époque. L'utilisation d'Asuna apporte un véritable plus pour avoir une vision du déroulement des événements que l'on connaît. Avec un trait sublime, on imagine que cette nouvelle version a de beaux jours devant elle.