7.5/10Life

/ Critique - écrit par juro, le 16/11/2008
Notre verdict : 7.5/10 - L'école de la souffrance (Fiche technique)

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Il n'en faut pas beaucoup pour dire que Life est un manga choc. A travers le quotidien de son héroïne, découvrez le monde sans concession des lycéennes japonais.

Ayumu est une collégienne aux résultats scolaires médiocres. Heureusement sa meilleure amie, la brillante Shii, est toujours là pour l’aider et la soutenir. Elles se promettent d’aller toutes les deux dans un lycée prestigieux et étudient ensemble pour passer l’examen d’entrée. Mais quand Ayumu est reçue et que Shii échoue, leur belle amitié vole en éclat. Ayumu qui se sent coupable de cette rupture va commencer à s’automutiler, pensant ainsi expier ses fautes. Si les choses s’améliorent peu à peu dans son nouveau lycée, elle va vite découvrir que l’apparence de ses camarades de classe ne reflète en rien leur vraie personnalité…

Life
Life
Si Life n'est pas le premier titre à parler du phénomène "ijime", il possède de nombreux arguments contribuant à rendre sa lecture passionnante pour un shôjo. Ainsi, Keiko Suenobu arrive à nous proposer une lecture tout à fait passionnante autour d'une jeune fille s'enfonçant dans une dépression invisible aux yeux des autres. Et justement, ce sont bien les "autres" le problème : le qu'en dira-t-on, le regard porté sur la moindre action, les relations d'amitié superficielle et les perversions de toute sorte. La mangaka nous avait déjà fait partager son point de vue sur la question à travers Vitamine, un one-shot dont elle décrivait déjà les ficelles de la persécution dont sont victimes quelques lycéens nippons. Cette fois-ci, la description se trouve beaucoup plus poussée et le récit de Suenobu prend toute son essence dans les réflexions de son héroïne sur son sort. Chaque décision, bonne ou mauvaise, l'enfonce un peu plus dans son statut de victime comme un cercle vicieux dont le seul échappatoire consiste en l'autodestruction et plus précisément l'automutilation... L'auteur dresse une fois de plus un portrait peu flatteur de l'adolescence de son pays : pervers, manipulateur, peu solidaire, se concentrant sur des valeurs aussi dérisoires que les résultats scolaires ou la beauté pour en oublier qu'un plus faible représente aussi une âme en peine car leur principal défaut demeure l'égoïsme. Livrés à eux-mêmes car en l'absence d'adultes dans ce manga, les adolescents sont encore pires que des jeunes enfants en quête d'affirmation de soi, ils apparaissent comme la lie de la société en ayant déjà intégrés les principes de succès à tout prix même si pour cela, écraser autrui est nécessaire...

Life délivre une intrigue dont les points forts tapent à l'oeil mais bénéficie aussi de points faibles, à savoir une certaine redondance des situations montrant une pauvre fille ne trouvant jamais la solution et devenant presque "la pauvre petite orpheline sur lequel le sort s'acharne". L'auteur victimise à outrance son personnage à un rythme effréné pour un rythme en dent de scie. Par rapport à sa précédente oeuvre, le trait de l'auteur s'est affiné. Un peu moins brut la plupart du temps pour coller plus à la norme graphique shôjo du style Peach Girl, il se durcit dans des moments de crise. Le manga se présente sous forme aéré avec des grandes cases découpées dans tous les sens, lui aussi pour coller à la norme actuelle alors que le remplissage est quasiment absent.

Le titre se montre comme une série qui s'annonce dure et soulevant des tabous dont sont conscients les nippons. Mais Life reste un titre romancée dans lequel une lueur d'espoir existe toujours et encore et dont on ne doute pas que la mangaka parviendra à raccrocher pour éclaircir ce début très très sombre...