Ce qu’il ne fallait pas louper chez Kurokawa ces trois derniers mois

/ Critique - écrit par OuRs256, le 10/06/2015

Comme vous avez pu le remarquer, le titre rime ! Est-ce que je l’ai fait exprès ? Mystère ! En tout cas, l’éditeur nous a proposé un sacré paquet de bonnes choses ces derniers temps et il est temps de faire un petit point.

Ce qu’il ne fallait pas louper chez Kurokawa ces trois derniers mois

Quand on me dit Kurokawa, je pense tout de suite à du café. Comment ça, c’est pas clair ? Tout le monde sait que « kawa » peut signifier café en arabe de nos jours ! On l’a entendu tellement de fois que c’en est presque devenu un réflexe ! Enfin bref, blague toute bidon mise à part, quand on me dit Kurokawa, la première image qui me vient, c’est celle d’Ippo. Dans la série éponyme, le boxeur n’a pas forcément toujours le premier rôle. George Morikawa nous propose souvent des combats d’autres boxeurs du club Kamogawa mais aussi de rivaux du jeune champion japonais. C’est le cas dans les tomes 6, 7 et 8 de cette quatrième saison, La Loi du ring. Ils sont dédiés à Sawamura qui se bat contre Mashiba, deux boxeurs qui aiment cogner sans trop se préoccuper des règles. Pour célébrer l’occasion, Morikawa nous offre un combat d’une violence hors du commun avec du sang qui gicle au moindre coup tordu de chacun des deux adversaires. On a donc le droit à un affrontement jamais vu dans Ippo, un combat à la limite du malsain où le règlement et le fairplay sportif n’ont plus leur place. Trois tomes à savourer de toute urgence donc. 

Ce qu’il ne fallait pas louper chez Kurokawa ces trois derniers mois

Il ne faut pas non plus que, depuis quelques années, Kurokawa est aussi l’éditeur qui a redonné ses lettres de noblesse au monument qu’est Saint Seiya. La série de Masami Kurumada a été remise sur le devant de la scène grâce à la sortie de The Lost Canvas. Avec ses qualités marketing indéniables, la maison d’édition à su faire découvrir une série à un public plus jeune mais aussi à la faire redécouvrir à un public plus nostalgique qui avait un peu perdu la foi après Episode G. Ces derniers temps, on a pu découvrir le neuvième volume de The Lost Canvas Chronicles. Ces histoires uniques (chaque tome pourrait s’apparenter à un oneshot sur un chevalier), bien qu’assez inégales, permettent de donner plus de profondeur au monde créé par Teshirogi et Kurumada dans The Lost Canvas. Le Taureau (mon signe astrologique pour ceux que ça intéressent, c’est à dire personne) a le droit à son moment de gloire et l’auteure nous propose une histoire dont le schéma narratif diffère des précédentes. Pas question de combattre les sbires d’un dieu d’une autre mythologie cette fois-ci, c’est à la légende du Minotaure qu’Aldébaran (Teneo) va s’attaquer. La réécriture du mythe est intelligente et mettra la barre haut avant que passiez au deuxième titre de la licence, Saintia Shô. On quitte le monde de brutes des chevaliers masculins pour retrouver la garde rapprochée d’Athéna. Shoko s’est décidée a s’entraîner pour devenir digne de sa soeur mais les épreuves sont difficiles et les larbins (larbines ?) à la solde d’Eris ne vont pas la laisser faire ce qu’elle veut. La série de Chimaki Kuori est toujours aussi étonnante. Le traitement de l’action est efficace, shônen au possible et le trait de la mangaka, qui tire vers le shôjo, confère un côté beaucoup plus « doux » à la série. Les fans trouveront toujours un grand nombre d’incohérences quant à la présence de cette garde rapprochée dont on n’a jamais entendu parler mais en dernier lieu, la série nous fait découvrir le titre de Kurumada sous un angle différent avec un dessin bien mieux maîtrisé. 

Ce qu’il ne fallait pas louper chez Kurokawa ces trois derniers mois

Dans un autre registre, Nozokiana nous permettait d’être un peu plus coquin avec un douzième volume (sur treize) placé sous le signe du flashback. Ce n’est pas vraiment un traumatisme qui a changé Emiru comme on aurait pu le penser mais plutôt une désillusion. C’est ce qui a engendré une perte d’innocence et qui l’a poussée à devenir celle qu’on connaît. Toujours aussi bien raconté, l’auteur continue à distiller des petits moments érotiques un peu partout (il ne perd pas le nord) tout en gardant un cadre intéressant pour son histoire principale. 

Puisqu’on parle de filles, je vais en profiter pour faire un petit volte face et parler de shôjo (cette transition de derrière les fagôts…). Secret Service Maison de Ayakashi s’est achevé avec son onzième volume. La couverture donne un peu le ton puisque le blanc, symbole de pureté et de renouveau, remplace le noir traditionnel. Malgré son inégalité qualitative, la série aura eu le mérite de proposer un mélange des genres intéressant. Avec ses personnages dont on ne sait pas trop s’ils sont sortis d’un shônen ou d’un shôjo, Cocoa Fujiwara est parvenue à les utiliser de manière au moins aussi ambigüe dans son histoire qui sait se diversifier avec les chapitres à l’instar de Wolf Girl and Black Prince. Le manga d’Ayuko Hatta continue d’apporter sa fraîcheur avec un sixième volume qui ne viendra pas révolutionner le genre (il n’en a pas la prétention) mais qui peut se targuer d’avoir un regard jeune sur les situations classiques du shôjo. Erika va profiter des vacances d’été pour rencontrer la famille de Sata mais la jeune fille, dans toute sa folie, va stresser pour pas grand chose et se rendre la tâche plus difficile qu'elle ne l'est déjà. La combinaison petit-ami/précipitation/rencontre des parents va bien évidemment laisser le champ libre à Ayuko Hatta pour des scènes amusantes et décalées, de quoi vous faire montrer les dents (littéralement) aux autres passagers du (insérez transport en commun ici) dans lequel vous vous trouvez.  

Ce qu’il ne fallait pas louper chez Kurokawa ces trois derniers mois

Si vous voulez un peu d’action, le trio Kenichi (saison 2) 9, Akame Ga Kill! 4 et Magi 19 vous fera les yeux doux. Kenichi fait la part belle au combo formé par le héros éponyme et Pollux. Les deux alliés d’une journée vont se jeter dans la gueule du loup pour sauver Pollux, toujours prisonnière de Yami. Comme d’habitude dans la série, le dynamisme est de mise. Le duo mis en valeur fonctionne particulièrement bien avec un Kenichi agile, rapide et un Pollux qui détruit tout par la force pure. Les ennemis sont à la hauteur de nos espérances et ne se laissent pas faire. Matsuena parvient aussi à placer une jolie dose de fan service mais peut-être pas autant qu’à l’accoutumée, ce qui permet de bien focaliser le lecteur sur les combats. Dans le second titre, Tatsumi va tomber dans les filets d’Esdeath… mais pas de la manière dont on aurait pu l’imaginer. Cette dernière, à la recherche de l’amour, va jeter son dévolu sur le jeune garçon sans vraiment savoir qui il est, juste parce qu’il a une bonne tête et qu’il est habile avec une épée (il va participer à un tournoi avec des types plutôt faibles pourtant). Les auteurs changent donc de cadre et on passe du côté de l’ennemi puisqu’une grande partie du volume est passée en compagne d’Esdeath et de ses Jägers (chasseurs en allemand). Tatsumi va en apprendre un peu plus sur leurs armes mais aussi leurs motifs, ce qui devrait quand même bien aider le Night Raid lorsqu’il parviendra à y retourner. Ils ont beau être ennemis, certaines amitiés se créent et ces nouveaux personnages n’ont pas tous quelque chose de détestable ou du moins, ils ont chacun une facette plus humaine que l’on nous le fait penser. Magi continue son hommage à Shaman King (mais si, je vous assure) avec un tome 100% action. L’empire Kô arrive et Mogamed se doit d’utiliser la dernière arme des magiciens : la création de djinn noirs. Pour cela, il abandonne ce qu’il lui reste d’humanité et, sans le vouloir, met en danger tous ceux qu’il avait juré de protéger. Ali Baba montre les crocs avec son nouvel équipement (ou nouvel oversoul, comme vous préférez) et sera accompagné de Kôen, leader des armées de Kô. De cette alliance dépendra l’issue du combat et surtout, la vérité sur le monde du roi Salomon. Comment dire, ça tape de partout et ça promet pour les révélations de fin de combat dans un volume qui s’avère prenant et particulièrement fluide à lire, que demander de plus ?

Ce qu’il ne fallait pas louper chez Kurokawa ces trois derniers mois

Si vous cherchez un peu plus de relaxation, il va falloir vous diriger vers deux autres très bons titres : Vinland Saga 14 et Silver Spoon 10. Dans Vinland Saga, Makoto Yukimura a effectué un virage à 180° avec son histoire. D’un manga au personnage principal assoiffé de combats et incontrôlable, il est passé à quelqu’un de calme, réfléchi et surtout pacifique. Le Thorfinn qui n’hésitait pas à prendre les armes pour tout et n’importe quoi est bel et bien mort en même temps qu’Askelaad et on le voit très clairement dans ce volume. Le jeune homme ira jusqu’à se prendre 100 coups particulièrement violents pour voir Knut. Les retrouvailles sont plutôt posées et sans véritable épanchement de nostalgie. Les deux « gamins » ont muri et sont capables d’expliquer le but qu’ils se sont fixés sans en venir aux mains et ce, malgré le désaccord sur la manière. Ils ont le même objectif, ça, ils l’ont très bien compris mais chacun à sa propre méthode pour y arriver. Quand Knut passe par la conquête et la soumission potentielle de nombreux peuples, Thorfinn veut trouver une terre vierge et construire à partir de zéro. L’enjeu sera donc de voir laquelle fonctionne le mieux avec le temps. Dans un registre toujours aussi « calme » et reposant, Hiromu Arakawa attaque le volume 10 de Silver Spoon avec un retour, celui de Komaba. Le jeune garçon continue à travailler pour aider sa famille qui a perdu sa ferme et va se retrouver à Ohezo pendant les vacances. Alors qu’il se croyait seul, il va retrouver Yûgo qui, comme à son habitude, n’a pas vraiment envie de rentrer chez lui. Les retrouvailles restent très froides, Komaba n’étant pas homme à laisser fuiter ses sentiments… « comme un homme ». Arakawa nous refait aussi une petite redif’ de la création de bacon. Les élèves, sous l’impulsion de Yûgo, vont se mettre à faire des saucisses ! Cette fois, ils ne vont pas se contenter de le faire puisqu’ils vont aussi le vendre lors du marché de l’école. L’occasion de parler un peu d’argent, nerf de la guerre quand on tient une ferme selon l’auteure. Un tome un peu plus léger que les précédents, avec de l’humour, une touche de pathos mais toujours autant d’informations sur le monde agricole. 

Ce qu’il ne fallait pas louper chez Kurokawa ces trois derniers mois

Difficile aussi de passer à côté de deux titres qui sont devenus des classiques de Kurokawa : Pokémon et Jésus et Bouddha. Dans le neuvième tome des aventures des deux divinités les plus humaines de ces dernières années, Hikaru Nakamura nous fait (re)découvrir quelques pans de la culture japonaise que l’on connait déjà plutôt bien (Momotaro et sa pêche) et d’autres plus obscurs (la « culture de supermarché » avec radio et tout…). Le format n’a pas changé et ne fera donc pas fuir les lecteurs de la première heure avec des historiettes sympathiques mais sans réel impact sur l’histoire. Il faut lire Les Vacances de Jésus et Bouddha avec un oeil curieux, c’est un manga drôle et souvent instructif pour les plus jeunes avec des références culturelles occidentales et japonaises, de quoi satisfaire tout le monde donc. Le deuxième tome de Pokémon Rubis et Saphir est aussi énorme que le premier (normal pour un tome triple vous me direz) à la différence qu’il est très difficile de décrocher avant d’avoir fini. Le manga développe énormément son intrigue de fond (à savoir les plans machiavéliques des teams Aqua et Magma pour dominer le monde des Pokémon) sans oublier les personnages. Un peu comme dans Noir et Blanc, les héros évoluent très rapidement et ne sont jamais négligés. Les auteurs n’hésitent pas non plus à s’écarter un peu des jeux pour le faire et ça, je dois avouer que c’est un vrai point positif. Ils l’avaient déjà fait avec les champions d’arène dans La Grande Aventure et ils continuent à étendre ce procédé aux autres personnages avec Rubis et Saphir, de quoi amener un peu de surprise aux fans inconditionnels du jeu qui l’ont déjà fini douze ou treize fois. 

Fiouuuu ! Bon, vous avez de la lecture jusqu’à la semaine prochaine (au moins) et je vous donne donc rendez-vous mercredi 17 pour parler (vous l'avez deviné) des titres que vous avez bien fait de louper !