Les Komikku des mois de février-mars 2015
Manga / Critique - écrit par OuRs256, le 17/04/2015Tags : manga vol komikku editions seinen nouvelle shonen
Le mois en deux mots trois mouvements : rat / « meugnons » / papier / entrailles / pan !
Le Maître des livres 4 : Dans le quatrième opus du Maître des livres se trouve un grand classique de la littérature française que tous les lecteurs devraient reconnaître, Le Petit Prince de Saint Exupéry. Le petit coup de blues de Miyamoto sert de base à une introspection philosophique où chaque étape du livre est reprise. Il n’est pas question d’un seul chapitre évidemment, l’oeuvre étant particulièrement complexe, mais de 5. C’est une très bonne occasion pour l’auteur de creuser un peu ce personnage qui était apparu dès les premières pages de la série et auquel on commençait à s’attacher. Cependant, et on le remarque dans d’autres titres, traiter ce genre de chose n’est pas facile. Umiharu Shinohara s’en tire pourtant avec les honneurs en restant juste dans son utilisation du pathos. Il aurait pu submerger son lecteur avec un passé triste et larmoyant mais il n’en est rien. Il se concentre sur le côté positif de Miyamoto et sa volonté d’aller de l’avant et de sortir de sa crise. Le lecteur se laisse donc porter par une histoire bien menée, au rythme des images et au gré des mots.
Minuscule 1 : Pour ce nouveau titre des éditions komikku, le maître mot n’est autre que « mignon ». Dans Minuscule, Takuto Kashiki met en scène deux jeunes femmes nommées Hakumei et Mikochi qui ont la particularité de ne pas mesurer plus de dix centimètres. Est-ce qu’elles vivent des aventures folles et essayent d’échapper à des animaux diaboliques gigantesques ? Non, pas du tout. En fait, Minuscule, c’est de la tranche de vie… au pays des Minimoys. Vous ne vous souvenez pas de ces petits personnages apparus dans un film de Luc Besson ? Allez jeter un oeil car l’univers du titre m’a beaucoup fait penser à leur monde, le côté aventure en moins. On suit Hakumei et Mikochi dans de petites aventures toutes indépendantes les unes des autres (elles n’ont tellement rien à voir que vous pourriez lire les chapitres dans le désordre que ça ne changerait rien) qui vont permettre à ce monde du tout petit de paraître de plus en plus grand. C’est d’ailleurs une des forces du titre, l’auteur se débrouille très bien pour alimenter son univers et le rendre de plus en plus vivant au fil des chapitres. On découvre de nouveaux aspects à chaque fois et certaines inventions sont particulièrement intelligentes. Vous le verrez rien qu’à la couverture, le graphisme est super fouillé, rien à redire à ce niveau là. C’est mignon tout plein (on ne voit pas tous les jours un personnage tout riquiqui boire de l’alcool !) et les arrière-plans fourmillent de petits détails. En fait, le lecteur pourra juste regretter une chose, l’absence totale de lien entre chaque chapitre. Il est vrai que ce n’est pas particulièrement gênant dans un manga tranche de vie mais la plupart des mangaka tentent de faire des « mini-arcs » de 3 ou 4 chapitres mais qui sait, peut-être qu’il y en aura dans un prochain tome ?
Prisoner and Paper Plane 1 : Petite série en trois tomes, Prisoner and Paper Plane est une série née d’un projet multimédia issue des chansons de Vocaloid. Pour ceux que ça intéressent, vous pourrez les retrouver en cliquant sur les liens suivant : Prisoner et Paper Plane (attention aux oreilles). On suit l’histoire d’un prisonnier, nom de code « matricule 420 » qui tente tant bien que mal de survivre dans une geôle où les conditions de vie sont inhumaines. Les détenus y sont joyeusement maltraités et privés de nourriture (ils sont rationnés une fois tous les 3 jours seulement). Ce qui le pousse à s’accrocher à la vie ? Une fille qu’il a vue une fois derrière les barbelés du dehors. Cette dernière n’a rien dit, on ne sait pas qui elle est ni d’où elle vient mais 420 semble déjà fou amoureux d’elle. Cela vous semble fou ? Ce n’est pas la seule incohérence du titre. Pendant tout le volume, le personnage principale s’interroge sur ses conditions de détention et sur le traitement des prisonniers en général… Il faudrait peut-être que quelqu’un lui rappelle qu’il est en prison. Il était soldat d’une patrie qui a perdu et maintenant, il se trouve être un dommage collatéral de la guerre. C’est dommage mais on a du lui dire que les conflits ne se terminaient jamais bien pour les deux camps, non ? Après avoir tué des soldats adverses sans vergogne (du moins, on le suppose), ses interrogations semblent un peu trop philosophiques. Sachant qu’elles reviennent très souvent, même le trait plutôt fin ne parvient pas à faire remonter le plaisir de lecture. C’est assez fade et superficiel pour l’instant et les chansons qui servent de base au titre ne viennent pas vraiment rassurer. On va quand même attendre un peu avant de juger mais pour le moment, difficile de conseiller ce titre…
Reversible Man 3 : D Nakatani est un auteur impressionnant. Son titre est particulièrement gore mais qu’est-ce qu’il est bon ! Pour ceux qui veulent voir des entrailles, Reversible Man est un titre incontournable mais ça, les fans le savaient déjà. Je vais plutôt essayer de convaincre quelques nouveaux lecteurs de se tourner vers une série dont chaque volume atteint plus de 300 pages et dont on ne veut jamais en rater une miette. Dans ce troisième volume, on découvre le passé de Marie Kajii (procureure que l’on avait découverte dans le deuxième volume) et ce qui l’a poussé à massacrer les violeurs en faisant subir à leurs corps des déformations dignes du Hokuto Shinken. Alors qu’elle se rendait à son examen de droit, elle a été kidnappée par des mineurs qui lui ont fait subir les pires sévices (physiques et sexuels) pendant plus de vingt jours. Après quoi, sa mère ne lui a même pas laissé le temps de se remettre. Au contraire, elle a continué à lui mettre une pression effrayante pour qu’elle reprenne le cabinet d’avocats de son défunt père. Evidemment, Marie va très mal le vivre et tout ce stress va la pousser à se retourner. C’est alors qu’elle va rencontrer un mécène qui va lui fournir de quoi punir les criminels sexuels à sa façon. Si je devais définir l’adolescence de Marie en un mot, je dirais qu’elle a été « brutale » mais pas dans le sens français du terme, plutôt dans le sens Mortal Kombat (Brutality!). En fait, lorsque l’on voit le corps mutilé de Marie, on est presque heureux de la voir se retourner pour retrouver une beauté renouvelée. On comprend aussi ses petits coups de folie vis à vis de sa fille en fin de dernier volume. Vous l’aurez compris, le lecteur a le droit à la totale dans ce troisième volume : de l’action, du découpage et une histoire poignante. Ce qui fait plaisir, c’est de savoir qu’un quatrième tome ne devrait plus tarder !
Rising Sun 1 à 3 : Ikki Kaï… C’est de la bleusaille ! Au cas où vous ne l’auriez pas remarqué avec les couvertures, Rising Sun, c’est un manga qui parle de l’armée ! Ici, il ne s’agit pas de la marine ni de l’armée de l’air mais plutôt de l’armée de terre. Enfin, pour être précis, ce sont les forces japonaises d’autodéfense (les Japonais n’ont pas vraiment le droit d’avoir une armée en tant que telle depuis la fin de la seconde guerre mondiale). On suit donc l’arrivée d’un groupe de jeunes dans un camp d’entraînement, leurs désillusions mais aussi la rudesse (et l’imbécilité) de certaines épreuves imposées par l’armée. Quand on prend en main Rising Sun et que l’on possède, comme moi, une forte aversion de l’autorité, l’a priori n’est pas bon. Malheureusement, le manga possède absolument tout ce que je pensais trouver : un prosélytisme évident, des scènes ridicules à souhait mais aussi de la camaraderie et un esprit shônen fort. Là, vous pensez « Mais il débloque lui ou quoi ?! C’est un seinen ce titre, c’est évident ! ». Oui, c’est vrai, le thème choisi, la façon de faire évoluer les personnages, la dureté de certaines scènes, c’est bel et bien du seinen. Cependant, on retrouve dans ces jeunes garçons, une volonté d’avancer admirable. Ils vont chercher au fond de leurs tripes la force de surmonter ensemble les épreuves (stupides?) imposées par l’armée et c’est ça l’esprit shônen, ce courage sans borne né dans l’esprit de groupe. J’ai encore en tête une histoire de baïonnette qui occupe une grande partie du tome 3 où on voit tous les cadets rechercher un capuchon tous à quatre pattes dans la boue alors qu’il pleut à torrent. Intérêt de la manoeuvre ? Je me le demande encore. Les paroles du responsable rendent d’ailleurs la scène encore plus ridicule en expliquant aux parents d’un cadet que ce capuchon, « c’est leur vie ». Enfin bref, prosélytisme mis à part, Rising Sun est une série plutôt bien dessinée et qui reste sympathique à lire. Difficile de dire si le titre va évoluer un peu pour parler des vraies horreurs de la guerre (et notamment de potentiels crimes de guerre) mais rien ne semble pointer dans cette direction pour le moment.