6/10Kairi

/ Critique - écrit par juro, le 11/10/2007
Notre verdict : 6/10 - Ijimenation (Fiche technique)

Tags : kairi hearts kingdom sora keyblade riku coeurs

Un bon shôjo manfra à se mettre sous la dent pour voir de quoi sont capables les auteurs de souche francophone en matière de format nippon.

Une femme. Un homme. Une histoire d’amour. C’est simple, non ? Les circonstances peuvent pimenter l’intrigue, le dénouement verra des rebondissements en tout genre se profiler. Voilà pour les (grosses) ficelles. Les auteurs de Kairi étaient prévenus, les lecteurs ne seraient pas dupes alors ils ont mis les bouchées doubles pour créer un scénario étonnant de maturité tout en restant dans un esprit jeune assez crédible.

Caille y rit (désolé)

Kairi est une lycéenne de 17 ans Chiba près de Tokyo. Alors qu’elle fête l’anniversaire de son petit ami Shin, ses parents trouvent la mort dans un accident de voiture. Commence alors une vie semée d’embûches pour la jeune Kairi qui devra grandir plus vite que prévu…

Kairi (c) Shogun
Kairi (c) Shogun
Kairi
est un drame. Un drame destructeur à tout point de vue et surtout pour l’héroïne en question contrainte de devoir entamer une nouvelle vie à la suite de l’accident mortel de ses parents. Tout son monde change contre sa volonté : repli sur elle-même jusqu’à devenir une ijime (bouc émissaire scolaire) de ses nouveaux camarades, culpabilité décuplée à propos de l’accident et surtout la perte de son petit copain Shin vécu comme un déchirement des deux côtés hantant les esprits des deux personnages en permanence… Kairi n’est plus que l’ombre d’elle-même. Sa perte de confiance en elle-même va la confronter à un monde duquel elle était épargnée par la stabilité et le confort parental en atterrissant chez sa tante bienveillante. Au centre de toutes les attentions, sa relation avec Shin , métis franco-nippon, monte de fil en aiguille vers des sentiments exacerbés de haine et d’amour combinés auquel s’ajoute l’éloignement. Un drame, on vous l’a dit. Mais derrière ceci, l’intrigue conserve une dose d’espoir notable en suspens.

Drame adolescent

La cruauté plane sur le manfra. Le ton volontairement dramatique est exprimé par une mise en scène intelligente, jouant sur les silences et les non dits. Le principe est connu mais lorsqu’il est bien amené, il est efficace. Kairi présente son lot de personnages intéressants : la protagoniste en descente aux enfers subissant un choc émotionnel à chaque nouvel événement, et entraînant son copain tourmenté dans sa chute. La distance n’arrangeant rien, le couple se retrouve en sursis. Et le relatif état de fragilité du personnage principal s’accentue lorsqu’elle découvre un nouvel environnement l’accueillant immédiatement comme une victime potentielle. Alors, Kairi est bien une histoire d’amour avec un fort côté dramatique mais qui manque de situations fortes et marquantes ? On reste tout de même sur sa faim lorsque l’apitoiement entre en ligne de compte et que le sort s’acharne désespérément. Cela reste une histoire convaincante tout de même.Kairi (c) Shogun
Kairi (c) Shogun

Le trait met les personnages en valeur, c’est certain. Même si leurs visages plats peuvent paraître bizarres au premier coup d’œil , on se laisse gagner par le chara design de Janina Gorrissen pour y adhérer progressivement. L’édition de Shogun en grand format met considérablement l’œuvre en valeur même si le remplissage reste sommaire.

Le manfra apparaît comme une lecture à caser entre deux œuvres plus abouties mais avec une intrigue de départ tout à fait acceptable même si pas pleinement convaincante sur tous les plans. Kairi demeure tout simplement au niveau de la majeure partie de la production francophone.