Jeux d'enfants - On s'amuse à s'entretuer ?
Manga / Critique - écrit par OuRs256, le 25/11/2014 (Tags :
C’est une journée ordinaire qui commence pour Shun Takahata, dont la vie est si banale qu’il s’est mis à la trouver ennuyeuse. Ce lycéen de 16 ans, plutôt discret, voit son quotidien paisible voler en éclats en même temps que la tête de son prof, en plein milieu du cours ! Lui et ses camarades de classe se retrouvent soudain otages du jeu sanglant mené par une étrange figurine... Il va lui falloir survivre ! Mais cette épreuve est-elle une punition divine, ou un cadeau ?
Les manga de type survival game sont de plus en plus à la mode chez nous et Pika n'a pas raté le coche en nous proposant Jeux d'enfants (Kamisama no iu toori pour les plus japonisants d'entre vous), un titre avec un succès avéré au Japon puisqu'il a déjà eu droit à une adaptation cinématographique réalisée par Takashi Miike (sortie prévue en novembre 2014 au pays du soleil levant). De plus, sa publication continue avec une saison deux en ce moment même dans le Weekly Shônen Magazine.
Les éditions Ki-oon avait un peu lancé la mode avec Doubt mais il faut dire que cette année, on a eu un sacré paquet de titres du genre : Darwin's Game, King's Game, King's Game Extreme, Alice in Borderlands, et maintenant Jeux d'enfants. Le titre fait référence aux épreuves subies par les personnages qui s'apparentent aux petits jeux auxquels jouent les écoliers japonais à l'école dans les cours de récréation. C'est ainsi que la série s'ouvre sur une partie mémorable de "Daruma-san ga koronda", l'équivalent japonais de notre "1, 2, 3 Soleil !". C'est la classe de Shun, lycéen blasé par excellence, qui y participe et qui va vite se rendre compte qu'ils ne jouent pas simplement pour la beauté du geste. Alors que la première victime explose et repeint la salle de classe avec son sang, un petit effet de panique dans la classe ne va pas vraiment aider les autres élèves à survivre... Tant qu'on parle de salles de classe, les premières planches assez banales ne sont pas sans rappeler les premiers pas de Ganta dans Deadman Wonderland ou même de Kii dans Magical Girl of the End. Pour ma part, ça me plaît bien et il faut avouer que l'atmosphère scolaire japonaise très réglée et standardisée est très propice à un changement soudain et violent.
Les auteurs font intervenir une bonne variété de personnages et on a le droit à une belle brochette de survivants. Evidemment, ils n'évitent pas les sempiternels stéréotypes comme la cruche, le psychopathe, les athlètes et les inutiles mais ils creusent assez bien chacun des protagonistes pour se permettre d'amener des situations assez différentes pour qu'on ne s'ennuie pas. Point de déjà vu donc et une bonne dose d'originalité dans des jeux qui paraissaient innocents auparavant mais que le lecteur verra d'un oeil très différent une fois sa lecture terminée. J'en profite d'ailleurs pour souligner le graphisme qui s'adapte parfaitement à la situation avec un trait qui s'affine presque pendant les phases de calme pour s'énerver bien comme il faut lorsque le mouvement est nécessaire. Alors que les jeux continuent à un rythme assez effréné, on se dit que le scénario n'avance pas le moins du monde puisque les protagonistes (même s'il est difficile de les considérer tous comme tels tant leur vie ne tient qu'à un coup de crayon) vont de jeu en jeu sans trop savoir pourquoi mais avec pour seul but de survivre. Quand on connaît le nombre de volumes final et qu'on arrive au quatrième tome sans avoir plus d'informations sur la situation, on commence à se poser des questions. Les craintes sont malheureusement justifiées et la fin précipitée de la série ne va pas venir plaider en sa faveur. Les auteurs tentent de tout condenser en quelques chapitres qui ne suffiront malheureusement pas et la déception sera terrible une fois arrivée à la dernière page. Pour ma part, je me demande comment ils ont pu en arriver là. Ils avaient l'air de plutôt bien gérer leur histoire avec un nouveau set d'épreuves qui commençait et un début d'explications sur ce qui se passait dans leur monde... Un peu dommage donc, surtout quand on sait toutes les autres qualités du titres.
Avec ses cinq petits tomes, on peut dire que Jeux d'enfants est une série gâchée. Les auteurs démarraient sur les chapeaux de roue avec une tension palpable, des boucheries presque gratuites et certains profils de personnages plutôt bien amenés. On sentait cependant un petit souci au niveau du scénario qui n'était que très peu développé dans les premiers volumes et qu'ils ont essayé de condenser en un volume final trop dense et dont la fin fait regretter de s'être intéressé un jour à la série. Espérons que si les éditions Pika publient la deuxième saison, elles s'assureront de la fin et prendront une décision qui ne laissera pas son lectorat sur un tel sentiment de déception.