Japan Expo 2012 - Entretien avec Sylvain Chollet (DOKI-DOKI)

/ Interview - écrit par OuRs256, le 29/09/2012

On a toujours pas fini avec les entretiens spécial Japan Expo. On continue notre petit tour avec Doki-Doki !

Entretien avec Sylvain Chollet, directeur de collection chez Doki-Doki.


Sun-Ken Rock T.1
Salomon IFRAH (SI)
: C'est au tour de Doki-Doki de répondre à mes questions et c'est Sylvain Chollet, directeur de collection, qui s'en est chargé. Bonjour Sylvain.
Sylvain Chollet (SC) : Bonjour !

 

SI : Est-ce que vous pouvez nous dire nous d'ou vient le nom Doki-Doki ?
SC : Alors doki doki est une onomatopée japonaise qui traduit des palpitations du cœur dans le cas de l'excitation, l'enthousiasme ou l'amour. On a choisi ce nom parce que ce que l'on voulait à la base, c'est choisir les titres sur des coups de cœur et donc d'avoir une ligne éditoriale qui soit distincte du purement commercial.


Shiori et Shimiko
SI
 : Vous ne cherchez donc pas à devenir un éditeur gigantesque comme Kana ou Glénat ?
SC : Exactement, on aurait du mal de toutes façons puisque les relations entre éditeurs sont plus ou moins bloquées.

SI : Ah oui ? Les éditeurs japonais ont du mal à travailler avec de petits éditeurs ?
SC : En fait, ils ont déjà une relation de confiance qui s'est mise en place au fur et à mesure avec les gros éditeurs français. Il est donc plus logique pour les japonais de continuer avec eux, puisqu'ils ont déjà fait leurs preuves et les efforts nécessaires pour promouvoir leurs titres en France.

 

SI : Japan Expo est un événement impressionnant et qui doit prendre un temps fou à préparer. Est-ce que vous pouvez nous en dire plus sur la façon dont un éditeur aborde le salon ?
SC : Il y a un investissement pour la location du stand, la location du matériel, le déplacement des gens, des livres mais aussi la préparation de la décoration. Tout ceci représente des sommes assez importantes donc il faut essayer d'amortir le salon avec les ventes pour ne pas être dans le rouge.


Otogi Matsuri T.1
SI
 : J'ai remarqué que Doki-Doki faisait énormément d'efforts, surtout en ce qui concerne les "plus" comme des jeux concours organisés pour faire gagner des tomes dédicacés mais aussi de nombreux goodies sur le stand (T-shirts Sun-Ken Rock, etc).
SC : On a essayé de faire des choses effectivement. On ne peut pas faire venir un auteur japonais parce que ça représente une organisation assez rigoureuse et beaucoup de frais mais comme on a de bonnes relations avec les éditeurs, on essaie d'obtenir des choses comme des volumes dédicacés, des dessins originaux en petites quantités mais c'est déjà un geste sympathique. Ça fait plaisir à l'auteur qui voit que son public français est intéressé et ça plaît aux lecteurs.

 


Reiko The Zombie Shop T.1
SI
 : Japan Expo représente un temps fort dans l’année de l’éditeur. Comment ça se passe après, est-ce que c'est bien ? C'est calme ?
SC : C'est l'été après donc il y a toujours un peu de vacances pour tout le monde. Immédiatement, il y a un petit debriefing où on essaie de voir ce qui était bien cette année, ce qui n'était pas bien et comment on peut améliorer pour l'année suivante et même ce qui était mieux les années précédentes... On réfléchit toujours aussi pendant que c'est frais à la disposition du stand et on voit ce qui s'est vendu et ce qui ne s'est pas vendu et on en déduit les efforts de promotion qu'il faut faire et les titres qui sont bien connus. Ce qui est très intéressant à Japan Expo, c'est d'avoir les retours directs des lecteurs, de pouvoir leur parler. Certains ont vraiment envie de communiquer leur passion, leur amour de certains titres. Avoir cette proximité avec les lecteurs, en plus de nous faire plaisir, nous permet de réfléchir à des opérations de marketing pour l'année suivante.

 


Dictatorial Grimoire T.1
SI
 : Les nouveaux titres se décident sur des coups de coeur, certes, mais comment cela se passe-t'il au niveau des éditeurs japonais ? Est-ce qu'il faut faire une offre ?
SC : On repère un titre, il nous plaît et si l'éditeur japonais est accessible (si je vois un titre qui me plaît chez Shueisha, faire une offre ne servira à rien par exemple), on fait une offre. L'éditeur l'étudie et à partir de là, plusieurs possibilités. Certains éditeurs ont confiance en nous et donc ils demandent à l'auteur. S'il est d'accord, soit ils nous confient le titre directement ou alors ils font jouer la concurrence. Par exemple, pour Resident Evil: Marhawa Desire, l'éditeur japonais a fait savoir qu'ils voulaient comme contrainte une sortie internationale. Tous ont fait l'offre et l'éditeur a fait son choix.

 


Freezing T.1
SI
 : Au niveau du timing de publication, est-ce qu'il y a un planning pré-établi avec des moments à éviter, des temps forts ?
SC : En fait, la difficulté, c'est de connaître en avance le planning des autres éditeurs. Sans ça, on ne peut pas savoir si on va tomber sur un blockbuster ou non.

SI : C'est assez étonnant puisqu'en général, les éditeurs me disent toujours qu'ils font leur planning très longtemps à l'avance, non ?
SC : Oui, les plannings sont fait à l'avance mais ils ne sont pas diffusés. Je suppose que certains éditeurs savent même ce qu'ils vont sortir en 2014 ou du moins une grande partie. Nous, on en est pas là. On peut difficilement qu'on va pas faire une sortie parce que tel mois, il y a tel One Piece ou tel Naruto...

 


Tokyo Toybox T.1
SI
 : Beaucoup d'éditeurs commencent à mettre leur titre sur les plates-formes numériques comme iTunes ou iZnéo. Est-ce que ça a un réel intérêt ? Est-ce que c'est en projet pour Doki-Doki ?
SC : On y réfléchit. Ce n'est pas une priorité parce que les ventes sur le numérique ne marchent pas encore vraiment bien. Ce n'est donc pas quelque chose de vital. Ça pose quelques problèmes par rapport aux éditeurs originaux mais aussi par rapport au traducteur (car il possède aussi des droits d'auteurs). Il faut donc refaire des contrats avec les traducteurs et avec les japonais. Il faut que les japonais soient d'accord parce que le numérique n'est pas matériel et donc il y a une question de répartition des droits qui est assez compliquée à faire puisque les japonais peuvent considérer qu'ils peuvent le faire eux-même et garder tous les droits. Ça se développe petit à petit et le fait que Kana ait mit Naruto sur iZnéo et que Kazé commence à mettre pas mal de titre montre que les grosses pointures bougent. Si ils s'y mettent, ça va se démocratiser et les petits suivront. Ça peut être une chance pour faire connaître des titres qui se vendent moins bien en papier.


Puella Magi T.1
SI
 : Reste la question du prix, non ? Comment proposer une offre assez intéressante pour l'éditeur et le lecteur...
SC : Voila. Moi-même en tant que lecteur, je ne serais pas intéressé pour acheter du numérique à un prix trop proche du papier. D'un autre côté, les éditeurs ne peuvent pas brader la version numérique donc c'est très compliqué niveau organisation...

 

SI : Est-ce que vous pouvez nous parler un peu de ce Doki-Doki a en stock pour la fin de cette année ?
SC : Pas grand chose de nouveau à la fin de l'année mais à la rentrée, une nouvelle série fera son apparition dans le catalogue : Dictatorial Grimoire. C'est une série courte en trois volumes. C'est une histoire assez amusante du descendant des frères Grimm qui se retrouve pris dans un héritage un peu encombrant. Ses ancêtres ont fait un pacte avec les personnages de leurs contes, ils leur ont accordé la vie de leur descendance. Le héros va devoir essayer de survivre à toutes les créatures des contes de Grimm. C'est intéressant puisque visuellement c'est très sympa et que l'on retrouve les personnages que l'on connaît tous, parfois avec un caractère et même un genre différent (certaines filles sont des garçons !).

 


Iris Zero T.1
SI
 : Un petit message à faire passer aux lecteurs de Krinein ?
SC : On vous encourage à découvrir nos séries. Même si Krinein est assez sélectif, certains titres ont été bien appréciés et d'autres ont été injustement détruits.

SI (étonné) : Comme ?
SC : Il me semble que des titres comme Full Ahead Coco ou Shiori et Shimiko, dans les premiers titres n'avaient pas eu de très bonnes critiques, malgré leur qualité.

SI (soulagé) : Ouf, je n'étais pas là à l'époque, je vais pouvoir sortir d'ici vivant !
SC : Oui, vous pourrez sortir indemne du stand ! Ce que je regrette beaucoup, c'est qu'au début, on a eu des titres vraiment sympas comme Le Cortège des 100 démons, Reiko the Zombie Shop et Full Ahead Coco qui sortaient de la production assez formatée qu'on a ailleurs mais qui visuellement étaient un peu difficiles. Pourtant ce sont des titres qui méritent qu'on les lise. Otogi Matsuri, lui, avait tout pour plaire et malheureusement, malgré les bonnes critiques de la presse, n'a pas eu le succès escompté. Je crois qu'au début de Doki-Doki, les lecteurs nous attendaient vraiment au tournant et ils étaient pas mal blasés (par des essais d'autres éditeurs qui avaient sorti des choses pas très convaincantes) et ils se sont dits "encore un qui va sortir n'importe quoi" et ça a joué un peu à nos débuts, les gens ne croyaient pas à nos séries. Forcément, on n'avait pas trop de moyens pour les pousser donc c'est un peu un engrenage et certains titres qui étaient vraiment bons n'ont pas bien marché et c'est regrettable.

SI : Ce n'est pas possible de les remettre un peu sur le devant de la scène ?
SC : Malheureusement non pour des raisons financières. Des titres comme Otogi Matsuri ou Reiko sont maintenant en arrêt de commercialisation et on ne peut pas les ressortir, ce qui est dommage.

 


Full Ahead! Coco T.1
SI
 : La dernière question, ma préférée, je demande quelque chose et il répondre de manière immédiate. Un manga ?
SC : Full Ahead Coco.

SI : Un auteur ?
SC : Yonehara Hideyuki.

SI : Un personnage ?
SC : Luffy (One Piece).

SI : Une rivalité ?
SC : Coco et les autres (Full Ahead Coco).

SI : Un couple?
SC : Bart et Coco (Full Ahead Coco).

SI : Une scène ?
SC : La scène de fin de Coco ! Je vais faire une fixation mais je suis lancé !

SI : Une attaque ?
SC : Onigiri de Zoro (One Piece).