Japan Expo 2012 - Entretien avec Cédric Couppey (TONKAM)

/ Interview - écrit par OuRs256, le 25/07/2012

J'ai profité de mon passage à Japan Expo pour poser quelques questions à ceux qui se cachent derrière les maisons d'édition. J'ouvre le bal en ce 25 juillet, jour de Santiago de Compostela (en live d'Espagne, s'il vous plait !), avec Tonkam et Cédric Couppey.

Entretien avec Cédric Couppey, responsable presse des éditions Tonkam.


Memento Mori T.1
Salomon IFRAH (SI)
: Cédric, bonjour !
Cédric Couppey (CC) : Bonjour.

SI : Est-ce que tu donner des précisions sur l'éditeur ?
CC : Tonkam est l'une des plus anciennes maisons de manga en France. C'est la première à s'être spécialisée exclusivement dans le manga. Glénat avait sorti Dragon Ball mais restait plutôt spécialisé BD franco-belge. Tonkam, avec des vieilles séries comme Video Girl Aï (qui ressortent actuellement) est le premier à avoir envahi le marché.

SI : Japan Expo est un événement impressionnant et qui doit prendre un temps fou à préparer. Est-ce que vous pouvez nous en dire plus sur la façon dont un éditeur aborde le salon ?
CC : Japan Expo se prépare se prépare minimum 10 mois, 1 an à l'avance. À partir de la fin de l'année, on commence déjà à réserver le stand, à réfléchir à comment le positionner et surtout, qu'est-ce qui va être mis en valeur et quelles activités on va proposer. Il faut choisir l'auteur à inviter, etc. Cette année, les demandes ont été faites pour Saruwatari et tout ceci met beaucoup de temps. Il y a un dossier comprenant le programme complet détaillé à réaliser. Il faut aussi s'assurer du bien-être de l'auteur puisque c'est un risque pour un éditeur japonais d'envoyer un auteur en France. Si l'auteur meurt dans un crash d'avion...

SI : Donc on ne risque de ne jamais voir Eiichiro Oda en France ?
CC : Ah je ne sais pas, il faudrait demander à Glénat mais je sais qu'Oda est un dieu vivant pour la Shueisha et que c'est très difficile d'y toucher.

SI : Japan Expo représente un temps fort dans l’année de l’éditeur mais comment se passe l’après Japan Expo ?
CC : En fait, c'est ma première Japan Expo en tant qu'éditeur. Je l'avais faite il y a cinq ans mais je travaillais juste en tant que vendeur donc je n'ai pas vécu l'après. Je pense qu'on l'attend tous cet "après". On va tous partir en vacances et donc retrouver un calme... relatif.

SI : Relatif ?
Les arguments de Medaka

CC : Oui, relatif, parce qu'après, il y a la rentrée ! Et cette année, elle sera importante chez Tonkam.

SI : Est-ce que vous avez des critères particuliers dans le choix de vos titres ? Est-ce que vous suivez les tendances où ça marche au coup de coeur ?
CC : Il n'y a pas de recette magique. On a un correspondant au Japon, Takanori, qui nous envoie des titres ou alors quand on voit des titres, on lui demande de nous les envoyer. On a aussi les suggestions de l'éditeur japonais. S'ensuivent des discutions mais certains titres peuvent aussi partir de coup de coeur de Pascal Lafine, le directeur éditorial.

SI : Comment se passe la communication autour d’une nouveauté ?
CC : On sélectionne toujours une série qui sera mise en avant.

SI : Pendant l'année ou seulement par période ?
CC : Dans la période, surtout par trimestre en fait. Par exemple, pour la rentrée, c'est Medaka Box. Ça va être la série qui sera vraiment mise en valeur par rapport au reste. Ça ne veut pas dire que le reste sera oublié, il y aura toujours du communiqué mais quand on sort vingt titres dans le mois, c'est très difficile de pouvoir tout mettre en avant. Medaka Box est une nouveauté et c'est un super titre, une des séries phares du Shônen Jump...

SI : Est-ce que c'est vraiment gage de qualité ?
CC : Moi je pense que oui et je pense que Medaka a vraiment du potentiel, et pas que dans sa poitrine !


Obaka-chan T.1
SI
 : Le manga numérique arrive en force sur des plateformes type Izneo ou même iTunes. Est-ce que Tonkam est intéressé par ce format ?
CC : C'est du projet mais je pense que Tonkam est réellement intéressé. Après, c'est une technologie qui est encore récente et difficile à mettre en place, assez couteuse. L'autre problème, c'est le public cible. Quand tu fais du numérique, tu ne t'adresses pas à des jeunes mais à des gens qui ont pu s'acheter des smartphones et des tablettes. L'éditeur se couperait donc d'une partie de son public avec un lectorat "numérique" à partir de seize/dix-sept ans.

SI : Pourtant, quand je regarde le catalogue Tonkam, je remarque pas mal de titres orientés seinen donc qui conviendrait plutôt bien à ce lectorat, non ?
CC : Il y a du public, c'est sûr mais je pense que si vous demandez à un lecteur de Gantz s'il aimerait voir son manga en numérique... Je ne suis pas persuadé qu'il soit enchanté. Je pense que le papier reste encore trop fort même si les gens veulent du numérique parce que c'est plus pratique. Un manga reste un manga, un objet. On est toujours content d'avoir sa petite collection dans ses étagères. Avant, on disait souvent que le manga était un objet mal fini, avec du papier de mauvaise qualité... Aujourd'hui, je pense que chacun des éditeurs a réussi à prouver qu'on pouvait faire de très beaux ouvrages.

SI : Est-ce que vous pouvez nous parler un peu de ce qui nous attend chez Tonkam pour la fin de cette année ?
CC : Du Medaka Box, à fond, à fond, à fond ! Et aussi la suite de la réédition des Jojo. (En réponse à mon "Enfin !"). Oui, ça va recommencer !

SI : Par la première saison ?
CC : Alors, non. On va commencer par la troisième saison à partir du premier trimestre 2013. De toutes manières, les saisons ne se suivent pas, elles sont indépendantes les unes des autres et ce que l'on aimerait faire, dans l'idéal, c'est de rééditer les anciennes saisons en même temps que l'on édite l'actuelle, Steel Ball Run. Pour faire un simple : un mois, il y aurait du Steel Ball Run, le mois suivant un tome de la saison en réédition. Du Jojo tous les mois ! Tonkam est très attaché à Jojo, c'est une série que l'on suit et donc il y a de fortes chances de voir la suite de Steel Ball Run, Jojolion, chez Tonkam.

SI : Vous allez faire le bonheur de toute la communauté de fans de Jojo. Est-ce que c'est une série qui marche bien?
CC : Les fans de Jojo sont assurément les plus actifs mais ce n'est pas un lectorat très étendu. Ce sont des gens qui se sentent concernés par leurs lectures. Jojo, c'est de la passion !

SI : Un petit message à faire passer aux lecteurs de Krinein ?
Gakuen Heaven T.1

CC : J'espère qu'ils auront apprécié Japan Expo pour ceux qui sont venus. Je crois qu'on s'est bien déchainé au niveau des goodies, des animation... Travailler sur les goodies nous a d'ailleurs beaucoup plus, au delà de l'aspect marketing, il y a la conception et donc tout l'aspect création. Tout le monde a pu mettre la main à la patte pour créer quelque chose, c'était amusant.

SI : La dernière question, ma préférée, je demande quelque chose et il répondre de manière immédiate. Un manga ?
CC : Gakuen Heaven.

SI : Un auteur ?
CC : Katsura.

SI : Un personnage ?
CC : Calliste (Memento Mori).

SI : Une rivalité ?
CC : Calliste/Swein (Memento Mori).

SI : Un couple?
CC : Neiro/Tokio (Obaka-chan).

SI : Une scène ?
CC : Quand Panther Lily devient tout petit dans Fairy Tail !

SI : Une attaque ?
CC : Cicatrisation Lunaire, agis tout de suite ! (Sailor Moon)