Japan Expo 2014 - Interview de Kachou Hashimoto : « Kidow, c’est plus la recherche d’un idéal personnel qu’une expérience autobiographique. »

/ Interview - écrit par OuRs256, le 26/09/2014

Lors de Japan Expo, Krinein se devait de rencontrer Kachou Hashimoto mais le destin en a décidé autrement et la jeune auteure a du être rapatriée en urgence. Sachant que je ne renonce jamais à une interview, je me suis dit que j'allais la faire d'une autre manière !


Le premier volume de Cagaster.

Salomon Ifrah (SI) : En France, on ne vous connaît pas encore trop bien. Est-ce que vous pouvez nous parler de vos influences et des séries que vous suivez encore a l'heure actuelle ?

Kachou Hashimoto (KH) : J’aime le manga Ushio to Tora de Kazuhiro Fujita (NdlR : Auteur de Moonlight Act qui paraît chez Kazé manga et du regretté Karakuri Circus, paru chez Delcourt à l'époque) et celui que je suis en ce moment c’est VINLAND SAGA de Makoto Yukimura (NdlR : publié chez nous par les éditions Kurokawa).

 

SI : Cagaster est une série que vous avez publiée vous-même sur votre site internet. Pourquoi avoir préféré l'auto-publication que le passage par un éditeur ?

KH : Avant de dessiner un manga en tant que produit je voulais essayer d’en faire un tel que je l’entendais et voir ce dont j’étais capable seule.

 

SI : A quelles contraintes supplémentaires avez-vous du faire face ?
GuGu Ganmo.

KH : Je n’avais aucune date de rendu et comme je ne parvenais pas bien à m’autogérer, je n’en finissais jamais.

De plus jusqu’à ce que je publie Cagaster en autoédition, peu importe combien je dessinais je n’avais aucune entrée d’argent, et travailler sur d’autres commandes en même temps rendit la tâche compliquée.

 

SI : En termes de gestion temps, qu'est-ce que ça a changé pour vous ? Est-ce que vous aviez des assistants ?

KH : Pour ce qui est de la gestion du temps j’ai déjà répondu précédemment. Il faut savoir se fixer une date de rendu.

Je n’avais bien sûr pas d’assistants. Le manga était publié en ligne gratuitement, je n’aurais pas eu d’argent pour les payer. (Rires)


La Sagrada Familia.

SI : Est-ce que vous envisagez un jour de passer par un éditeur ou vous préférez continuer toute seule ? 

KH : Je veux faire les deux.

Dessiner des mangas qui soient des produits commerciaux et en dessiner tranquillement, par pur plaisir, qui seront plus intimistes.

 

SI : Qu'est-ce qui vous a dirigé plus vers le genre shônen ?

KH : Quand j’étais enfant, les premiers mangas qui m’ont intéressée étaient des shônen.

Il y avait de l’action, une morale, et puis on apprenait quelques petites choses sur ce qui est mal, le monde des adultes, etc.

 

SI : Comment s'est passée votre rencontre avec l'éditeur français, qu'est-ce qui vous a convaincu d'accepter sa proposition ?

KH : J’ai reçu un courrier des éditions Glénat Manga sur l’adresse mail de mon site internet, qui m’invitait à les rencontrer. Lorsque les éditeurs sont venus au Japon, j’ai éprouvé de la sympathie et du respect pour leur vision de l’édition du manga et leurs personnalités.

J’ai accepté la proposition car je me suis dit que nous pourrions faire du bon travail ensemble. Et puis s’exporter à l’étranger avait un quelque chose d’amusant, une grande part de moi était guidée par la curiosité. (Rires)

 


 

SI : Cagaster contient des thèmes emprunté à La Métamorphose de Kafka, comment s'est passée votre rencontre avec cette oeuvre ?

KH : Ma mère a acheté ce livre quand elle était à l’université, il était sur les étagères à la maison où n'étaient rangés que des livres sombres tel que l’Ornière ou La Porte étroite et parmi eux il y avait La Métamorphose de Kafka.

S’il y avait eu des livres illustrés pour enfant sur ces étagères, j'aurais probablement été amenée à créer un manga totalement différent. 

 

SI : En ce qui concerne les personnages, on remarque une relation presque frère/soeur entre les deux personnages principaux et ce, malgré le caractère très "loup solitaire" du héros. Est-ce qu'il y a une petite touche d'autobiographie là-dessous ?

KH : Je pense que pour créer le personnage de Kidow, j’ai fait la projection d’une partie de mon caractère que je souhaiterais changer. Et j’ai créé une fille, Ilie, qui pourrait aimer cette partie de moi.

Alors on peut dire que c’est plus la recherche d’un idéal personnel qu’une expérience autobiographique.

 

SI : Est-ce que vous pouvez parler un peu de vos futurs projets ?
Yian Kut-ku.

KH : Mon but est de dessiner des mangas jusqu’à ma mort. Dans cette optique, je compte bien faire, dans la joie, tous les efforts et les calculs nécessaires.

 

SI : Une question à thème puisque c'est la coupe du monde mais que pensez-vous de l'équipe japonaise et de son parcours ?

KH : C’est vraiment dommage... J’aurais voulu les voir gagner… Mais j'ai l’impression qu’ils deviennent plus forts ! Surveillez-les bien !

 

Pour finir, je vous propose un petit portrait chinois : 

Un titre (NdT : le mot japonais signifiait également“une œuvre”) : Sagrada Família.

Un auteur : Kafka.

Un animal : Un oiseau qui ne peut pas voler.

Une mascotte : GuGu Ganmo.

Une attaque : Poison dans Final Fantasy.

Un couple : C3PO et R2D2.

Un monstre : Yian Kut-ku.

Un beau gosse : Je ne sais pas pourquoi mais personne ne me vient à l’esprit…

Une victime : Une victime qui a été abattue par erreur après s’être trouvé embarquée dans un conflit entre Yakuza.

Une équipe de foot : Une équipe avec des forces complètement déséquilibrées qui aurait été constituée par un enfant dans un jeu vidéo. Pourtant, l’équipe reste relativement forte, même si elle ne peut pas finir première.

Merci beaucoup à Fanny Blanchard des éditions Glénat pour la mise en place de l'interview en décalé et aux éditions Glénat d'avoir invitée l'auteure à Japan Expo (même si... enfin... vous savez !).